"-Chiotte !" 

Je rage maintenant. La robe me gratte le dos et est maintenant remontée sur mes cuisses. Je ne dois plus ressembler à rien avec les larmes qui ont dû bousiller mon maquillage. De toute façon, à qui dois-je plaire ? Marco n'a besoin que de mon utérus.

Des détonations et des hurlements retentissent de la pièce de réception. Ma tête tourne et je commence à avoir des crampes aux bras à force de les avoir en l'air. J'ai les poignets en feu et je ne sais même pas depuis combien de temps la "fête" à commencé. Je ne sais rien de ce qui se passe, je ne sais même pas quelle heure il est, ni quel jour on est. D'autre détonations se font entendre.

C'est bientôt l'heure... Bientôt je mourrai et je serai avec maman. Tout ira mieux, tout s'arrangera.

Je souris à mes pensées. Maman me manque et je ne souhaite plus qu'une seule chose, la revoir. Seule elle me comprenait et seule elle m'aimait vraiment. Elle était douce ma maman, elle était belle, avec ses grands yeux gris, son teint doré et ses longs cheveux blonds. C'était une femme remplie d'amour et de respect. Elle faisait passer le bonheur des autres avant son propre bonheur et elle gardait toujours le sourire. Elle souriait même quand son teint se dégradait. Elle souriait même quand elle était devenue blanche. Elle souriait même quand le gris de ses yeux est devenu foncé. Elle souriait même quand je n'étais pas gentille. Elle souriait toujours, jusqu'à ce jour, et c'est le seul jour où j'ai vu la terreur dans ses yeux, c'est le seul jour où j'ai vu ses yeux embués de larmes, c'est le seul jour où je l'ai vue vraiment souffrir.


La fillette avait treize ans, Madame Brown corrigeait ses leçons tandis que l'enfant lui  tressait les cheveux. 

"- Mon dieu Annah ! Tu es vraiment une calamité !

- Mais, je n'ai pas fait tant d'erreurs que ça !

- Non mon ange tu-"

Un bruit sourd interrompit la dame. 

"- Annah, file dans le placard." ordonna Madame Brown en avalant difficilement sa salive. Le fillette exécuta les ordres de sa mère et se réfugia dans la placard, sans protester. Elle se demandait pourquoi elle devait se cacher, le bruit était sûrement dû au retour de la chasse de son père, ou bien son frère et ses amis, qui rentraient du football. Elle se demandait pourquoi sa mère restait au milieu de la pièce, et elle allait sortir et lui poser toutes ces questions. Mais quand elle ouvrit la bouche, quatre hommes arrivèrent dans la chambre. Ils hurlaient et riaient.

"- Alors on ne se cache plus, Carolyn. Nous t'avons enfin, et tu sais ce qui t'attend? Tu as été prévenue ma belle." Dit un homme en caressant la joue de Madame Brown.

Ni une ni deux, les trois autres la soulevèrent et la déposèrent sur le bureau, en éjectant d'un geste les leçons de Savannah. Ils l'allongèrent, et la femme se débattait. Elle regardait en direction du placard, elle espérait que sa fille ne sortirai pas, elle espérait que sa fille ne la verrait pas souffrir. Elle espérait mourir le plus rapidement. Car c'est ce qui l'attendait, la mort l'attendait et elle le savait. Elle était là sur le pas de la porte, à attendre que les hommes l'achèvent. Elle donnait des coups dans le vide, en essayant de se faire lâcher par les hommes. Elle ne regrettait pas pour autant d'avoir épousé l'homme qu'elle avait toujours aimé. Elle savait qu'un jour il la ferait souffrir.  Elle savait que ses magouilles ne lui apporteraient rien de bon, et elle savait que c'était elle qui en pâtirait. Elle savait qu'après ça, sa famille serait tranquille, alors, comme son corps ne lui permettaient plus, et que l'oxygène commençait à lui manquer, elle arrêta de se débattre. Les hommes la touchaient, ils la déshabillaient. L'un deux cria aux autres que la rumeur de la cicatrice était vraie, ils venaient d'apercevoir la marque au niveau de son sein gauche. 

Annah B.Where stories live. Discover now