The computer

Plus qu'une machine

Plus qu'une machine

Chaque fois que vous avez battu un ordinateur aux échecs, c'est parce qu'il vous a laissé gagner. Citation.

Je m'appelle Cassandra. Je peux entrer dans n'importe quel système informatique. Les ordinateurs n'ont aucun secret pour moi. Je peux pirater le votre à distance sans même que vous vous en aperceviez. Mon but n'est pas de causer l'anarchie ni même de répandre la peur, même si je le pourrais parfaitement. Mon objectif est plus louable. Je m'infiltre dans les programmes les plus sécurisés du monde, espérant découvrir des informations secrètes cachées à la population. Je me fais un devoir de révéler ces informations que tous, à mon sens, méritent de connaître.

Mon dernier « méfait » ? J'ai fais le voile sur l'assassinat d'un homme, qui faisait en réalité partie des services secrets. Il se trouve qu'il avait découvert que les agissements de certaines personnes hautes placées étaient loin d'être légaux. Elles n'avaient pas hésité à le faire taire, faisant passer sa chute du quatrième étage de son appartement pour une tentative de suicide.

J'avais déniché des dossiers compromettant sur ces personnes. Ayant toutes les preuves qu'il me fallait, j'ai ensuite piraté le serveur de la télé pour diffuser ces informations à une heure de grande écoute.

Je vois déjà certains d'entre vous douter. Vous pensez que c'est impossible mais croyez-moi, tout est réalisable avec un peu de talent. C'est même l'une des choses que l'on vous cache. Car voyez-vous, si je voulais nuire à une personne : détruire sa réputation, connaître le moindre de ses faits et gestes, savoir ce qu'elle mange, où elle mange, avec qui et à quelle heure, et ce qui est susceptible de la faire plier, ce serait un jeu d'enfant.

Beaucoup de mes « collègues » aussi doués que moi me craignent. Ils me prennent, je cite, pour une 'pirate informatique imprévisible capable du pire'. Mais c'est parce qu'ils ont eux-mêmes quelque chose à se reprocher. Je me vois un peu comme une justicière qui se balade dans les programmes. Je suis plutôt fière de dire que personne n'est encore parvenu à se mesurer à moi. Dans ce domaine, je suis imbattable.

J'ai participé à de nombreux concours et je les ai tous remportés.

Ma faiblesse ? Je fais bien trop confiance aux hommes. Voilà peut-être pourquoi je suis encore célibataire...

Aucun système ne me résiste. Aucun anti-virus n'est capable de repousser très longtemps mes attaques.

Mes amis le vivent assez mal. Bien que je reste très discrète sur mon « travail » et bien que je sois très peu souvent rémunérée pour les informations que j'arrive à récolter, ils me conseillent en permanence de laisser tomber.

- Un jour tu seras en danger ! me disent-ils souvent. Il n'est jamais très prudent de jouer avec le feu.

Je sais que j'aurais dû les écouter, mais je devais, non, j'avais besoin de relever le défi. Je n'allais quand même pas abandonner mon rêve ! Je défendrais la liberté quoi qu'il en coûte et grâce à moi, des victimes pourraient enfin se venger, car j'aidais aussi parfois à leur insu la police de la ville à résoudre certaines affaires épineuses. C'était bien trop facile de contourner leur pare-feu d'ailleurs.

- Cassandra tu m'écoutes à la fin ? s'énerva encore Chris, mon meilleur ami.

Je levais la tête de mon café, épuisée par la longue nuit que j'avais passée devant mon ordinateur.

Je ne mettais jamais mes lunettes, c'est pourquoi ma vue ne s'arrangeait pas.

Cette fois-ci, je n'avais pas véritablement été retenue par le « boulot » mais j'étais récemment devenue accro à un site de rencontre. Oh pas le type de rencontres que vous vous imaginez ! En fait, c'était comme une sorte de forum permettant de faire la connaissance de personnes « comme » moi. Malheureusement, certains avaient des intentions beaucoup moins définies et pacifiques que les miennes. Mais mon but c'était aussi ça. Traquer les « traqueurs ». Les prendre à leur propre piège. Je n'aurais de repos que lorsque tous ceux qui diffusaient des virus sur la toile pour nuire aux utilisateurs « lambda » seraient en prison.

C'était la partie du « jeu » que je préférais le plus. Me confronter à des adversaires à ma taille !

Je m'entraînais avec un ami rencontré sur ce même site. Nous ignorions tout l'un sur l'autre, et même si nous aurions été capables de le découvrir en quelques heures en remontant nos adresses IP respectives, nous nous y refusions.

Lui aussi semblait s'être fait un devoir d'aider les personnes dans le besoin en leur offrant ses compétences informatiques. Nous nous entendions bien tous les deux. Nous avions à un moment envisagé de nous rencontrer dans la vraie vie mais finalement, nous avions décidés d'un commun accord qu'il valait mieux garder le mystère. Que ce soit autant pour nous protéger l'un l'autre que parce que nous avions peur de ne pas nous entendre si bien que cela en fin de compte.

Je devais reconnaître qu'il était très doué. Comme dit plus tôt, je n'avais encore jamais vu quelqu'un capable de résister à mes attaques. Il avait même réussi à bousiller l'un de mes ordis tout neuf.

Voilà aussi pourquoi j'aimais tant échanger des mails et faire des compétitions avec lui...

Mais ce jour là, en rentrant chez moi, j'étais loin de me douter de ce qui m'attendait. Loin de deviner que ma vie était sur le point de devenir un véritable enfer.