Quelques semaines plus tard, les cigales chantent dans le lointain, le soleil de fin d'été, doux mais encore chaud, caresse les murs couleur crème d'un petit café de quartier. Les verres suintent légèrement sur la table en métal, et le monde continue de tourner autour d'eux.
Assis côte à côte en terrasse, Do-Ha et Seok-Min ne se touchent pas.
Pas encore, mais parfois, leurs genoux se frôlent et ce contact fugace, presque involontaire, fait plus de bruit que mille mots. Le silence entre eux est étrange, pas tendu, pas pesant, juste fragile et familièrement fragile.
— Je ne t'ai jamais demandé, mais tu l'as dit à ta mère ? demande Seok-Min, la voix basse, en jouant avec sa paille.
— Que je t'avais revu ? Oui. Do-Ha hausse les épaules en prenant une gorgée de son Ice Tea. Elle a pleuré. Elle a crié. Puis elle s'est tue. Maintenant, elle m'évite. Elle attend que ça passe.
Un battement de cœur, Seok-Min hésite.
— Et... ça va ? Pour toi ?
Do-Ha regarde droit devant lui. Il observe le ciel, les passants, un chien qui tire sur sa laisse. Puis il tourne la tête vers Seok-Min, les yeux graves mais doux.
— Non.
Il laisse une seconde de silence, puis ajoute :
— Mais je préfère être triste avec toi qu'heureux sans toi.
Seok-Min baisse les yeux, son cœur cogne trop fort.
— Je sais que j'ai pas le droit de revenir comme si de rien, ni de t'avoir pour moi...
Do-Ha prend son menton et le force à le regarder. Son regard brille et Seok-Min sent l'intensité de celui-ci et des paroles qui suivent :
— Tu reviens pas comme si de rien, tu reviens et moi, je t'observe. Je t'apprends à nouveau. Je décide si j'ai envie que tu restes.
Seok-Min hoche lentement la tête. Un sourire en coin, timide, à peine là.
— Et pour l'instant, ça dit quoi ?
Do-Ha lève un sourcil.
— Ça dit que j'ai réservé un appart sur le campus. Deux chambres, cuisine ouverte et qu'il y a aussi ton nom sur le bail.
Un ange passe, Seok-Min le fixe, bouche entrouverte.
— Tu plaisantes...
— T'as pas intérêt à me faire regretter.
Et là, comme une délivrance, Seok-Min rit. Un vrai rire, un de ceux qu'on n'entendait plus. Un de ceux qui résonnent longtemps après dans le cœur de l'autre.
Do-Ha, à cet instant précis, sent le sien battre un peu trop fort.
🌷🌻
Le sol grince légèrement sous leurs pas. Le parquet sent encore le neuf. Les murs sont nus, les cartons s'empilent dans les coins, deux matelas sont posés à même le sol, et un vieux frigo ronronne doucement dans la cuisine ouverte.
Mais surtout, il y a eu, debout au milieu du salon, observant ce nouveau chapitre qui s'écrit entre les cartons.
Seok-Min regarde autour de lui.
— T'as vraiment pris l'appart le plus lumineux de tout le campus ou c'est moi ?
— Je me suis dit que t'avais besoin de lumière, justement.
Do-Ha sourit discrètement, un sourire presque timide.
Ils rient, puis le silence retombe. Il n'est pas gênant, mais chargé. chargé de ce qu'ils n'ont pas encore dit, de ce qu'ils n'osent pas encore faire. Ils passent l'après-midi à monter les meubles, à râler, à rire et à se chamailler pour une étagère bancale.
— C'est toi qui l'as mise à l'envers.
— T'as regardé les instructions à l'envers !
— C'est littéralement des dessins, Min.
— Justement, c'est trop abstrait !
Le soir tombe, doucement, comme une couverture sur leur petit monde. Ils s'installent, chacun dans sa chambre et laissent les portes ouvertes. Mais Do-Ha ne dort pas, il fixe le plafond, les bras croisés derrière la tête, les pensées tournant en boucle.
Soudain, il entend des pas. Il tourne la tête et Seok-Min est là, dans l'encadrement. Il a l'air hésitant, les mains se triturant.
— Je... j'arrive pas à dormir.
Do-Ha se redresse à moitié.
— Tu veux rester un peu ?
— Je peux ?
Do-Ha tapote doucement le matelas à côté de lui. Seok-Min s'approche et s'allonge. Pas un mot, ni gestes déplacés.
Ils restent là, l'un contre l'autre, sans se toucher. Mais pas si loin non plus.
— Tu te souviens ? murmure Seok-Min.
— De quoi ?
— La dernière fois où on a dormi comme ça, aussi proche. C'était dans la chambre qu'on partageait, lors de notre voyage scolaire. T'avais le front contre mon épaule. Tu respirais super fort.
Do-Ha rit doucement.
— Tu ronflais. Affirme Seok-Min.
— Tu mens.
— Tu ronflais, Ha, personne ne respire aussi fort.
Ils restèrent silencieux, puis Seok-Min promet d'une voix plus basse, plus tremblante :
— Je vais faire mieux cette fois.
Do-Ha ferme les yeux et murmure :
— Alors reste.
Et Seok-Min reste, parce que même si ce n'est pas encore comme avant, c'est déjà un début.
Un vrai.
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Entre tes battements
General FictionDo-Ha un alpha doux et Seok-Min un Oméga au tempérament explosif sont meilleurs amis depuis leur 15 ans. Seok-Min n'a pas toujours eu que l'amitié pour l'Alpha, mais des sentiments amoureux. Leur relation a eu des bas, mais celle-ci survivra peut-êt...
