Partie XXI - Zouis

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Louis

J'avance lentement dans l'allée, le poids de mon sac à dos n'est pas le plus gênant mais les trottoirs sont assez glissants et mon appui est précaire. Peut être que je devrais envisager de me faire faire quelque chose de plus adéquat pour l'hiver qui se prépare. Parce que si je galère déjà avec un sol à peine humidifié par la pluie je crains ce qu'il risque d'arriver quand la neige poindra. Je me rends compte de ma chance, je ne suis pas un ingrat et je sais prendre conscience des choses maintenant.

« Conscience » ce mot que j'abhorrais il y a peu fait désormais partie intégrante de mon vocabulaire, peut être qu'il est aussi mon mot favori. C'est assez ironique, j'ai l'impression d'être lui. Il a forcé l'accès de mon être, s'y engouffrant comme un vent d'hiver au sein d'une maison. Mon cerveau est en bon état de marche et je suppose que c'est l'essentiel, il est le maitre de mon corps, celui que seul mon esprit contrôle et sans lui je ne suis rien. Mais c'est comme les bagnoles, le moteur permet à la voiture d'être en état de marche mais quand une pièce du circuit est défectueuse même le moteur n'y peut rien. Je suis un peu foutu, ce sont mes épreuves, et mon parcours et même s'il me pèse de temps à autres, il reste que sans cette enveloppe mon esprit ne saurait se matérialiser. Je n'ai pas cessé de bosser dans mon garage, tout comme je vais encore à la soirée à scène ouverte tous les vendredis et parfois même en semaine. Cela n'a pas affecté mon mode de vie ; l'humain fait preuve de capacités d'adaptation assez prodigieuses. Et pourtant on est freiné par nos propres peurs. Je n'ai plus peur maintenant, ou du moins ce ne sont plus celles qui m'empêchaient d'avancer. Et tout ça est une histoire de conscience. Je ne vais pas dire que j'étais malheureux, j'étais bien et je m'en contentais, et si je n'avais pas gouter à ce que je vis maintenant je m'en serais satisfait sans regret. Car comment envier quelque chose qu'on ignore ? C'est l'inconscience. Pour autant, je ne suis pas mécontent d'avoir eu accès à ce nouveau voyage. Les jours se raccourcissent, il est à peine dix-sept heures et le ciel déjà s'assombrit, et je prends le temps de lui jeter un regard ; j'apprécie toujours cette période de l'année, j'aime ce vent frais et l'accueille avec plaisir. Il me glace jusqu'à l'os, mes doigts sont transis mais je me sens bien car je sais qu'il ne me reste quelque mètres pour retrouver mon chez moi.


Zayn

Je me suis toujours trouvé plus ou moins parfait, ce genre de mec qui n'a pas grand chose à corriger parce que ce que j'étais me convenais, et j'estime, encore maintenant, que là est le plus important. Il faut savoir s'aimer, se comprendre et s'estimer. C'est quelque chose de nécessaire pour pouvoir avancer sans avoir un perpétuel besoin de quelqu'un qui fasse les choses à notre place. Ça me fait grimacer ces gens qui ne sont pas foutus d'avancer seuls dans la vie. Je me dis qu'ils craqueront un jour où l'autre ; qu'on retrouvera leur corps sans vie un peu trop tôt, ou bien qu'il se voileront indéfiniment la face et s'auto détruiront avant que ça ne se propage comme une gangrène. C'est difficile de répandre des émotions positives durables, mais quand il s'agit de la noirceur d'une âme, c'est autre chose. Y en a qui ne sont juste pas capable de supporter ça ; la déprime, le manque de confiance, l'apitoiement. Je ne suis pas quelqu'un d'altruiste ou de généreux, j'assumerais pas de l'être parce que je sais comment sont les gens et faire le connard égoïste m'évite de supporter les jérémiades incessantes de ceux à qui j'aurais donné ne serait-ce qu'un centime. Les gens sont des putains d'opportunistes et je ne suis pas débile. Donne une fois mec, et tu peux être sûr qu'on viendra te redemander. Faut pas dire amen à tout. Je ne suis pas généreux et c'est comme ça, ma conscience s'en porte bien. Merci.

Il n'est pas de mon avis, cet abruti têtu.

Et comme je n'ai jamais voulu que personne ne dépende de moi, je ne voulais dépendre de personne en retour. Et quoi de mieux que les relations courtes et sans lendemain ? Celles qui permettent d'ôter la frustration et les émotions gênantes. J'ai fait usage de mon corps sans modération, au gré de mes envies tout en réservant mon cœur. Non pas parce que je le considère comme un bien précieux mais parce qu'il était déjà épris. Épris de lui. Et comment quelque chose que j'ignorais pouvais me manquer ? Mais désormais, vivre sans lui, me serait impossible. Il est celui qui me convient, parfaitement imparfait, mon imperfection personnelle que je revendique dès qu'il m'est possible de le faire.

Half of me [Zouis] FR TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant