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Statut : non corrigé

*

J'avais l'impression d'être planter devant cette porte depuis des heures. J'avais déjà eu l'occasion d'entrer dans sa loge. Une fois. Mais à présent, c'était complètement différent. J'étais attendue. Et je n'avais pas la moindre idée de ce qui m'attendait derrière cette foutue porte.
Je pris une grande inspiration et toqua deux fois. Le bruit sec résonna dans tout le couloir. Mais aucune réponse. Je pouvais très bien tourner les talons et aller rejoindre Niall. Le souvenir des mains du capitaine me serrant le cou balayèrent rapidement cette idée. Non. Un peu de courage Adélaïde.

Je fronçais des sourcils et passa nerveusement ma main dans mes cheveux avant de toquer trois fois, mais cette fois un peu plus fort. J'attendis quelques instants, comptant les secondes dans ma tête. Toujours rien. Je frissonnais légèrement lorsqu'un courant d'air vint effleurait ma peau. Peut être dormait-il ? Je ferais mieux de repasser plus tard.

Un rire féminin provenant de la chambre me stoppa et retint mon attention. Une femme ? Il ne me semblait pourtant pas m'être trompé de porte. Il y avait bien quelqu'un derrière.
Submergée par la curiosité, je tournais brusquement la poignée.

Deux femmes à moitié dénudées. Une blonde et une rousse. Elles gloussaient au dessus du capitaine, qui lui était étendue sur le lit. Je ne le voyais pas entièrement mais devinais qu'il n'était pas non plus très vêtu.
J'écarquillais les yeux à l'image qui s'offrait à moi, et fit craquer le parquet sous mes pieds. Remarquant enfin ma présence, les deux jeunes femmes hurlèrent et portèrent leurs mains à leurs corps tentant de cacher au mieux leurs poitrines. Je clignais doucement des yeux et mes joues prirent subitement une teinte rosée.

« Pourquoi tant de bruits mesdemoiselles ? » grogna le bouclé en se penchant en avant puis ses yeux se posèrent sur moi.

Ma respiration se bloqua.
Quelques mèches de cheveux lui retombaient sur le front, et gênaient ses pupilles vertes dilatées. Il était torse nu, et laissait entrevoir sa musculature. Musculature parfaitement sculptée. De nombreuses cicatrices se dispersaient sur celui-ci. Mais cela ne le rendait que plus attirant.

J'ai dis attirant ?

Je détournais le regard avec hâte, affreusement gênée par la situation. Pourquoi ne suis-je pas tout simplement retourné en cuisine avec Niall ?

« Dehors les filles. »

Les deux jeunes femmes gémirent de mécontentement mais voyant le regard perçant du capitaine, ramassèrent finalement leurs quelques vêtements éparpillaient dans toute la pièce. Elles me jetèrent des regards noirs et hargneux tout en claquant la porte derrière elles. Ce n'est pas comme si tout cela était de ma faute ! Si ? Je soupirais sans regarder la personne en face de moi.
« Vous vouliez me voir ? » finis-je par dire, trouvant le silence de plus en plus pesant.

J'entendis le lit grinçait et ses pas s'approchaient de moi. J'osais enfin relever la tête pour le regarder. Il était debout à quelques centimètres de moi. Toujours le torse nu, sa chevelure en bataille tombant sur ses larges épaules. Un petit sourire familier pendait à ses lèvres. Pourquoi n'arrivais-je jamais à rester calme et sereine en sa compagnie ?
Je me rendis compte à cet instant qu'il était en fait très jeune. Il semblait avoir mon âge d'ailleurs.

« Prends le. » sa voix rauque m'arrachait brusquement de mes pensées et je vis l'énorme sabre qu'il me tendait. Je fixais l'objet et son visage à tour de rôle sans comprendre. « Quoi ? »

« Prends le. »

« Mais Pourqu- »

« Arrête de poser des questions et obéis bon sang ! » Rugit-il, le regard sombre.
Je me mordis la lèvre m'empêchant de lui dire clairement ce que je pensais, avant de lui prendre l'arme des mains. Elle était très lourde et glacée. Combien de gorge avait-elle tranché jusque là ? Je déglutis.
Il fronçait les sourcils. « Maintenant, tue moi. »
Je relevais soudain le menton, abasourdie. Il paraissait absolument sérieux, me regardant droit dans les yeux.

