El PSICÓPATA

40. peligro.

« El corazón es un campo de batalla donde la lealtad siempre termina sangrando. »

« Le cœur est un champ de bataille où la loyauté finit toujours par saigner. »

Halima Solih.

Ivan.

DIEP.

13h05

Je m’assois face à Adam, le plateau d’échecs posé entre nous sur mon bureau. Les pièces semblent immobiles, mais l’air autour est saturé de tension. Chaque déplacement est un petit frisson.

Je le regarde manipuler ses pions, ses yeux concentrés, mais il y a quelque chose derrière ce calme : il sait lire le jeu.

— Tu bouges trop lentement, me taquine-t-il en avançant un cavalier.

— Je prends mon temps, dis-je, parce que chaque pièce a son importance.

— Ouais… tu prends ton temps pour réfléchir à Camila, je parie.

Je laisse échapper un petit rire sec, presque un grognement. Comment peut-il toujours savoir ? Je le fixe, feignant l’indifférence.

— Tout ira bien si Camila se retire de l’enquête, je dis finalement.

Adam lève un sourcil.

— C’est une façon élégante de dire que tu as peur ?

— Non, j’ai pas peur… c’est de la prudence. La prudence fait gagner des batailles que le courage seul ne peut pas.

Il hoche la tête, satisfait. Puis, comme pour détendre l’atmosphère, il me montre un mouvement subtil avec sa tour.

— Si je fais ça… tu vas paniquer ?

— Peut-être un peu, je murmure, mais je le dis à peine.

Je remarque que mes mains tremblent légèrement quand je déplace mon fou. Je le sens observer chaque mouvement, chaque hésitation. Il sait exactement à quel point je suis concentré… et à quel point je suis ailleurs.

— Alors… qu’est-ce que je pourrais faire qui te fera me détester, hein ?  Demande-t-il en inclinant la tête.

Je réfléchis. Il cherche à me provoquer, mais pas méchamment. Juste pour me faire parler.

— Rien, je dis après un instant. Rien ne pourrait me faire te détester.

Il sourit, comme s’il me connaissait mieux que quiconque.

Et c’est vrai, je pense qu’il m’ait impossible de le détester, maintenant que je le connais si bien.

Un silence tombe. Il continue de manipuler ses pièces, joue calmement mais sans laisser filer un sourire. Je le regarde, et je me rends compte qu’on ne se connaît pas parfaitement, mais qu’il y a quelque chose d’étrange : une familiarité silencieuse.

On n’a jamais eu d’expériences partagées, jamais de véritable complicité concrète… et pourtant, il est là, à mes côtés. Comme si nos solitudes respectives s’étaient reconnues.

— Pourquoi tu protèges le psychopathe ? demande-t-il soudain, la voix plus sérieuse.

Je sens un poids dans ma poitrine, un vide. Je fixe le plateau, les pièces, les pions… et je détourne légèrement le regard. Il attend. Il faut que je parle.