Chapitre 3 - La révélation

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Axel comprit pourquoi, malgré la lumière diffusée par les torches qui brûlaient, on ne pouvait voir le bas de l'escalier : il faisait un angle vers la gauche.

Ayant franchi l'angle, il vit le fond, tout en bas. Pour y parvenir, il y avait au moins une cinquantaine de marches à descendre, qui semblaient très usées.

L'escalier se terminait par une ouverture avec le dessus arrondi, qui donnait accès à une grande salle ronde dont le plafond était si haut que la lumière des torches accrochées tout autour sur les murs ne pouvait l'éclairer.

En face de lui, assis le dos au mur dans un grand fauteuil qui lui parut être métallique, se tenait un homme à l'allure inquiétante qu'il pouvait distinguer très nettement.

- Bonsoir Axel, je vous attendais, dit l'homme d'une voix grave qui résonnait dans cette pièce vide de tout autre meuble.

- Bonsoir, répondit Axel en essayant de ne pas chercher à comprendre comment il connaissait son prénom.


Il détailla l'homme en un instant : il avait de longs cheveux noirs de jais attachés derrière en katogan et portait un collier de barbe qui finissait taillé en pointe sous son menton.

Mais, surtout, il était singulièrement vêtu d'une veste courte et matelassée, comme une sorte de pourpoint sur lequel alternaient des soufflets en velours rouge foncé et des bandes en cuir noir.

Il portait aussi une culotte bouffante et des bottes d'aspect souple montant au-dessus des genoux.


- Monsieur Ludovic m'a parlé de votre cas, dit l'homme. Il pense que votre situation n'est pas fameuse et que vous mériteriez un coup de main.

- Excusez ma curiosité, mais qui êtes-vous, où sommes-nous et en quoi pourriez-vous m'aider ? lui demanda Axel.


Il fronça ses épais sourcils et, d'un air réprobateur, grogna :

- Je suis chargé de vous transmettre une proposition qui pourrait bien changer votre vie.

- De quel genre ?

- Nous pourrions signer un contrat : en l'échange de... disons... d'une chose qui vous sera un jour inutile, je vous apporterais le confort matériel dont vous manquez aujourd'hui si cruellement, et aussi une santé rayonnante.

- Mais comment pourriez-vous faire cela ? Et que voudriez-vous de ma part ?

- Vous posez toujours plusieurs questions à la fois, Axel. Il ne m'est donc guère facile de vous dire les choses clairement, tonna-t-il. Vous savez, je pourrais être beaucoup moins agréable, si je voulais...


Pendant qu'il disait cela, son apparence était en train de changer. En un court instant, l'homme avait fait place à une monstrueuse créature. Pris de panique, Axel recula et se retourna, cherchant des yeux l'ouverture par laquelle il était entré dans la salle, mais elle avait disparu.

Il dut se résoudre, épouvanté, à regarder la créature. Il lui sembla qu'elle avait trois têtes : une d'homme absolument hideux, une de buffle et une de bêlier. La bête portait de grandes ailes de chauve-souris et ses jambes avaient fait place à des pattes de volatile, comme celles d'une oie. Une horrible queue de serpent battait l'air derrière le fauteuil.

Cela ne dura que quelques secondes et Axel vit, la gorge nouée, la bête reprendre l'aspect humain qui était le sien lorsqu'il était arrivé.


La malle du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant