10 - Séance shopping (version corrigée)

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> Luc : Yoooo les enfants ! Soirée samedi pour mes dix-huit ans, vous venez ?

Luc suit son message d'une dizaine d'émojis festifs et un petit sourire naît sur mon visage. Cette fameuse soirée dont Luc nous parle depuis des jours. La facette fêtarde de ma personnalité est décidément très comblée depuis la rentrée.

— Tu as reçu un message de Luc, aussi ?

La voix de Caleb résonne autant dans la pièce que dans mon corps, et celle-ci suffit à faire chuter mon semblant de joie, instantanément. C'est simple : je n'arrive même pas à le regarder en face.

Qu'étions-nous en train de faire, au juste ?

Nous suivions le film et... tout à coup, il m'a enlacée, et je n'ai rien fait pour l'en empêcher. Pire encore, j'ai limite apprécié...

Foutaises.

À qui je veux faire avaler ça ?

Évidemment que j'ai apprécié ! J'ai même tellement apprécié qu'une part au fond de moi aurait souhaité que ces téléphones ne vibrent jamais... C'est si tordu, et si mal.

— Ouais, c'est lui.

Ça fait des jours que je réussis à gérer mon attirance, que j'arrive à le considérer simplement comme un ami... Et en l'espace de cinq toutes petites secondes, j'ai réduit à néant l'intégralité de mes efforts.

Quelle idiote. Je me suis laissé surprendre, j'ai laissé le souvenir de cette soirée prendre le dessus sur mon comportement. Et lui...

Sérieux ! Qu'est-ce qui lui a pris à lui aussi ? Est-ce qu'il était défoncé ? Est-ce qu'il aurait fumé des joints avant de venir et je ne m'en serais pas rendu compte ?

Peu importe, ce genre d'écart ne doit plus se reproduire.

— Ça va ? fait-il, comme inquiet de mon soudain changement d'humeur.

Les yeux toujours braqués sur mon portable, je le sens du coin de l'œil doucement s'approcher et par réflexe, je recule et me relève brusquement. Bien trop brusquement.

Caleb fronce des sourcils.

— Oui mais... mais je vais y aller.

— Maintenant ? On n'a pas fini le film...

— J'ai encore mon livre à terminer et... d'autres trucs aussi, inventé-je à la dernière seconde.

Ce qui, en soi, n'est pas spécialement faux.

En silence, j'enfile ma veste en jean et attrape mon sac de cours. Caleb se lève à son tour, également sans un mot. Son visage ne laisse rien transparaître, comme d'habitude. Ne pas savoir à quoi il pense me rend dingue. Même si, dans un sens, c'est probablement mieux ainsi.

Lorsque nous descendons les escaliers, nous tombons nez à nez avec une femme m'ayant tout l'air d'être Nathalie, sa mère. Son tailleur pantalon est vraiment classe, et ses cheveux blonds sont tirés en un parfait chignon. Elle est très élégante... et m'a tout l'air d'être très stricte, aussi.

— Maman ? Tu n'es pas au boulot ? prononce-t-il maladroitement, comme si la réponse n'était pas tout bonnement évidente.

— J'ai fini plus tôt.

Ses yeux clairs se tournent vers moi et me dévisagent, de la tête aux pieds. Sans aucune once de subtilité. J'ai sérieusement l'impression d'assister à mon propre jugement.

— Tu ne me présentes pas ? reprend-elle, glaciale.

— Heu, ouais. Maman, je te présente Julia, une amie.

BAD LOVERS 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant