Chapitre 3: le Lycée

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Le lycée

Suis-je la seule à me demander pourquoi, lorsque dans les films, une personne est triste, elle s'allonge à même le sol ? Son lit n'est qu'à quelques centimètres mais elle choisit de rester étendue sur le sol de sa chambre. Jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais compris.

Alors que minuit vient tout juste de sonner et que toutes les lumières sont éteintes dans la maison et en dehors, je suis allongée, le corps las, au sol, bercé par la reprise de Jasmine Thompson Mad Word de Gary Jules. Mes yeux sont fermés et je pense à ce que ma grand-mère dirait si elle pouvait me voir et tout devint claire.

Si ces personnes restent immobiles par terre alors qu'un lit confortable les attends pas loin, c'est bien parce qu'au fond, ils ne veulent pas dormir. Vous devez me prendre pour une folle, mais je suis très sérieuse. Dormir apaise tous les maux et toutes les douleurs. Pendant un bref instant, nous ne sommes ni triste ni heureux. La preuve, lorsque nous apprenons quelque chose de tragique ou de choquant, nous nous évanouissons. Ainsi, nous ne ressentons plus la douleur qui nous habite. Nous arrêtons de penser et même si nous sommes parfois rattrapés par nos songes, ces derniers sont toujours mieux que la réalité.

Mais pourquoi ne souhaitent-ils pas rejoindre Morphée et oublier toutes les atrocités de leur vie ? La réponse est plus simple qu'il n'y parait : ils ne pensent pas le mériter. Si ce que je vous dis vous semble absurde, cela signifie que vous êtes chanceux car la vie ne vous a pas encore montrée ce dont elle est capable.

Comme toutes ces âmes perdues, je me berce de mélodie attendant dieu sait quoi. J'attends que le sommeil finisse par vaincre ma culpabilité.

Mon grand-père toque à la porte pendant cinq bonnes minutes avant de se décider à entrer dans cette chambre qui n'est pas mienne. Il se dirige vers mon corps immobile qui forme une boule au sol et me réveille avec douceur. Jusque là, tout ce passe plutôt bien. Mon programme de la journée est assez tranquille, j'avais prévu d'aller prendre un petit-déjeuner, trainer dans cette chambre, appeler Clara et Chris, mes partenaires de crime puis je regarderais peut-être un épisode ou une saison de The Royals.

Pourtant je n'allais rien de tout cela. Ma journée était déjà planifiée et je n'avais pas mon mot à dire. Pas la peine de préciser que mon plan était bien mieux.

— Ma chérie, tu vas bien ?

— Oui, ne t'inquiète pas papi... Pourquoi tu me réveilles si tôt ? lui demandai-je les yeux encore fermé tout en baillant.

— Tes parents ne t'ont pas prévenu ? (Il fait une pause puis m'annonce avec un mou désolé) Ils ont décidé qu'il valait mieux que tu ne perdes pas de temps et que tu reprennes les cours dès aujourd'hui.

Mon grand-père est vraiment adorable, parce que je sais très bien, que par « tes parents », il entend « ton progéniteur ».

— C'est une blague ? Et je dois partir dans combien de temps ?

Je me redresse d'un coup, ce que mon corps m'apprécie pas particulièrement puis me précipite vers la salle de bains en évitant de faire un malaise vagal.

— Le lycée Joffre n'est pas loin. De plus, une voiture t'attend dehors. Si tu pars dans quinze minutes, tu seras à l'heure.

Je me contente d'acquiescer avec un gentil sourire jusqu'à ce qu'il quitte ma chambre.

Je vais mourir.

Je ressemble à un déchet, j'ai les yeux explosé et teinté de rouge. Je ne me suis toujours pas démaquillée et ma valise est encore fermée. C'est alors qu'une idée me vient, une idée de génie. Si je me rends au lycée dans cet état, le principal va bien comprendre à qui il a affaire et je vais me faire virer en un rien de temps. Ce qui signifie que je vais pouvoir rentrer à la maison vite-fait, bien-fait.

Qui suis-je réellement ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant