Le pouvoir de la Lune.

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Il faisait parti de moi. Et je me sentais vide sans sa présence autour de mon cou. J'avais tenté de me souvenir où je l'avais perdu, à quel moment précis. J'étais certaine de le porter avant la bataille, lorsque nous étions encore au camp. Quelques minutes avant que les combats n'éclatent, j'étais certaine de l'avoir tripoté dans ma nervosité. Mais ensuite, j'étais incapable de savoir quand il avait quitté ma nuque. Tout avait été flou, trop rapide, trop angoissant. Alors, je m'étais résignée. Je ne pouvais pas déterminer le moment précis où je l'avais perdu.

- Il y'a de l'agitation.

Je me redressai sur mes coudes, intriguée, à la voix du vieil elfe dont j'avais fini par demander le nom. Léandre. Un vieux nom français, à ma connaissance. Mais je n'en étais pas certaine. Et, dans tous les cas, je doutais de pouvoir me fier à ce prénom pour obtenir une quelconque information sur lui. Léandre venait d'un autre temps et il avait très bien pu changer de prénom à sa guise durant toutes ces années, s'adaptant aux modes de chaque siècle. Et puis, il était prudent. Nous conversions de plus en plus, mais jamais il ne laissait filtrer la moindre information, surveillant chacun de ses mots. Alors, définitivement, son nom ne me fournirait ni son âge, ni sa nationalité, ni quoi que ce soit d'autre.

- Je le sens aussi, approuva Ciron. Mes sabots fourmillent d'impatience. Quelque chose se prépare et je pense que tu n'y es pas pour rien, jeune fille. Que manigances-tu ?

- Pas maintenant, murmurai-je à moi-même, mes poings se serrant alors que je fixai le couloir sombre au bout du quelle une immense porte en bois était fermée.

C'était trop tôt. Beaucoup trop tôt. Je n'étais pas prête. Le trou dans le mur n'était pas assez grand pour que j'espère recouvrir ne serais-ce que le quart de mes pouvoirs. Je ne pouvais pas. Et pourtant, il allait falloir. Un cri rauque venait de retentir, enveloppant mon corps d'un frisson. D'impatience. De peur. D'un mélange de sentiment contradictoire. Quelqu'un était là. Quelqu'un était là pour moi, pour me sauver. Je n'avais donc plus le temps d'hésiter, plus le temps de me dire que je n'étais pas prête. Il fallait agir. Et tout de suite.

Je bondis sur mes pieds, me détournant des barreaux de ma cellule pour me précipiter sur la crevasse devenue un trou. Un trou de quelques centimètres seulement. Je n'avais pas pus obtenir plus de résultat en plusieurs jours, comment allais-je faire pour l'agrandir en quelques secondes ? Je me mordis la lèvre. Réfléchis. Réfléchis. Réfléchis. Mes yeux se mirent à fouiller la pièce, alertes. Les sons s'approchaient, devenant plus lourds. L'agitation à peine perceptible devenait omniprésente. Celui qui avait pénétré dans le bâtiment n'était clairement pas le bienvenu. Je plantai mes ongles dans mes paumes. Il fallait que je sorte de là et j'aille les aider. Même s'ils étaient plusieurs, je doutai qu'ils puissent venir à bout de toutes les créatures qui se trouvaient dans cette prison. Je me l'étais promis. Plus jamais je ne laisserais quelqu'un mourir pour moi. Mes doigts se desserrèrent de mes paumes alors que je parvins à recouvrir mon calme.

Je m'avançai jusqu'au mur, mes yeux restant rivés sur la faille. Elle était trop petite. Je ne pourrais pas l'agrandir plus en si peu de temps. Mais je pouvais faire autrement. Si une faille était présente, cela signifiait que le mur était fragile. Qu'il pouvait céder.

Sans que je ne m'en aperçoive mes iris commencèrent à perdre de leur éclat, de leur couleur. Pour, finalement, ne devenir que deux sphères opalines. Mon esprit semblait toujours se détacher de mon corps dans ces moments là, me faisant assister à une scène dont je n'étais plus l'actrice. Comme lorsque j'avais tiré cette flèche dans l'épaule d'Andréa. Ce n'était pas moi qui influais mes mouvements, mes décisions. Et, pourtant, l'action se déroulait bien sous mes yeux. Ce furent bien mes mains qui se levèrent en direction du mur, mes paumes couvertes de blessures diverses s'écrasant sur la pierre rêche. Ce fut aussi mon corps qui se contracta à tel point que je sentis le moindre de mes muscles se durcir sous la pression. Mais c'était comme si tous ces gestes étaient commandé par un autre.

Water Lily : l'éclosion.Where stories live. Discover now