Quand je me suis réveillée, tout mon corps me faisait mal. Pas de douleur violente, mais cette espèce de lourdeur partout, comme si j’avais couru un marathon. Ma tête reposait sur l’épaule de Jae. Sa respiration était lente, régulière. La couverture glissait à moitié sur lui, dévoilant juste assez pour me rappeler pourquoi j’étais aussi… épuisée.
Je me suis tournée légèrement pour le regarder.
Ses cheveux en bataille, ses cils posés sur ses joues, cette expression calme qui ne lui ressemblait pas. Il paraissait si… différent quand il dormait. Presque doux.
J’ai tenté de me dégager discrètement du lit, histoire d’aller respirer un peu.
Mauvaise idée.
— …où tu vas ? marmonna-t-il d’une voix encore rauque de sommeil.
Je me suis figée.
— Euh… juste me lever.
Il a grogné, sans même ouvrir les yeux.
— Non.
— Jae, sérieusement ?
Il a tiré un peu la couverture pour m’empêcher de bouger.
— Reviens.
— J’ai pas signé pour être prisonnière.
— Si. Depuis hier soir.
J’ai levé les yeux au ciel, exaspérée.
— Jae, je fais ce que je veux.
Là, il a ouvert un œil, celui avec ce regard qui dit clairement essaie pour voir.
— Non.
— Jae.
— Non.
— Jae !
— Non.
On aurait dit deux gamins. J’ai fini par pousser un soupir.
— Tu comptes me retenir combien de temps, exactement ?
Il a pris un air faussement pensif.
— Dix minutes.
— Dix minutes ?
— Pas plus. Et tu reviens.
— Et si je reviens pas ?
Son regard est descendu jusqu’à mes lèvres, puis il a murmuré :
— Alors je viens te chercher moi-même.
J’ai senti mes joues chauffer malgré moi.
— T’es vraiment insupportable.
Il a haussé les épaules, un petit sourire en coin.
— Et toi, t’aimes ça.
J’ai roulé hors du lit, en marmonnant.
— Tu rêves.
Alors que je mettais ma chemise, il a attrapé doucement mon poignet.
— Dix minutes. Pas une de plus.
— Oui, papa.
Il a plissé les yeux.
— Répète ça encore une fois, Miyeon.
— Dix minutes, chef.
J’ai voulu partir, mais il s’est redressé et m’a tirée vers lui pour m’embrasser. Pas un baiser passionné comme la veille, non. Un rapide. Presque tendre. Mais suffisant pour me couper la respiration.
— C’est ton compte à rebours, dit-il doucement.
J’ai tourné les talons avant qu’il ne voie à quel point j’étais secouée, et j’ai quitté la chambre.
---
Le couloir était silencieux. Je me suis habillée un peu mieux avant de me diriger vers l’appartement de Haneul.
Quand j’ai ouvert la porte, elles parlaient fort, riaient même. Et puis… silence.
Lilo et Haneul m’ont regardée comme si j’étais un fantôme.
— Quoi ? ai-je lâché, un peu perplexe.
Elles ont échangé un regard complice.
— Rien… du tout, répondit Haneul d’un ton bien trop innocent.
Je n’ai pas insisté. J’étais trop fatiguée. Je me suis laissée tomber sur le lit à côté d’elle avec un soupir.
Kyo et Keanu n’étaient pas là — sûrement de garde avec les gosses.
Je suis restée allongée un long moment, les yeux fermés. Et puis j’ai entendu la voix moqueuse de Lilo :
— T’as passé une nuit mouvementée, hein ?
Je me suis redressée d’un bond.
— QUOI ?!
Elles ont explosé de rire. Lilo se roulait littéralement sur le lit, Haneul en pleurait presque.
— On t’a grillée, Miyeon ! cria Haneul entre deux éclats.
— Mais… comment… ?!
— On a nos sources, répondit Lilo, le sourire jusqu’aux oreilles.
— C’est pas ce que vous croyez !
— Mh-mh, bien sûr.
Je me suis caché le visage avec un oreiller pendant qu’elles me lançaient des piques sans arrêt.
Neuf. Minutes. D’enfer.
Les neuf plus longues minutes de ma vie.
Quand 8h40 a sonné, j’ai bondi du lit.
— Tu vas où ? demanda Lilo, hilare.
— Dans ma chambre.
— Pourquoi ? lança Haneul, faussement innocente.
Je les ai regardées, blasée.
— Pour ma survie.
Elles ont éclaté de rire une dernière fois, et moi, j’ai filé. Parce que je savais très bien qu’à cette heure-ci…
Si je n’étais pas là-bas dans deux minutes, Jae viendrait me chercher lui-même.
Et honnêtement ? Je n’étais pas certaine qu’il blaguait.
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shadow : the Apocalypse
Action« J'ai toujours pensé aux autres plutôt qu'à moi. Et un jour... j'ai dû en payer le prix. » Quand les monstres ont contaminé la Corée, j'ai cru que c'était la fin du monde. Le chaos, la peur, la faim, le silence après les cris. Mais je me trompais. ...
