L'extra-terrestre

Évolutions parallèles : 2

Marc avale rapidement ses bouchées de pain en écoutant les réponses à ses questions, il manque de s'étrangler à plusieurs reprises mais tente de camoufler sa frayeur. Tous les indices concordent : il vit en 1517 avec pour seuls souvenirs de son passé des vêtements et une paire de lunette. Il abandonne les questions du comment et du pourquoi, totalement dépassé de toute façon. La faim et le danger le maintiennent dans le moment présent, le protègent des tourments de l'esprit. Il porte le godet d'eau à ses lèvres et boit avidement. Bien que simplet le paysan ne manque pas d'empathie face à sa faim et ses inquiétudes. Il répond de son mieux à la plupart des questions mais en ignore certaines jugées absurdes. Vient le tour de Marc de rendre service.

-Vous savez lire vous dites? Dans ce cas expliquez moi pourquoi dieu exige que je paye la dîme au maître du château même quand les récoltes sont insuffisantes pour me nourrir?  

-Dieu n'est pas responsable de cette injustice, je ne crois même pas qu'il existe mais je vous laisse y croire si vous voulez. Vous avez eu la malchance de ne pas naître au bon endroit c'est tout, ou au bon moment. J'irai parler au seigneur pour faire changer ça, ce sera la première condition de mon aide mais en attendant je peux peut être vous aider à améliorer vos récoltes?

Le paysan prend peur, l'inquisition catholique et les soldats du seigneur sont sans pitié, cet érudit vient de les bafouer tous les deux en une seule phrase. Il le fixe d'un regard mêlant agressivité, crainte et admiration puis se lève et met fin à la rencontre. 

-Non ça ira, partez maintenant, je ne veux pas d'ennuis à cause de vous, bonne chance là haut, ne revenez pas et ne parlez plus de ça, un bon conseil!

Marc ne réalise que trop tard son erreur, le petit homme est déjà debout le doigt pointé vers la porte. Il réalise petit à petit sa place dans ce monde étranger et se promet de passer les années de vie qui lui restent à tenter d'améliorer les choses ici. Il remercie, sort en baissant la tête pour franchir la porte et s'engage sur le sentier qui mène au château. Les tensions de son estomacs apaisées, le sens des mots du paysan pénètre en lui de toutes sa force, il vacille sous le choc et s'adosse à un arbre. 1517, le roi François 1er, les guerres, la renaissance, les famines, l'absence du concept même d'identité, quelle horreur!

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La première salle d'accueil sélectionnée par les gouvernement suédois est le plus grand bâtiment sphérique au monde : "le globe". Un symbole d'avenir qui grouille d'activité. Un millier de pompiers s'activent à la vider de son contenu inutile pour y placer 200 chambres individuelles en moins d'une heure, 200 fauteuils en cercle autour d'une scène centrale, des isolations sonores amovibles pour d'éventuelles discussions en petits groupes. Les traiteurs de la capitale sont réquisitionnés pour leur nourriture, les militaires tenus à distance pour signifier la paix, les médias bombardent d'abord le pays puis le monde entier, la police se charge d'isoler le bâtiment des foules qui grossissent dans les rues. L'activité économique cesse partout, les yeux du monde sont braqués sur l'arrivée forcée des chefs d'états. Marie demande à ses drones en orbite de ficher chaque habitant de la planète. Tout est pris en compte dans la description de chacun, toutes les données du web et une évaluation psychique cérébrale individuelle permettent de noter sur cent le niveau moralo-intellectuel de chacun. Une sorte de mise en coordonnées de chacun sur un espace orthonormé axé sur le progrès universel. Meilleure est la note meilleure est la contribution au progrès. La position du président hollandais, le suivant sur la liste est envoyée depuis la capsule spatiale pendant le trajet quasi instantané du Danemark à la Suède en compagnie de son président. Elle le dépose au centre de la grande salle à coté de son homologue suédois précisément une heure après son premier ordre puis repart au milieu d'un emballement médiatique et des derniers pompiers ébahis encore dans le bâtiment. Toutes les cinq ou six secondes elle revient déposer un président, parfois une présidente. Moins de vingt minutes plus tard la salle est complète, elle prend place au centre de ses convives assis en cercle autour d'elle. Seule une poignée de journalistes est autorisée à rester pendant que les pompiers s'attaquent au second bâtiment d'accueil pour les stars et célébrités les plus populaires et influentes. C'est le théâtre royal qui fera l'affaire pour ces artistes. Elle donne une heure de plus pour aménager le bâtiment mais son ordre avait déjà commencé à être exécuté. Elle amplifie la puissance de sa voix qui résonne dans la grande pièce. Le silence se fait et tous l'écoutent, 7 milliards d'humains s'accrochent à ses lèvres qui déversent un anglais bien articulé.