Mourir

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Je ne me souviens plus quand la peur de mourir s'est immiscée en moi. J'avais froid, il faisait noir, j'étais terrifiée. La pellicule de ma vie semblait tourner au  ralenti, comme pour me rappeler qu'il y a une fin à tout, comme pour déjà me faire languir. Je me souvenais vaguement du bois de mon enfance, de ma famille bien aimée, tandis que des visages m'effleuraient l'esprit, sans que je puisse y inscrire des noms. Il y avait des voix, des sourires, un garçon qui avait fait battre mon cœur, bien longtemps auparavant.
Et avant même d'en avoir pris conscience, j'étais morte.

La mort, en réalité, n'a rien de plus effrayant que la vie. C'est comme si on se noyait, mais sans lutter, sans sentir l'air s'échapper des poumons inexorablement. Tout s'en va, lentement, et on se retrouve là. Où ça ? On n'en a plus rien à faire, de toute façon, on n'essaie même plus. Ce n'est pas si terrible. Au début.

Puis on commence à oublier. Oublier les gens que l'on a connus, oublier les moments que l'on a vécu, oublier les rêves pour lesquels on s'est battus. On oublie tout ce qui avait donné un sens à notre existence, on oublie tout ce qu'il y a eu avant.
Pour ne laisser plus que le vide. Et l'ennui.

L'ennui, surtout.

Hunt down - FRENCH STORYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant