1ère partie -Chapitre 1 : cachée

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Le cœur battant à tout rompre, l’estomac au bord des lèvres, Lori saisit fébrilement son téléphone dans la poche de sa veste.

Ses mains tremblaient tellement qu’elle faillit le laisser tomber à terre.

La panique accapara tout son être, brouillant son jugement, parasitant ses sens, perturbant le moindre de ses mouvements.

Bon sang !

Il fallait qu’elle se calme.

Elle s’exhorta à prendre deux longues inspirations et fixa le cadran noir qui dansait devant ses yeux.

Les doigts parcourus de tressaillements nerveux, elle composa le 911 et porta l’appareil à son oreille.

L’opératrice décrocha à la seconde sonnerie.

— Allô, vous avez demandé la police, quelle est votre urgence ?

Jamais Lori n’avait été aussi soulagée d’entendre la voix d’une autre personne, mais pourtant, la panique ne reflua pas. Au contraire, curieusement, elle enfla, jusqu’à affecter sa respiration, la rendant heurtée et difficile.

— Je… je… Il faut que vous m’aidiez ! Je suis à la banque Morgan et des hommes sont entrés, ils sont armés… Et…

— Calmez-vous, l’interrompit l’opératrice, je ne comprends pas ce que vous me dites. Commencez par me donner votre nom.

Son nom ?

Ça, c’était une question facile.

— Je m’appelle Lori Weston, souffla la jeune femme.

— Pouvez-vous parler plus fort Lori ?

— Non ! Ils pourraient m’entendre ! J’ai réussi à me cacher, mais s’ils me trouvent…

Lori se rendit compte que sa voix était tellement hachée que ses propos étaient quasiment incompréhensibles. Elle prit une longue inspiration et ferma brièvement les yeux.

Respire…
Respire…
Mais ne perds pas trop de temps.

Une illusion d’apaisement créée par l’apport supplémentaire en oxygène tomba immédiatement sur elle.

— Écoutez, reprit-elle plus calmement, je travaille à la banque Morgan, dans le centre. J’ai vu quatre hommes armés entrer dans la banque. Des coups de feu ont été tirés. J’ai réussi à me cacher, mais je ne sais pas si ces hommes sont encore là.

Elle n’en revenait pas d’avoir réussi à faire une phrase aussi longue, vu sa nervosité.

— OK. Ne bougez pas de votre cachette tant que les secours ne sont pas venus vous chercher. Et restez en ligne.

D’accord.
Ça aussi elle savait faire.

Elle examina fébrilement les lieux dans l’espoir de trouver un abri sûr. Heureusement pour elle, la pièce dans laquelle elle avait trouvé refuge et qui servait de réserve était à demi-plongée dans l’obscurité et offrait de nombreuses zones d’ombre.

Lori se tapit dans le coin le plus reculé et poussa un long soupir, se demandant comment sa vie avait pu basculer en quelques secondes.

Elle marchait dans le couloir pour se rendre dans le bureau du directeur lorsqu’elle avait vu les quatre hommes masqués et armés pénétrer dans le hall. Par réflexe, elle avait ouvert la première porte qui se trouvait devant elle. Elle avait entendu les cris des clients affolés, les coups de feu et une voix masculine qui ordonnait à tout le monde de se taire et de se coucher par terre. Puis plus rien…

— Allô, vous êtes toujours là ? Madame ? La police est en route. Allô ?

— Oui, je suis là, chuchota Lori. Je…

Elle s’interrompit brusquement, tous ses sens en alerte. Un bruit rompit le silence retombé sur la réserve.

Quelqu’un était en train d’ouvrir la porte.

Son cœur se mit à galoper dans sa poitrine, si vite et si fort qu’elle n’entendit plus que le son de ses pulsations cardiaques affolées qui remplissait l’atmosphère.

— Mon Dieu, balbutia-t-elle, ils essayent d’entrer, ils vont me trouver !

— Ne parlez plus. Restez cachée. Les secours arrivent.

Comme dans le pire de ses cauchemars, Lori vit distinctement trois hommes s’avancer dans la pièce, tandis que les battements de son organe vital rugissaient à ses oreilles.
Elle distingua leurs silhouettes qui se dessinaient entre les rayonnages de l’armoire métallique derrière laquelle elle se dissimulait. Elle vit l’éclat argenté d’une arme. Elle entendit le bruit de leur pas et leurs souffles étouffés.

Un des hommes poussa un grognement.

— Faut pas traîner. Je n’aime pas l’idée que Larry surveille seul les otages. Putain, ce qu’il fait chaud là-dessous, dit-il en enlevant la cagoule qui masquait entièrement son visage. T’es sûr que ce qu’on cherche est ici ?

Personne ne lui répondit. Un autre homme s’affairait dans le coin opposé de la pièce, fouillant dans l’un des meubles alignés contre le mur. Lori ne voyait pas le troisième. Elle résista à l’envie de se couvrir les oreilles et de fermer les yeux, ses bras entourant ses genoux, comme les enfants qui s’imaginent qu’ils deviennent invisibles lorsqu’ils refusent de voir le monde extérieur. Elle n’avait jamais été aussi terrifiée de sa vie.

Pourtant, singulièrement, c’est le moment que choisit son sens logique pour se remettre à fonctionner.
Et au lieu de se demander si ces hommes pouvaient la voir, s’ils pouvaient la trouver, une seule question traversa son esprit vidé par la panique.
Que pouvaient donc chercher ces hommes dans la réserve d’une banque ? Lori ne voyait autour d’elle que des rames de papier et des vieux cartons d’archives datant d’avant l’ère de la numérisation des documents. La salle des coffres était dans une autre partie du bâtiment.

— C’est bon. J’ai ce qu’il me faut. On se replie, déclara l’homme en charge de la fouille.

Il s’avança au centre de la pièce et rangea quelque chose dans le sac qu’il portait en bandoulière. Lori retint sa respiration et s’enfonça encore un peu plus contre le mur, comme si elle pouvait être aspirée par la froideur du béton.

Allez ! Dans quelques minutes, tout serait terminé.

Elle allait reprendre le cours de sa vie et bientôt cet épisode ne serait plus qu’un lointain cauchemar. Cela deviendrait une anecdote croustillante qu’elle raconterait à ses collègues de travail à la prochaine réunion des cadres. Elle allait faire fureur au congrès annuel de Morgan avec cette histoire !

— On passe à la phase trois.

Les braqueurs s’apprêtaient à remettre leur cagoule avant de sortir.

Lori faillit laisser échapper un soupir de soulagement. Elle se figea, tous ses muscles en alerte, et entama un décompte dans sa tête.

5… 4… Ils vont partir. Dans deux secondes ils auront franchi la porte.
3… 2… Ils ont déjà la main sur la poignée. Plus qu’une seconde.
1… 

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Merci à tous ceux qui me lisent ^^
Je vous invite à lire la suite: amour, mystère et trahison sont au programme ; )
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L' Organisation - Piégée ( Contrat d'édition HACHETTE BMR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant