Ville

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Après plusieurs heures de marche, nous arrivâmes à une ville, peu après le lever du soleil. J'avais mal à la main à force de serrer le lanceur pendant longtemps.

-Tenez, dit Brenda en nous donnant une pomme chacun. Gardez la avec vous. On peut se séparer à tout moment et vous n'aurez plus de quoi manger.

-Quoi?! s'indigna Thomas juste après avoir fini sa pomme.

Jorge lui jeta un regard noir.

-Désolé, j'avais faim!

J'observais la ville après avoir sourit devant la gloutonnerie de Thomas.
L'endroit était vraiment dévasté. Il n'y avait personne qui arborait les rues et les maisons semblaient inhabitées.
Brenda s'avança et regarda à travers une fente dans le mur. Elle se retourna quelques secondes après.

-Il y a un événement en ville. Il faut aller voir.

-Non, tu nous as dit qu'on allait trouver une maison pour passer le reste de la journée, rétorquai-je, énervée.

-Tant pis. Je te laisse ici. Seule avec les fondus. Je ramène Colin avec nous et toi, tu vas te débrouiller.

-Pas questions que je vous laisse mon ami. Je ne vous fais pas confiance.

-Tu n'as pas à t'en faire, commença Jorge. Je vois bien que Brenda à l'air de beaucoup tenir à Colin. Elle ne risque pas de lui faire quoi que ce soit.

-Jorge! Ne dis pas ça! lui cria Brenda en lui donnant un coup de coude.

Je me retins de sourire. Je ne faisait pas confiance à Brenda pour autant.

-Je me fiche de savoir que Brenda aime beaucoup mon ami. Je ne lui fais pas confiance.

Elle me toisa d'un air hostile et s'avança, comme si elle cherchait à me frapper.

-Les filles. Pas encore, dit Thomas. Vous n'allez pas vous disputer toutes les deux minutes. Écoutons Brenda. Elle connaît mieux la ville que nous, si elle te laisse ici, tu vas te perdre. De plus, il y a pleins de fondus.

-Ça serait dommage que tu pourrisse ici en attrapant la Braise et en devenant comme eux, renchérit Jorge.

-Écoute ton pote, dit Brenda. Il a raison. Vous devez me suivre.

-Je ne vous suivrez pas.

-C'est ce que tu veux.

Elle adressa un hochement de tête à Jorge et ils partirent tous les deux, en portant Thomas. Moi qui étais déjà en retrait par rapport à eux, j'allais définitivement les perdre de vue. J'étais à bout de souffle et ma jambe me brûlait. Je n'arriverais jamais à les rattraper.
Je poussais un long soupir, et regardais autour de moi et me dirigeais vers une maison vide.
Enfin, elle semblait l'être.

Je balayais la pièce du regard. Elle était vide. Ses murs gris étaient fissurés, et une odeur âcre imprégnant l'atmosphère. En parcourant l'endroit, je glissai sur quelque chose de liquide et faillit tomber.
Je fronçai le nez et m'assis au coin de la salle. Je ramenai mes genoux contre moi et posai ma tête dessus, avant de fermer les yeux.

Je fus réveillée par des bruits de gouttes d'eau qui tombaient dans une flaque. La flaque dans laquelle j'ai glissé quelques instants auparavant. En ouvrant les yeux, je vis que ce n'était pas de l'eau. C'était noir, poisseux. Du sang. Mais... d'où ça provient...? Je levais la tête, et vit quelqu'un accroché au plafond. Mes gouttes dégoulinaient de sa bouche et je me retins de pousser un cri de frayeur en voyant qu'il me regardait avec un grand sourire, d'un air... affamé. Mes yeux s'ecarquillèrent, et je fus prise d'un sentiment de panique. Je tournais la tête, cherchant où partir quand l'individu sauta au sol.

-Bonjour chérie!

Sa voix était volontairement mielleuse. Mais ce n'était pas du tout rassurant, au contraire. Je voulais me reculer mes j'étais prise au piège, le mur étant derrière moi, m'empêchait de m'échapper.
Je n'arrivais pas à distinguer le sexe de ce fondu. Une femme? Un homme? Impossible à savoir. Il n'était pas comme ceux qui avaient attaqué Thomas: il avait l'air plus conscient. Mais c'en était plus inquiétant.

-Qu-quoi?! répondis-je d'une voix tremblante.

-Tu veux venir à la fête avec moi?

-Je ne vais à aucune fête. Et je ne veux pas.

-Tu en es sûre?

-Oui.

A ces mots; il s'approcha de moi. Je me souvins du lanceur de Thomas. Je devais l'avoir lâché en tombant dans la flaque. Le problème c'est que je ne voyais pas grand chose avec le fondu qui me gâchait la vue.
Je me levai, emplie d'un soudain courage, puis fis face au voyou. Il poussa un petit rire amer, laissant entrevoir ses dents rougies par le sang et noircies par les carries. Je me demandais où il avait pu trouver ce sang. Était il cannibale? Il en avait tout l'air. Mais, étrangement, ça ne me découragea pas. Je serrais les poings et le regardais froidement. Je n'ai pas peur.
Il n'était plus qu'à environ cinq mètres de moi. Je m'élançai finalement droit devant et avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, je lui assénai un coup de poings dans le ventre et un coup de pied plus bas, à son point sensible. L'ennemi s'écroula au sol. J'avais toujours aimé le combat au corps à corps. J'étais même quasiment sûre d'avoir été entraînée à ça, avant les Épreuves.
Sans attendre, je pris le lanceur et me précipitai dehors.
La lumière m'aveuglait et la chaleur était déjà presque insoutenable; mais je marchai quand même dans les rues désertes, cherchant quelqu'un qui ne soit pas encore fou, qui pourrait m'héberger ou mieux, m'indiquer mon chemin.

Après environ une demie heure de marche, j'entendis une musique lointaine résonner sous mes pieds. L'évènement dont parlait Brenda.. Ça ne pouvait qu'être ça. Et je savais qu'ils y étaient.

Je tournais ma tête pour apercevoir une porte gardée par deux hommes, grands et musclés, où un couple surveillait chaque personne qui rentrait.
Quand on me vit, on me fit signe d'approcher. Je cachai mon lanceur dans le petit sac à dos que je n'avais pas enlevé depuis, et me dirigeai vers eux.

-Salut ma jolie! commença la fille. Tu te rends à la fête?

-Désolée mais non. Je cherche juste mes amis.

-Ils sont sûrement venus, tu devrais rentrer dit elle avec un regard profondément malsain. A quoi ressemblent-ils?

-Vous n'avez pas besoin de le savoir.

-C'est vrai, renchérit l'homme. De toute façons, toutes les personnes qui sont venus dans cette villes sont en bas.

-Très bien chérie, me dit l'autre. Tu peux rentrer. Mais avant, tu as juste à boire ça...

Elle me tendit une bouteille.

- ... en entier!

Je ne fis aucun commentaire et la li arracha des mains. Si c'était le prix pour retrouver Thomas,je le ferais. Ce n'était qu'une boisson après tout.

Alors j'ouvris, et je bus le contenu entier.

La Terre Brûlée - Emmy (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant