Lorsque son téléphone avait vibré sur la table de nuit, ses yeux s'étaient décollés en lui soutirant une grimace. Il faisait encore nuit, et pendant une seconde, il avait songé à se rendormir. Puis il s'était levé d'un coup, comme si cette impulsion pouvait faire fuir la fatigue qui persistait dans ses gestes. Il n'avait pas l'habitude de commencer sa journée aussi tôt, et encore moins à la campagne. Mais il ne comptait pas laisser ce type se moquer de lui. Cette lueur dans son regard, mi-amusée et mi-condescendante, était loin de lui avoir plu. Ramasser des raisins ? Ça ne semblait clairement pas être le bout du monde.
Il avait enfilé des vêtements pratiques, attrapé le chapeau prêté par sa grand-mère – un couvre-chef ringard décoré de pois rouges et blancs – et s'était mis en route. Le sentier était encore plongé dans la pénombre et un courant d'air frais recouvra ses bras dénudés de frissons. Devant lui, les vignes s'étendaient à perte de vue, infinies. Et au bout de ce labyrinthe, Jisung. Planté là, un sourire distrait au coin des lèvres.
— Salut, le p'tit-fils ! chantonna-t-il.
Minho réprima un soupir.
— J'ai un nom, tu sais.
L'autre haussa les épaules et tourna les talons sans répondre. Minho lui emboita le pas, le sol légèrement humide collant à ses semelles. Ils marchèrent quelques minutes en silence, jusqu'à une série de seaux et de paniers. Le vendangeur lui tendit une paire de gants et un sécateur avant de s'accroupir sans un mot.
Lui, resta debout un instant, le matériel en main, l'observant s'installer avec une aisance presque agaçante. Jisung attrapa une grappe avec deux doigts, la fit tourner légèrement pour dégager la tige, puis trancha net. Le tout en un seul mouvement, et à peine quelques secondes. Une grappe après l'autre, il avançait à un rythme régulier, sans réellement regarder ce qu'il faisait. Minho fronça les sourcils. Ça n'avait pas l'air compliqué.
Il enfila les gants, s'accroupit à son tour, et répéta mentalement les gestes qu'il venait de voir. Il plaça son sécateur, respira, puis coupa. La grappe tomba à moitié, encore suspendue, et il dut tirer doucement pour la détacher. Son action fit vaciller toute la branche, une pluie de feuilles s'écrasant sur ses genoux. À côté de lui, le jeune homme ne dit rien, mais ses épaules semblaient secouées d'un rire à peine contenu. Minho pesta. Il recommença, encore et encore, jusqu'à ce que ses gestes deviennent un peu moins maladroits. Il avançait lentement, mais parvenait désormais à couper convenablement. Pourtant, très vite, ses bras commencèrent à tirer et son dos à protester. Il faisait encore frais, mais il transpirait déjà.
Vers dix heures, il n'en pouvait plus. Ses genoux grinçaient, ses épaules brûlaient, et ses avant-bras cramaient. Minho resserra sa prise sur le sécateur. Il refusait de demander une pause ou un conseil, préférant ramer plutôt que de faire pitié. Jisung, un peu plus loin, sifflotait par intermittence. Dans un autre contexte, ça aurait pu être apaisant. Là, Minho le vivait uniquement comme une provocation douce, nonchalante et particulièrement exaspérante.
— Tu forces trop, lança le jeune homme sans même le regarder.
— Pardon ?
— Tes gestes. Tu veux dominer la vigne. Tu dois la suivre, pas la plier.
Minho ne sut pas vraiment quoi répondre, un peu sur les nerfs de ses efforts continus.
VOUS LISEZ
Blueprint | ◇Minsung◇
FanfictionIls n'étaient pas faits pour se rencontrer. Encore moins pour s'aimer. Mais parfois, ce sont les différences qui rapprochent le plus. Minho n'avait aucune envie de quitter Séoul. Il n'aimait pas voyager, ne parlait pas un mot de français, et tenait...