« Tu n'auras pas cette chance deux fois... Juste ici. » Il pointa du doigt ses abdominaux, et appuya sur le 'ici'.

Alors c'était pour cela qu'il voulait me voir ? Pour se moquer de moi ? Je plissais légèrement mes yeux avant de reporter mon regard sur le sabre. Le tuer. Tuer. Une princesse avait-elle le droit de tuer ? D'ôter une vie ? J'en doutais fortement.
« Tu réfléchies trop ma jolie. » Il ricanait me reluquant de haut en bas.

Ma jolie.

Dans un élan, je fermais furtivement les yeux, et me jetais sur lui. Mais tout ne se passa pas comme je l'avais prévu, le sabre disparut d'entre mes doigts et ma tête heurta le sol. Je sentis son lourd pied m'écrasait le crâne contre le parquet. Je lui planta mes ongles dans la cheville tentant de me dégager, mais il mit plus de poids sur celui celui-ci et m'écrasait encore plus.
« Manque de rapidité. » Au ton enjoué de sa voix, je savais qu'il souriait. Il m'humiliait. Littéralement.
Le sabre vint brusquement se planter à quelques millimètres de mon visage et je suffoqua de surprise. « Et manque de précision, princesse. »

« Lâchez moi. » dis je difficilement à travers son pied sur mon cou.
Ma gorge fut libérée, et en une fraction de secondes, je fus plaqué contre le mur, mes épaules s'entrechoquant durement sur celui ci. « Vous n'êtes qu'un... » Je serrais fortement la mâchoire, ne voulant pas regretter d'avoir parlé. Cet homme était capable de me tuer. Il ne fallait pas que je l'oubli.
« Un monstre ? » reprit le brun, en riant franchement. Sa souffle chaud fouetta ma front en sueur. « Tu as raison, j'en suis un. Mais tu meurs d'envie d'en devenir un, n'est-ce pas ma jolie ? »

Il était fou. Je ne comprenais pas ou il voulait en venir. Ou bien est-ce moi qui commencer à perdre la tête ? J'essayais de remettre en place mes idées. C'est lui. C'est lui qui me rendait folle.

« Je te donnerai des leçons. Je t'apprendrai. Et bientôt tu sauras te battre. Tu sauras quel plaisir on retire d'être le mal. D'être un pirate. »

Chacun de ses mots vibraient dans mon cerveau et une rage immense explosa en moi. Je me débattais avec force. « Jamais ! Jamais ! »

Mais il ne bougeait pas, et remonta ses mains le long de mes hanches. Il souriait et dévoila de petites fossettes aux coins de sa bouche. « Une fois le livre en ma possession, tu me supplieras de rester à mes cotés. Je te le promets. Tu seras mienne. »
Il caressait lentement mes cheveux en chuchotant. Il ne m'écoutait plus, il parlait seul. Je ne pouvais absolument rien contre lui. Mais une chose était sure. Jamais, je ne serais sienne.

« Personne n'a jamais su dompté le livre de la paix. Et ce n'est pas vous qui y arriverez. » J'avais parlé vite, essayant de mettre ma haine dans chacun de mes mots.
Il passa très lentement sa langue sur sa lèvre inférieure, ce qui me provoqua un frisson, et son sourire habituel revint. Il se pencha à mon oreille. « Il y a tant de chose que tu ne sais pas Adélaïde. » murmura-t-il avant de lâcher un petit rire.

Je me figea à l'entente de mon prénom. Des choses que je ne savais pas. Nos deux corps étaient collé l'un à l'autre, et je sentis la chaleur de sa peau englobait la mienne. Je n'arrivais pas à réfléchir correctement et me perdis dans la profondeur de son regard.

La porte s'ouvrit brisant le silence et l'ambiance étouffante régnant dans la pièce. Le capitaine s'éloigna rapidement de moi, et je soupirais intérieurement de soulagement pouvant respirer correctement à nouveau. Il se retourna vers l'arrivant.

Louis.

« Nous sommes arrivés, capitaine. »

Pirate || h.s. Where stories live. Discover now