Nouvelle rencontre intéressante

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Ben n'avait peut-être pas beaucoup de temps devant lui, d'après l'Arbre, mais celui-ci s'est appliqué pour lui exposer le plan de A à Z. Une minutie qui pousse Ben pourtant plutôt naïf - du moins avant l'accident, se faire planter un couteau de boucher dans le front par un type que vous preniez pour un bon collègue a tendance à détruire pas mal d'illusions positives - à se demander s'il n'est pas en train de se faire manipuler.


Car enfin, cet arbre à réponses semblait se donner beaucoup de mal pour le pousser dans la bonne direction, et la solution qu'il lui a proposé est plutôt tordue. Normal, sans doute, pour un végétal qui parle et qui pousse non pas branches nues mais carrément racines en l'air. Ce qui indique un certain laisser-aller.


Pour l'instant, Ben fuit, comme le lui a indiqué l'arbre, sans prendre le temps de se retourner : les créatures de Jassak et celles de Fulmur sont à ses trousses et il doit les éviter. Pour le moment.


Ensuite, il n'aura plus qu'à déclencher la guerre qui couve depuis des siècles entre les deux dieux et en profiter pour s'emparer d'un corps viable et d'une paire d'ailes, le tout au milieu de créatures aux pouvoirs magiques incommensurables et de deux armées de morts. Au moins l'arbre ne l'a pas laissé tout à fait dépourvu. Il lui a donné une de ses racines.


Ben tourne le morceau de bois tendre dans sa main. Il lui parait aussi utile qu'un oreiller à une grenouille. Même en plantant le petit morceau de racine dans l'œil de quelqu'un il ne risque pas de faire de gros dégâts. Avec un soupir il la range dans sa poche et s'essuie le front.

Puis il freine en catastrophe. Ce geste, ce stupide geste machinal qui lui poisse les doigts depuis son arrivée ici, signifie que le sang continue à couler. Et si le sang coule...

Il se retourne et cherche dans l'herbe. Effectivement, si on y prête attention, il sème des gouttes de sang qui jalonnent impeccablement sa piste. Il tente de ralentir l'écoulement en nouant son tee-shirt autour de sa tête dans un turban fantaisiste puis reprend sa course dans une autre direction.

Au moins il n'est jamais hors d'haleine. Mais les créatures à ses trousses non plus. Il ne voit personne, cependant il n'est pas prêt d'oublier la frayeur qu'il a eut lorsque les deux mains de la sirène ont jailli de nulle part pour lui attraper les chevilles...

Il finit par s'arrêter au sommet d'une légère élévation et par faire un tour d'horizon. La nuit est complètement tombée à présent. Dans le ciel scintillent des étoiles de toutes les couleurs. La lune forme un fin croissant rappelant le sourire du chat de Cheshire. Deux étoiles plus lumineuses que les autres pourraient même figurer ses yeux. Et cette poussière brillante soulignerait son pelage.

Le chat que Ben s'imagine voir se met à bailler. L'humain décide immédiatement de recentrer son attention sur le sol.

Il voit de la lumière au loin. Des feux, donc des gens. Amis ou ennemis ? Il sort le morceau de racine de sa poche et le pointe dans cette direction. Rien. Il le pose à plat sur sa main. Toujours rien. Pas même un frisson.

Ben se dit que dans un jeu vidéo il aurait essayé toutes les combinaisons possibles pour débloquer ce niveau, mais dans la réalité - dans cette réalité - dans ce délire les possibilités l'épuisent et il abandonne l'idée de s'en servir.

Il s'avance lentement vers les lumières et parvient à un village, au bord de la mer, constitué de cahutes en bois flotté. Autour de nombreux feux de camps des ombres s'agitent en préparatifs qui paraissent importants.

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