L'Enfant louve et la Bête

Chapitre 3 - Premier pouvoir

Elna n'en revenait pas. Cette créature était tellement majestueuse, fabuleuse! Son plumage étincelait sous les rayons timides de l'aube, son bec crochu était comme sculpté par le plus consciencieux des artisans, son chant envoutait quiconque l'entendait, cependant, quelque chose la troublait énormément... Il s'agissait de l'oiseau de son cauchemar ! Effrayée, elle eut un mouvement de recul et se heurta à la patte de la Bête qui la foudroya du regard. Dryan n'esquissa aucun mouvement, demeurant dans sa position de soumission, infaillible. L'oiseau descendit du ciel lentement pour se poser juste en face des protagonistes. Il fit un sourire à faire froid dans le dos. L'exactitude de son rêve quand à l'apparence de cet être étourdi la prophète. Elle se mit à trembler de la tête aux pieds, prise de spasmes incontrôlés. Des hauts le cœur lui créèrent des frissons glacés qui lui transperçaient le corps. Elle avait peur, elle ne devait pas se trouver là ! Elna tourna la tête vers son nouvel ami toujours agenouillé, les larmes aux yeux.
- Ne meurt pas... chuchota-t-elle en une plainte inaudible.
Soudain elle sentit le souffle effrayant de la Bête contre sa nuque.
- Ne... me... déçois... pas, souffla-t-Il la mâchoire serrée.
Qu'attendaient les Dieux d'elle ?! Ce rêve, que signifiait-il ?! Jamais elle n'avait eu de rêve aussi précis. Ce n'était pas normal ! Elle ne pouvait pas rester de marbre face à ce message. Ils allaient causer la mort d'innocents, de beaucoup d'innocents, et elle y participerai malgré elle ? Jamais ! L'oiseau se mit soudainement à chanter et Elna s'écroula par terre comme vidée de ses forces.
- Approche, sussura la Sirène tandis que la Bête se détendait ostensiblement.
Le corps de la fille louve se redressa et l'amena face au monstre contre sa volonté.
- Ne panique pas ainsi voyons, je me sens vexée, chanta l'être mystique.
- Laissez-moi... S'il vous plaît... supplia Elna.
Dryan se redressa sans s'en rendre compte, inquiet de la réaction de sa protégée.
- Je ne t'ai pas autorisé à te lever je crois, le sermona l'énorme rapace.
Alors il s'agenouilla de nouveau en se confondant en excuses, l'esprit loin d'être tranquille. Il commença à s'imaginer tous les scénarios possibles afin de pouvoir réagir en conséquence.
- Je ne ferais pas de mal à ta protégée mon petit Dryan, le rassura le Dieu des chants. Je vais juste lui transmettre mes pouvoirs.
Elna eut un autre violent haut le cœur... Sa gorge... Comme une déchirure, elle lui brûlait! Elle sentait son sang couler à flot dans ses poumons, il fallait qu'elle respire, il fallait qu'elle tousse! La peur la tenaillait toujours plus. Elle s'étouffait! Ne pas lui faire de mal?! Finalement la jeune fille repris le contrôle de son corps. La prophète se débattit tant bien que mal. Puis elle s'écroula par terre et pût de nouveau respirer. Un souffle déchirant. Une violente toux se manifesta, enfin... Sans plus réfléchir, elle se jeta dans les bras de l'homme, continuant à cracher le sang qui s'était logé dans son appareil respiratoire.
- Dryan... Je ne veux plus...
En la voyant fondre en larmes, secouée par des hoquets désespérés, toute frèle dans ses bras, il eut pitié. Il la serra fort, tentant de la rassurer de son mieux. Il n'y comprenait décidément rien... Que se passait-il donc?
- Désormais tu peux manipuler et commander les être vivants par le son de ta voix, ricanna l'être céleste. Ma chère Bête, votre nouvel ambassadeur me semble bien fragile.
- Je fais confiance à ma promise, grogna-t-Il en montrant les crocs. Tu n'as pas à donner Ton avis.
- On n'a pas choisi la Louve pour rien, reconnut l'énorme oiseau, je suis juste curieux de voir le déroulement des choses.
Puis la Sirène s'envola, ne se sentant décidément pas désirée auprès d'eux.
- Oh, Dryan, préviens-moi lorsque tu auras besoin de nouveaux compagnons. N'attend pas qu'ils meurent de vieillesse encore une fois pour venir me chercher. La solitude ne te réussis pas mon garçon, finit-Elle avant de disparaître entre les nuages.
Dryan regarda Nu et Botch avec tendresse. Hors de question de les abandonner avant la fin de leur vie. Il se leva en portant la jeune fille qui s'endormait dans ses bras. L'enfant du Phœnix caressa son visage puis sa gorge.
" Elle n'y est pas allée de main morte, encore une fois..." contasta-t-il.
Puis la petite troupe retourna dans l'abri où elle avait passé la nuit pour attendre que l'élue se remette d'aplomb.