Chapitre 4 - La tentation

332 87 84
                                    


- Alors, dit Ludovic ?

- Je n'arrive pas à croire à ce qui vient d'arriver, lui dit Axel.

- Oui, je me doute que tu es un peu sonné. Assieds-toi et bois ton whisky, ça va te requinquer.


Axel jeta un coup d'oeil derrière lui : la malle avait disparu !


- C'est un truc de dingue, lui dit-il. Tu te rends compte, condamner à mort des gens de ma famille en échange du confort matériel ?

- Et de la santé, ajouta Ludovic en pointant l'index en l'air. Ca vaut tout de même la peine d'y réfléchir. Vois la situation dans laquelle tu te trouves : tu n'as pas un sou, ta maison est minable et tu n'as même pas fini de la payer, tu te demandes comment tu vas changer de voiture, tu es obligé d'aller bosser tous les jours pour gagner une misère et enrichir un patron qui t'exploite, et enfin tu es constamment embêté avec des problèmes de santé qui ruinent ta vie.

- Oui, dit amèrement Axel.

Il avait raison, hélas, son sort n'avait pas grand-chose d'enviable, même si d'autres étaient logés à pire enseigne encore...


- Songe à ce que tu pourrais faire. Tu as vu ma maison, mes voitures, mon train de vie, et en plus je ne travaille pas.

- Et Laure, elle est au courant de tes « activités » ?

- Non, Laure n'a rien à voir avec tout cela. Elle croit que je suis une sorte de trader, que je gagne beaucoup d'argent sur les marchés financiers. J'ai un bureau installé là, juste dans une pièce à côté, où il y a des ordinateurs connectés à toutes les bourses de la planète. Comme elle ne connaît rien à tout ça. Et puis tu sais, Laure, tant qu'on a de l'argent, elle ne se pose pas de questions... Elle a toujours vécu comme ça, même avant de me connaître, ses parents sont très aisés.

- Je vois. Et comment as-tu été « recruté » par ces... gens là ?

- Oh, me dit-il, c'est une longue histoire, et, crois-moi, il vaut mieux ne pas en parler. Je peux juste te dire que ce n'est pas Asmodée qui m'a confié ce rôle lucratif ; lui, c'est une sorte de surintendant. Glasya-Labolas préside et moi... Bon, tu n'as pas besoin d'en savoir plus.


Ils entendirent une voiture qui faisait crisser le gravier. C'était Laure qui arrivait, les bras chargés de sacs. Elle fit la bise à Axel et embrassa Ludovic. Axel se dit qu'elle était encore plus belle que l'autre soir et finit son whisky, prêt à prendre congé.

- Alors, les garçons, on a parlé du bon vieux temps ? Je suis passée chez le traiteur et j'ai rapporté tout un tas de bonnes choses, dit-elle en riant.

Ce faisant, elle avait posé les sacs sur une table basse et montrait ses emplettes à Ludovic.

Caviar beluga, saumon fumé de l'Adour, huîtres de renom, foie gras... Elle connaissait les bons produits !

Ludovic regarda Axel et dit :

- J'ai une idée, Axel. Pourquoi ne passerais-tu pas prendre Anna ? On se ferait une petite soirée sympa ici, regarde, il y a tout ce qu'il faut. Tu n'en as pas pour plus d'une demi-heure aller-retour, juste le temps pour Laure de mettre cela en forme et pour moi d'aller choisir un peu de vin.

- Ecoute, Laure voulait sans doute être tranquille avec toi...

- Mais non ! dit Laure. Si Anna est d'accord, j'en serai ravie.

- Tu vois, dit Ludovic, il faut te laisser faire.

Se laisser faire. Axel pensa à Asmodée. Cette phrase était évidemment à double sens, mais Laure ne le savait pas.

Il appela Anna pour expliquer l'invitation.

A sa grande surprise, elle qui n'aimait guère l'imprévu ni les inconnus, accepta aussitôt.

Il lui dit qu'elle l'attende, qu'il serait là dans 20 minutes.


- Prends la Mac Laren, la carte électronique est dessus, lui dit Ludovic. Comme ça, tu l'essaieras.

Il regardait Axel avec ce même regard par dessous. Celui-ci, tenté, réfléchit pendant deux secondes et dit :

- Comme tentateur, toi, tu t'y entends ! Le Diable incarné !


Une lueur de braise passa dans les yeux de Ludovic qui ne répondit pas. Il souriait.


La malle du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant