Le jour où tout a commencé

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Chaque dimanche, en revenant de la boulangerie, Louis passait par le parc juste devant chez lui. Qu'il fasse beau ou qu'il pleuve, il faisait toujours le grand tour en longeant les buissons qui cachaient la route, avant de passer par l'allée centrale, de contourner la fontaine et de ressortir par la grille opposée.

En été, le parc était bondé dés les petites heures du matin et ne désemplissait pas avant la fermeture vers 20h. En hiver par contre, Louis pouvait passer tous les jours pendant une semaine sans ne jamais croiser personne.

A la boulangerie, Louis prenait toujours une demi-baguette aux céréales ainsi qu'un pain au chocolat qu'il mangeait généralement en traversant le parc en guise de petit-déjeuner.

Ce 26 novembre, il faisait incroyablement froid. Un vent gelé venait secouer les branches nues des arbres et s'engouffrait dans son manteau qu'il avait pourtant pris soin de boutonner de haut en bas, le laissant tremblant. Louis pressa le pas quand il sentit quelques gouttes tomber et replaça son bonnet sur ses oreilles. Il allait finir tremper il le savait. Alors que Louis tournait pour rejoindre l'allée centrale, il aperçut un jeune homme accroupi près d'une motte de terre. Il n'y prêta d'abord pas attention, mais en se rapprochant, il réalisa que le jeune homme dont il ne voyait que le dos et une masse de cheveux bouclés, n'avait sur le dos qu'un drap blanc, lui tombant sur une épaule et enroulée autour de sa taille.

Sachant qu'il le regretterait s'il laissait ce jeune homme probablement bourré après une nuit de folie à une fête déguisé gelé dehors, Louis s'approcha de lui et mit une main sur son épaule pâle et froide.

- Excusez-moi? Est-ce que vous allez bien?

Le jeune homme se tourna vers lui, l'air perdu et les yeux pleins de larmes. Louis sut immédiatement qu'il avait fait le bon choix. Non seulement le jeune homme avait l'air complètement largué mais en plus il était incroyablement beau. Ses yeux verts, ses lèvres roses et sa peau pâle lui donnaient un air de chérubin sur un tableau classique.

- Je n'arrive pas à les faire pousser, répondit le jeune homme, toujours accroupi au sol.

- Faire pousser quoi?

- Les fleurs!

- Est-ce que vous êtes jardinier?

Contre toute attente, le jeune homme se mit à rire ce qui causa à quelques larmes de couler sur ses joues.

- Non, pas vraiment.

- Vous devriez rentrer chez vous avant de geler.

- Je ne sais pas comment rentrer.

- Vous habitez où? Je ne pensais pas me servir un jour de google maps pour être honnête.

Le jeune homme le regarda avec de grands yeux comme s'il venait de parler une autre langue.

- C'est quoi votre adresse.

- Je ...

Le jeune homme sembla hésiter une seconde puis il baissa les yeux.

- Je ne sais pas.

Louis ne savait pas quoi répondre. Est-ce que le garçon était encore sous l'influence d'une drogue quelconque consommée pendant la fête?

- Vous vous appelez comment? Vous avez le numéro de quelqu'un que je pourrais appeler pour vous?

Cette fois-ci le garçon ne répondit rien et secoua juste la tête.

Louis resta à ses côtés un moment, tentant de trouver une solution et hésitant entre appeler la police et ramener le jeune homme chez lui afin qu'il puisse se réchauffer, dormir et peut-être se souvenir de quelque chose. C'est peut-être un psychopathe.
Quand le jeune homme se mit à trembler, sa décision fut prise. Le temps que la police arrive, il aura chopper une pneumonie, mieux valait le ramener chez lui, quitte à garder son rouleau de pâtisserie à porter de main.

- Venez avec moi.

Le jeune homme releva rapidement la tête.

- Mais, et les fleurs alors?

- Quoi les fleurs?

- Je dois au moins essayer.

- Essayer quoi? C'est le mois de novembre, rien ne va pousser maintenant.

- Mais je peux faire venir le printemps.

Ok, il se prend pour la fée clochette. Louis soupira et passa son bras sous celui du jeune homme.

-Debout.


♡ Le jour où un dieu m'est tombé dessus ♡Место, где живут истории. Откройте их для себя