Chapitre 15 - Matthew

42 17 4
                                        

Je n'ai dormi qu'une heure. Peut-être deux. Le café de Damian ou celui de Rosa n'ont pas suffi à effacer la fatigue, mais j'ai connu pire. J'arrive un peu avant midi à la tour Nexus.

— Bonjour Maître Johnson.

Rebecca, l'hôtesse d'accueil, me fait les yeux doux. C'est à peine si j'ose un regard vers elle. Nous avons baisé ensemble une fois, les règles étaient claires et depuis, elle ne me lâche pas. Je sais pourtant que mélanger travail et sexe n'est jamais bon mais je pensais qu'en ne travaillant pas ensemble dans le même cabinet, c'était différent. Grave erreur, tout ce qui s'approche de près ou de loin à mon boulot, je dois le fuir. Je lui fais un bref signe de main, pressé de regagner mon étage et mon antre.

Je grimpe dans l'ascenseur et lorsque les portes s'ouvrent, je suis immédiatement happé par l'atmosphère du cabinet. La cafétéria dès l'entrée où je me sers un café nécessaire pour affronter cette journée, le bureau des avocats séniors comme moi, au fond, ceux des associés comme Murphy et enfin les stagiaires répartis dans la zone centrale en forme d'open space. Et c'est à cet instant précis que je la vois. Elle est déjà là.

Cassandra Parker.

Assise à son poste, les yeux rivés sur son écran, concentrée, les doigts qui glissent sur le clavier avec une rapidité impressionnante. Je m'arrête un instant, presque surpris de la voir aussi tôt et lorgne ma montre juste pour m'assurer que je ne me trompe pas. Il n'est même pas midi, elle est là depuis combien de temps ? Cette femme est un robot ou une mutante, ça ne peut être autrement. J'ai à peine dormi et je suis lessivé alors qu'elle semble fraîche comme si elle avait  dormi une nuit entière.

Elle relève la tête, ses cheveux attachés à la va-vite, quelques mèches rebelles lui caressant la nuque. Et cette tenue...Un jean bleu foncé, ajusté. Un chemisier blanc, léger,  soulignant des courbes que je m'efforce de ne pas trop remarquer. Elle porte également une veste de tailleur sombre qui tranche avec l'allure désinvolte du reste. C'est déroutant. Classe et décontracté à la fois, une combinaison que peu de gens réussissent, surtout dans notre milieu.

Je me racle la gorge pour détourner mes pensées et m'approche d'elle d'un pas mesuré.

— Vous êtes déjà là, Parker ?

Elle lève les yeux vers moi, un sourire effleurant ses lèvres. Je perçois immédiatement son air espiègle, limite insolent sur son visage.

— Je vous l'ai dit, je n'ai pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil.

Je fronce les sourcils et perçois sa phrase comme si c'était une sorte d'attaque. J'ai eu besoin de dormir et si j'avais pu, je serais resté la journée entière dans mon lit. Veut-elle prouver qu'elle est meilleure que moi ? Si c'est le cas, il va vite falloir que je la remette à sa place. Je me ressaisis, tente de reprendre de l'assurance et lui lance d'un ton froid et détaché :

— Cette tenue, vous m'expliquer ?

Son sourire s'élargit, elle semble fière d'elle. Elle m'insupporte... et pourtant je ne saurais expliquer pourquoi une partie bien précise de mon anatomie se réveille. Putain de merde !

— Je pensais qu'on avait une mission d'observation aujourd'hui. J'ai préféré m'habiller en conséquence.

Je plisse légèrement les yeux et avant que je n'ai le temps de répliquer quoi que ce soit, elle me devance d'un ton faussement détaché :

— Vous, en revanche, je ne suis pas sûre que votre costume hors de prix, taillé sur mesure, vous permette de passer inaperçu. Il vous sied à merveille, c'est indéniable mais vous attirer l'oeil.

Je tente de faire abstraction de son compliment bien qu'il provoque en moi une sorte de tension que je chasse rapidement. Je baisse instinctivement le regard sur ma chemise parfaitement repassée, ma cravate nouée avec soin, et je dois bien admettre qu'elle marque un point. Je lâche un soupir agacé.

Too wrong Onde histórias criam vida. Descubra agora