Arabesque (tome 1) : Entre deux danses

Partie 9 : Neuvième Etoile

Pov Maryane:

─ On reprend ! fit-elle en me lançant une serviette sans ménagement.

C'était la cinquième fois que je répétais une série de dix adages, et dix fois que je faisais ses trente pompes.

Être en sueur était un euphémisme à ce stade.

J'allais m'écrouler...et apparemment, ce n'était que le début.

─ Maintenant ?

Ma voix était si essoufflée que j'eus moi-même du mal à me comprendre.
─ Maintenant !

L'ordre était limpide.

─ J'espère que tu ne penses pas à faire une pause ?

Elle me fixait, les bras croisés sur sa poitrine, debout contre la porte.

Non, bien sûr que non....Absolument pas.

Et l'entraînement reprit.

Une demi-heure plus tard, je perçus un léger malaise qui semblait émaner d'elle.
Son regard était posé sur son téléphone, concentré, anxieux.

Qu'attend-elle de si important ?

Cette impression s'intensifiait avec plus d'entrain lorsque je la vis tilter, regarder son portable et se pincer l'arête du nez avant de soupirer.

─ Ça ne marchera pas..., murmura-t-elle désespérée.

Je ne lui demandai pas de quoi il s'agissait, ayant retenu la leçon, et avant que je n'eus le temps de faire quoi que ce soit d'autre, son poing s'écrasa violemment contre le mur.

─ PUTAIN ! hurla-t-elle avant de baisser la tête, les épaules voûtées.

Je m'arrêtai subitement de bouger, ne sachant pas comment l'aider.

Ne reste pas plantée là comme une andouille ! Bouge !

─ Shira ! M'écriai-je en courant à sa rencontre.

Elle ne me regarda pas, ne tourna pas la tête pour intercepter mon visage.
Elle resta le dos courbé, me faisant face de dos.

─ Je peux faire quelque chose ?

J'eus l'envie soudaine de me claquer la tête contre la porte.

Continue ! Enfonçons-nous encore ! Tant qu'on peut creuser...Idiote. Idiote.

J'osai alors poser ma main sur son épaule, incertaine de ce que je devais faire.
Elle sursauta, se retournant pour me faire face.

Ses yeux étaient devenus aussi troubles que l'eau, un océan sous la foudre.
Mais elle contenait ses larmes.

Contrôlait ses émotions.

─ Je peux m'en aller, ça ne me dérange pas.

Elle agrippa mon bras avec force, m'empêchant de bouger.

─ Reste.

Sa voix était devenue rauque.
─ Vous êtes sûre ?

Elle n'a pas l'air bien du tout...

Elle hocha la tête, les doigts crispés sur mon bras.

D'accord j'imagine...

Je fronçai les sourcils.

─ Vous devriez vous asseoir...

Son état plus qu'alarmant et ses yeux empreints de douleur semblaient moins réactifs qu'à l'ordinaire.