𝐋𝐨𝐬𝐭 𝐋𝐨𝐯𝐞

Chapitre 16

Elijah avait dû intervenir pour honorer la protection qu'il fournissait aux amis d'Elena. Heureusement pour moi, l'un d'entre eux avait pu lui échapper. Son petit show aura eu l'avantage de me mâcher le travail. Le plus grand avantage des loups-garous, c'est leur nombre. Même s'ils sont en voie de disparition, ils se déplacent en meute, ce qui les rend plus dangereux.

S'il n'en restait plus qu'un, je serais en mesure d'obtenir mon loup tout en m'évitant les représailles de la meute et en obtenant réparation.

La liste des gens que j'aime est très courte, il est vrai. Mais on ne touche pas à ceux qui sont dessus.

•••

Je me retrouvai rapidement dans les bois comme indiqué par Alaric. Mon ouïe me guida jusqu'à la fameuse caravane. Son moteur vrombissait, tournant dans le vide en attendant que sa propriétaire se décide à prendre la route.

Heureusement, j'étais arrivée avant qu'elle ne se décide à le faire.

Une jeune femme blonde en sortit, clefs en main, visiblement pressée. Elle se stoppa nette en me voyant adosser à un arbre face à elle.

- Alors comme ça c'est toi qui as essayé de tuer Damon, lançai-je en m'adossant à un arbre. Deux fois.

Elle planta ses yeux dans les miens, me dévisageant. Je pouvais presque entendre les rouages de son cerveau s'activer. Après quelques secondes, elle se redressa, le dos droit, essayant d'afficher une assurance quelque peu forcée.

- Trois en réalité. Tu sais ce qu'on dit, jamais deux sans trois.

Sa réponse me fit glousser. Dans une autre vie, cette fille aurait pu me plaire. Malheureusement pour elle, elle s'en était prise à la mauvaise personne.

- Et pourtant, tu as perdu toute ta meute et tu n'as toujours pas réussi, lui fis-je remarquer en m'approchant d'un pas, les bras croisés sur ma poitrine. C'est ce qu'on appelle un échec cuisant.

Mes railleries ne semblèrent pas vraiment l'amuser. Alors que son visage se fermait, le mien, au contraire, revêtit un sourire narquois.

- Mais ça tombe bien, j'avais justement besoin d'un loup-garou pour un sacrifice.

Alertée par mes mots, elle se munit rapidement d'une arbalète alors que je la regardais faire, immobile. Il me suffit de me pencher de quelques centimètres sur la gauche pour éviter le premier pieu qu'elle tira. Le second ne fut pas bien plus compliqué à esquiver. Quant au troisième, je l'attrapai en plein vol et le renvoyai avec précision dans son épaule droite pour handicaper sa main dominante. Lorsque le pieu s'y planta, la louve laissa échapper un cri de douleur.

- Ça fait cinq siècles que je piétine cette terre, lui appris-je, faisant preuve d'un calme à tout épreuve. Il va falloir plus que ça pour m'arrêter.

Mes yeux s'ancrèrent dans les siens alors que je sortai discrètement la seringue d'aconit que j'avais pris soin de prendre avec moi. Ce poison n'était pas simple à trouver. Surtout dans une région tel que la Virginie. Ce n'était pas un climat propice à l'épanouissement de cette fleur. Cependant, j'avais appris avec le temps qu'il était nécessaire de se préparer à toutes éventualités.

Je me précipitai vers ma cible et lui enfonçai l'aiguille dans la carotide sans ciller malgré le pieu qu'elle me planta entre deux côtes.

- Pas mal, lui accordai-je dans un allaitement douloureux. Mais tu as loupé le cœur.

Elle luttait pour rester debout alors que ses forces diminuaient considérablement. La dose que je lui avais injectée était cela dit parfaitement dosée pour qu'elle tombe dans les vapes. Ce qui ne tarda pas à arriver. Son corps s'échoua lourdement contre la caravane, glissant le long de la taule pour finir à mes pieds.

J'empoignai fermement le pieu toujours planté dans mon abdomen pour l'extraire d'un coup sec. Jetant le morceau de bois ensanglanté, je m'accroupis à sa hauteur.

- Fais de beaux rêves tant que tu le peux encore, lui conseillai-je alors que ses yeux se fermaient. Le cauchemar se dirige droit sur nous.

•••

Cela n'avait pas été bien compliqué de transporter son corps jusqu'à chez moi. En revenant, j'avais hypnotisé le premier mec que j'avais croisé pour qu'il aille déposer cette fichue caravane dans un conté paumé loin de Mystic Falls. Il fallait bien déterminer ce que j'allais en faire. Inutile de prendre le risque que les autorités de Mystic Falls la découvrent et viennent s'en mêler. Ce serait un problème supplémentaire dont je me passerais avec le plus grand plaisir.

J'allais quitter la cave lorsqu'une plainte retentit. Un sourire fleurit sur mon visage alors que je me tournais pour voir Julia se redresser.

- Où suis-je, demanda-t-elle dans un murmure rauque.

- Bienvenue dans ta nouvelle demeure. Je te ferais bien faire le tour du propriétaire mais cette pièce est la seule que tu verras. Alors autant ne pas te faire miroiter un palace quand tout ce qui t'attend sont les décombres, déclarai-je. Il m'arrive d'être une vraie garce mais tout de même pas à ce point.

Elle tenta tant bien que mal de se relever, poussant de toutes ses forces sur ses bras mais rien n'y faisait. De toute manière, les chaines qui la retenaient au mur ne lui permettraient pas d'aller bien loin.

- Tu te fatigues pour rien, ma belle.

- Je vais te tuer, promit la louve dans un grognement de rage.

Ses menaces n'avaient pas le moindre impact sur moi. Elle glissait sur ma peau sans m'atteindre. Et pour cause, mes démons étaient bien plus dangereux. Face à elle, c'était moi la menace.

J'étais le monstre et elle, ma proie.

- Je sais que la pleine lune est dans un petit bout de temps mais je ne pouvais pas risquer de perdre une si belle occasion d'obtenir mon loup-garou.

Un bruit métallique résonna à l'autre bout de la pièce. Notre regard se dirigea dans sa direction pour voir la petite brune bouger avec difficulté, assoiffée.

- Aimee chérie, comment tu vas, lui demandai-je.

L'amie de Tyler que Katherine avait tué alors qu'elle avait encore mon sang dans les veines lors de la soirée bal masqué était en piteux état. Son teint était terne. Ses yeux entourés de noir. Ses cheveux n'étaient qu'un tas de nœuds. Quant à ses vêtements, ils étaient aussi sales que sa peau.

Il faut dire que j'avais dû la sortir du trou dans lequel Damon l'avait enterré, la croyant bel et bien morte.

- Essaye de ne pas trop bouger, lui conseillai-je. Tes os se transforment doucement en papier de verre, c'est plutôt douloureux. Et entant que jeune vampire, tu te décomposes plus vite que la moyenne.

- J'ai faim, réussit-elle à articuler.

- Je sais. Mais moins tu auras de force et mieux ce sera. Ne t'en fais pas, tu ne mourras pas de faim, lui assurai-je.

La seule chose qui la tuera, ce sera Klaus.

- Faites connaissance les filles, repris-je en quittant la cave pour refermer la cellule à clef. L'attente risque d'être longue jusqu'à la pleine lune...