Il ne restait plus qu'une heure avant le couvre-feu de vingt-deux heures et Elyas venait de proposer de faire un cache-cache géant dans tout le Simulatorium. Personne ne fut contre dans la mesure où ça serait amusant. De plus, personne ne voulait rentrer ce soir sans avoir réalisé quelque chose de génial. Et faire un cache-cache comme celui-ci revenait à faire quelque chose de génial.
Il fallut d'abord établir les règles : compter jusqu'à cent afin de laisser du temps aux personnes qui se cachaient, le faire dans le noir le plus complet (Luke allait éteindre toutes les lumières à partir du hall d'accueil) ; et il fallut aussi établir un périmètre. Certains voulaient déroger à la règle et monter aux étages – ce qui revenait à tricher – tandis que d'autres voulaient que tout se déroule au rez-de-chaussée – que nous ne connaissions pas totalement, au final.
Astra proposa un vote. Six voulurent le faire dans tout le bâtiment, les six autres (les plus raisonnables) seulement au rez-de-chaussée et au premier étage. Mais puisque c'était l'anniversaire d'Ashton, sa voix compta doublement. Il faisait partie des raisonnables, tout comme moi.
— On est d'accord ? commença Luke. Je vais montrer à Ashton comment éteindre le générateur. Je reviendrai ici et le signal du top départ – où Ashton commencera à compter – sera l'extinction complète des feux. On aura alors une minute et quarante secondes pour nous cacher.
La façon dont Luke expliquait le « plan » donnait l'impression d'une tactique militaire. C'était drôle.
— Pourquoi c'est moi qui compte déjà ? s'enquit le bouclé avec une mine renfrognée.
Ashton préférait sûrement se cacher, ce qui était le plus amusant et angoissant.
— Parce que c'est ton anniversaire et que t'es le plus vieux, mec, lui répondit Aleksey tout en lui faisait une tape sur l'épaule.
— Bon, bah c'est parti !
Luke et Ashton quittèrent alors la pièce et le silence s'installa dès le moment où ils passèrent la porte. Dans ma tête, j'espérai simplement que nous ne nous ferions pas prendre. Mais après tout, nous ne faisions rien de mal ?
Quand les lumières s'éteignirent, je sentis l'adrénaline courir dans mes veines. Je ne réfléchis pas et m'entrepris de quitter la pièce. La meilleure façon de gagner était de le faire en solitaire. Je marchai à tâtons, les mains glissant le long des murs, jusqu'à sentir une surface plus lisse – comme du verre. Je posai ma main à plat sur le détecteur d'empreinte digitale et la porte s'ouvrit. J'espérai que personne ne m'avait vu.
Quand je fus dans la pièce, et que la porte fut fermée derrière moi, je poussai un soupir. Ça sentait le produit désodorisant et je pouvais jurer que je me trouvais dans les toilettes. Cependant, impossible de savoir si j'étais dans celles des femmes ou des hommes. Je jetai un coup d'œil à ma montre, il était 21h10. Nous avions mis autant de temps pour commencer ? A croire que oui... Et soudain, une pensée chassa toutes les autres : le plan. Nous disposions d'un plan grâce à la montre et nous pouvions ainsi savoir où chacun se trouvait, d'un seul coup d'œil. Était-ce de la triche de lancer l'hologramme ? Techniquement... oui. Mais d'un autre côté, c'était Ashton qui cherchait et pas nous. De plus, nous n'en avions même pas discuté.
C'était alors sans remords que je lançai l'hologramme.
Plusieurs points gris étaient disposés çà et là sur le plan, me prouvant que personne n'avait encore été trouvé. Un point en particulier marchait dans le couloir principal. Sûrement qu'Ashton avait fini de compter. Seulement, c'était à la dernière seconde que j'aperçu un autre point gris se diriger à l'endroit même où je me trouvais et que la porte s'ouvrit. Le plan disparut et heureusement, quiconque venait d'arriver, il ne l'avait probablement pas vu. Je n'osai même plus respirer.
BINABASA MO ANG
Simulations
Science Fiction2087. Après la guerre civile et les conflits meurtriers de ces dernières décennies, l'Angleterre décide de créer de nouvelles lois et de nouveaux divertissements. Parmi ces derniers, il y a Simulations : un jeu vidéo où le but des 12...
