Un tout petit dérapage. Minuscule. Rien de rien.

Depuis le début
                                    

Je me laissai tomber sur le matelas aussitôt assaillie par mon monstre velu et qui pesait plus de soixante kilos. Si je souriais quelques secondes devant son débordement d'affection, je le perdais rapidement la caressant, pensivement. Tout était bien trop compliqué. Dana, pourquoi tu ne me facilite pas simplement la tâche ? Je soupirai profondément. Quelle galère. Tout était embrouillé. Je ne savais plus démêler mes propres sentiments. Étais-je en colère ? Avais-je envie de pardonner et de juste retourner dans les bras de Kenan ? Et Maël ? Le lien était devenu plus fort avec lui, est-ce que c'était juste de se décider pour l'un ou l'autre dès maintenant ? Mon mal de crâne ne cessait d'enfler et je me retournai pour enfouir mon visage dans un oreiller avec l'envie d'y crier longuement. Mais ici rien ne dure, déjà on frappait à la porte de ma chambre. Je grimaçai, il était donc impossible de rester seule plus de cinq minutes ? L'esprit de celui qui se tenait devant la porte effleurait le mien et je me résignai d'avance.

- Keylinda ?

- Entre, soupirai-je.

Le cliquetis de la porte ne me motiva pas à délaisser l'oreiller dans lequel j'étais enfouie et même lorsque mon matelas s'affaissa, je ne concédai pas à me redresser. Isidora grogna vaguement alors que l'intrus accaparait une partie de sa place sur le lit et elle n'appréciait pas du tout la chose. Elle tourna en boule au pied du lit et je grimaçai quand elle m'écrasa une moitié de jambe, je gémis plus pour la forme que autre chose et la laissait faire. De toute façon que vouliez-vous dire à un griffon aussi têtu et plein de dents qu'elle ?

- Tu vas bien ? Questionna-t-il.

- Oui, mentis-je en marmonnant. Tu nous as espionnés ?

- Non j'ai juste senti ton trouble et... je n'ai pas réussi à laisser, soupira Maël. C'est étrange mais je n'arrive pas à laisser, je ne peux pas, dès l'instant où je sens que tu ne vas pas bien j'ai besoin de faire quelque chose.

- Comme avec le coup de l'arrosage automatique ? Demandai-je vaguement en calant ma tête sur le côté pour le fixer.

- Comme ce jour-là oui, sourit-il en glissant tendrement sa main dans mes cheveux. Je n'aime pas te voir comme ça, Keyli.

- Je n'y peux rien, soupirai-je. C'est tellement compliqué et je doute que tu tiennes à ce que l'on parle de ma relation avec Kenan.

- Tu marques un point, grimaça-t-il. Cependant... Keyli, redresses-toi.

- Pourquoi ?

- Fais-moi confiance.

J'obtempérai, j'avais confiance en Maël et je doute que sa demande me soit néfaste. Je me redressai du bout des bras et me retrouvais, assise en tailleur, face à lui. Ses immenses yeux bleus me fixèrent alors que je me rendais compte seulement de notre proximité. Son visage était à quelques centimètres du mien. Son souffle se mélangeait au mien dans un effleurement doux et lent. Je rougissais malgré moi en sentant mon cœur accélérer dans ma poitrine. À quoi jouait-il..?

- Tu te souviens, je t'avais dit que je tenais à te souhaiter convenablement ton anniversaire.

- Cela fait plus de six mois, rétorquai-je en arquant un sourcil sceptique.

- Je sais, bougonna-t-il. Mais les choses se sont enchaînées de telle façon que je n'ai pas eu l'occasion de t'offrir ton cadeau.

- Maël je t'ai dit que je ne voul...

- Je sais, me coupa-t-il. Tu pourras le jeter, mais ce ne serait pas méchant de le refuser maintenant que je l'ai trouvé ? On ne refuse pas un cadeau.

- C'est mesquin, bougonnai-je.

- Je savais que tu ne refuserais pas, sourit-il à pleine dent. Et je crois qu'il va t'être plus qu'utile, tu ne te plaindras plus dans cinq secondes. Ferme les yeux.

Water Lily : l'éclosion.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant