chapitre 1

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Je m'appelle Driss et je suis un préparateur.

Qu'est-ce donc cela me direz-vous ?

Je suis un homme de l'ombre, invisible et caché. Et mon métier est de préparer les futurs esclaves à plier sous le joug de leur maitres ou maitresses. Des jeunes femmes ou hommes. Et je suis bon. Le meilleur, il parait.

Vous vous dites que je suis un monstre. Probablement. Si on se base sur les valeurs humaines, je peux effectivement accoler cette appellation à mon nom. Mais c'est votre problème. Pas le mien. Je vis parfaitement bien mon boulot. Pire que ça, j'aime soumettre. C'est mon adrénaline, ma drogue. Voir ces hommes et ces femmes apprendre à aimer ce que je leur fait subir, plier sous ma domination. Supplier pour en avoir encore plus est ce qui me fait sentir vivant.

J'aime mon travail. J'aime faire courber les échines. J'aime la jouissance que cela me procure, de voir des soumis nus et attachés, domestiqués. Mais surtout, j'aime quand le soumis ne peut plus vivre sans les brulantes humiliations que je lui offre. Qu'il ne peut atteindre l'extase que sous ma main. Que son plaisir ne s'épanouit que dans la souffrance que je lui octroie.

Ne cherchez pas à me psychanalyser. Je suis fait ainsi. C'est dans mon sang, mon corps et mon âme. Je me délecte de la souffrance d'autrui. Je vis à travers ça.

La moralité dans tout ça. Il n'existe aucune morale dans ce vaste monde et ceux qui hurlent et prennent fait pour son existence ne sont que des imbéciles.

La vie est une chienne qui ne t'apprends que la survie. Je vous le dit. Mais continuez à croire que l'humanité existe. Faites-vous ce plaisir. Cela rend ma tâche encore plus facile. Car, bien évidemment, des hommes comme moi, n'existent que dans l'imagination collective. Osez penser que nous existons est un pur blasphème. Dieu que j'adore ces croyances hypocrites qui me laissent une latitude incroyable pour peaufiner, sublimer mon activité.

Les futurs soumis qui passent entre mes mains deviennent des joyaux et des jouets délectables pour leurs possesseurs. Je n'ai pas honte de ce que je fais. Cela n'a jamais travaillé ma conscience. Jusqu'à ce jour.

Oui ce fameux jour où je l'ai vu pour la première fois. Si jeune, si beau. Tellement en colère, mais essayant de cacher son effroi.

Il devait avoir pas plus de vingt-cinq ans. Comme beaucoup, il avait été capturé après un combat sanglant, qui avait fait de nombreux morts de part et d'autres. La dure vie de la guerre. Dans son monde, il est porté disparu. Personne ne pourra jamais le retrouver. Notre organisation est bien rodée. D'ici quelques années, comme beaucoup, il sera déclaré mort. Peut-être que c'est déjà le cas.

Mais surtout, il ne savait pas dans quel piège il était tombé. Que son avenir était maintenant entre mes mains. Et pourtant, je ne pouvais que le contempler, enchainés avec d'autres, sales et haineux. La captivité avait comme principale attrait de rendre les hommes de moins en moins confiants en eux et en une improbable évasion. La liberté perdait de son sens. Les brimades et humiliations quotidiennes nous permettaient d'accentuer cet état de crainte. Mais pas lui. On pouvait lire dans ce regard vert, toute la rage qui le consumait. Mais il savait aussi qu'il devait conserver ses forces. Il n'était pas stupide, visiblement.

Je savais, par force de l'habitude qu'il constituait une proie de choix pour ces futurs acquéreurs. Que beaucoup d'or serait mis sur la table des enchères pour lui. Ce mélange d'innocence, de bravoure, de beauté masculine, les allécherait comme l'odeur de sang attire les requins. Il était trop beau pour sa propre sécurité.

Et pour la mienne.

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Le préparateurWhere stories live. Discover now