Chapitre 4

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Tom Grant atteignit Los Angeles le 5 avril.
Un peu plus tôt dans la journée, Courtney lui avait téléphoné, l'avait informé du coup de fil passé par Cobain. Tout cela plus pour l'informer de sa destination plus définie désormais (direction Seattle, cette fois c'était certain) que pour le décharger de sa mission. Elle lui avait par ailleurs recommandé de continuer, jusqu'à avoir retrouvé son compagnon.
- Pourquoi ? avait demandé Grant.
Elle voulait savoir où il était, elle le savait. Y avait-il encore des raisons de s'inquiéter ?
Évidemment. Avec Cobain, il y avait toujours des raisons de s'inquiéter. Tom le savait, et Courtney aussi. Elle le lui avait bien fait sentir.
- J'ai peur qu'il fasse une connerie, Tom.
- Quel genre de connerie ?
- Le genre irréparable.
Et Tom Grant se retrouvait sur la route, une fois de plus, à la poursuite d'un homme qui ne lui inspirait que mépris.
Il faisait nuit noire lorsqu'il arriva à la villa, et qu'il s'engagea dans l'allée avec sa voiture. Toutes les lumières étaient éteintes, il ne semblait pas y avoir âme qui vive.
- Pas de lumière, pas de voiture, commenta Tom à l'intention de Dylan.
Lorsque le meilleur ami de Kurt Cobain avait décidé de se joindre à la recherche, Grant n'avait pas pu s'empêcher de soupirer. Une rockstar toxicomane dans l'histoire, c'était déjà beaucoup, sans que le guitariste de Earth ne mette sa truffe dans ses affaires. Mais en fin de compte, il s'était avéré qu'il appréciait la compagnie du musicien, bien plus que celle du leader de Nirvana. C'était un homme intelligent, et lucide. Qui plus est, et bien que Tom ne sache pas si c'était personnel, Dylan Carlson ne parlait pas beaucoup. Ce qui évitait les discussions aussi faux culs que gênantes, et qui éventuellement auraient pu les amener au sujet : "Dis Dylan, qu'est-ce qui t'as pris d'acheter une arme à ton nom pour Kurt ? T'as pas oublié de lui demander ce qu'il comptait faire avec par hasard ?"
Ou :
"Dis Tom, juste pour savoir, est-ce que ce ne serait pas toi que Courtney a choisi pour la consoler - et faire plein d'autres choses - lorsque Kurt disparaît ?"
Le silence, c'était mieux.

Kurt avait éteint toutes les lumières, sitôt que Courtney avait raccroché. Il s'était enfermé dans la serre, au-dessus de la maison, avait préparé ce qu'il y avait à préparer. Ça serait vite fini. Un allez simple pour le club des vingt-sept.
Mais comme on dit la vie, c'est ce qui arrive quand on avait prévu autre chose.
Une voiture s'était engagée dans l'allée, était montée vers la maison.
Et merde.

Tom et Dylan restèrent en stationnement près de dix minutes, à observer la villa plongée dans le noir. Ce fut Tom qui brisa le silence.
    - Il n'est pas là.
    - Non, répondit Dylan d'une voix neutre.
À cet instant, les deux hommes passèrent un accord tacite. Si tout cela devait se terminer mal, ça serait un accident.

Kurt se détendit. La voiture était partie, après ce qui lui avait semblé être des heures. Quelque part pourtant, au fond de lui, il y eut comme un infime regret. Cette fois, ça y était. Le destin semblait s'être mis en branle à l'instant où le véhicule passait le portail.

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