Geek Island

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...
J'ouvris doucement les yeux et me redressai. J'étais actuellement dans une sorte de petit avion qui semblait se piloter tout seul. Je me trouvais donc dans les airs. Au loin, j'aperçu une île qui flottait dans le ciel.

Alors que je commençais à m'interroger sur les événements déroulés pour que j'en arrive là, tout me revint soudainement:

J'avais essayé un costume pour une convention de culture japonaise: un cosplay tout droit sorti d'une légende traînant sur internet contant l'existence d'un monde parallèle où se serait trouvée «Geek Island», île sur laquelle aurait résidé le célèbre Antonius Danielus, personnage connu de tous, surnommé «le Boss final des Internets». En m'étant vêtue de ce déguisement, il s'était révélé enchanteur et m'avait visiblement transporté jusque dans la légende-même: En effet, l'île volante face à moi n'était autre que Geek Island. Et alors que l'avion se rapprochait de l'île, je compris que j'allais y atterrir.

Cette île était, tout comme la légende le contait, étrange depuis sa forme jusque dans ses petits détails. Elle volait grâce à de grandes hélices légèrement rouillées et incorporées dans la roche sous le sol de l'île. En effet, elle était petite et en forme de stalactite, dont le bas était constitué exclusivement de roche grisâtre, et sur son sol reposait de l'herbe verdoyante où je posai mes pieds en descendant de l'avion. Je levai la tête et aperçu à l'autre bout de l'île une montagne d'où moults arbres jaillissaient, rendant, de loin, le sol de la montagne invisible, comme si elle n'était qu'une bosse de pelouse verte. J'avançai à l'intérieur de Geek Island et là, là pelouse fit place à du gravier.

Je me retrouvai au coeur d'un village où se déroulait un marché à l'ancienne. En me dirigeant vers la droite, je le découvris. Une délicieuse odeur de ragoût flottait dans l'air et une cacophonie mélangeant annonces de maraîchers, discussions d'adultes et rires malicieux d'enfants se faisait entendre. Pourtant, à travers le brouhaha, je distinguai les paroles d'une chanson: «Eyes closed...We wait...We wait...Eyes closed...». Les sonorités modernes de la mélodie semblaient correspondre à une époque autre que celle que l'ambiance de l'île renvoyait.

Les habitants étaient à l'image de l'île, étranges et excentriques. Les hommes étaient vêtus de longs manteaux ternes et presque tous coiffés de hauts-de-forme de couleurs sombres, tandis que les femmes portaient de courtes vestes, des pantalons facilitants leurs mouvements et attachaient toutes leurs cheveux. Tous les villageois étaient chaussés de montantes chaussures en cuir lacées. Chaque adulte avait en sa possession une arme, qu'elle soit blanche ou à feu, subtile ou voyante.

Je touchai certains tissus: ils étaient rêches ou lisses selon les cas. Sur les tables d'exposition des marchands, j'observai les bijoux ; ils étaient tous sertis de rouages. En ressassant les images de mon arrivée, je me rendis alors compte que ces rouages étaient présents partout dans Geek Island: il y en avait au sol, sur les vêtements, et sur pratiquement toutes les marchandises excepté la nourriture. Il y en avait même sur certains arbres et j'avais cru en apercevoir sur les rochers sous le sol.

Alors qu'un marchand fruitier regardait ailleurs, je lui volai une pomme et couru loin de lui, vers la montagne verte.

Une fois à quelques mètres, je repris rapidement mon souffle et croquai dans le fruit. Je fermai les yeux de plaisir. La pomme était croquante, fraîche, juteuse.

Lorsque je rouvris les yeux, mon expression se figea de stupéfaction: j'étais au pied de la montagne verte, et de mon point de vue, j'apercevais, dissimulé entre les arbres, un château, sûrement celui du prétendu Antonius.

Rapidement, je me décidai à gravir la montagne qui finalement n'était pas si haute que ça.

Après plusieurs et pas toujours évidentes minutes de marche, je parvins enfin au château. Il était gigantesque, c'était à se demander comment il était possible de ne pas le voir depuis le village.
Comme je m'y attendais, le tout était orné de rouages de toutes les tailles, certains en marche, d'autres non.

De mystérieux hommes vêtus tels des pirates étaient plantés là, immobiles devant la grande porte du château qui bien entendu fonctionnait à l'aide de rouages elle aussi. En effet, ces drôles de personnages faisaient usage de gardes.

À plusieurs reprises, j'aperçu un logo signifiant «Dernier Level».

J'observai ce château encore quelques secondes. Des questions se bousculèrent dans ma tête :
La légende était-elle vraie jusqu'au bout ?
Dans ce château se trouvait-il réellement cet Antonius Danielus, celui que tout le monde rêvait de rencontrer ?
Ce dernier était-il aussi charmant que ce que prétendaient les nombreuses éloges que lui faisaient les jeunes demoiselles ?
Et surtout, méritait-il son titre de Boss final des Internets ?

Il n'y avait qu'une seule façon de le découvrir...

Et mon aventure dans cet étrange monde ne commença réellement que lorsque je me décidai enfin à rentrer dans le château.

Geek Island (OS)Where stories live. Discover now