—Vraiment Milya, tu te fiches de moi j'espère ! s'exclama-t-il visiblement énervé. Il n'y a personne d'autre qui soit autant préparée que toi. Tu vas vite, très vite, m'enlever ces fichues idées qui ont germé dans ta petite tête. Parce que moi, je crois très fort en toi et je sais que tu peux y arriver. Alors tu vas donner tout ce que tu as et adviendra ce qui adviendra, mais crois-moi tu as toutes tes chances.
Je souriais, ému par ces mots. Mon frère a toujours été mon plus grand fan et aujourd'hui encore il me prouve qu'il a confiance en moi et en mes capacités. Et ça, ça me fait chaud au cœur et ça me redonne confiance en moi. C'était peut-être tout ce dont j'avais besoin pour y croire encore un peu. Juste quelqu'un qui pense que je peux y arriver, même quand moi j'en doute.
—Et pour ce que maman a dit hier matin, reprit-il quelques minutes après. Ne l'écoute pas, elle a dit ça sur le coup de l'énervement et de l'inquiétude. C'est ta mère et elle t'aime, elle ne te le montre peut-être pas de la bonne manière. Mais tout ce qu'elle fait et dit, c'est pour toi et dans ton intérêt.
Je le fixai, ne sachant pas quoi dire. Soit c'était moi qui étais trop dure, soit mon frère était d'une naïveté ridicule. Et je penchais plus pour la deuxième option, mon frère jouait les costauds, nous faisant croire que rien ne l'atteignait, mais lui aussi était peiné par le comportement de notre mère. Lui aussi essuyait des remarques régulières, moins violentes que les miennes mais bien présentes. Il essayait juste de faire comme si de rien était, mais son cœur d'enfant avait toujours un espoir que notre mère redevienne comme avant.
—Je n'y crois pas à ça, répondis-je finalement. Ou en tout cas je n'y crois plus. J'aimerais vraiment mais ce n'est pas pour me protéger qu'elle m'interdit de manger et ce n'est pas non plus pour me protéger qu'elle me parle que pour me critiquer. Donc tu as de la chance, ou pas, d'y croire encore, mais moi j'en ai marre d'espérer.
—L'espoir fait vivre Sun.
—Oui, mais quand l'espoir est trop grand, la chute est encore plus douloureuse. Et je me suis ramassée assez de fois.
Après ça, plus personne n'a rien dit jusqu'au gymnase. Chacun était plongé dans ses pensées et ses espoirs de gosse. Quelques minutes plus tard, il se gara et me souhaita bonne chance.
Avant de repartir, il m'interpella une dernière fois.
—Je sais Milya que c'est compliqué, et je suis désolé si j'ai l'air à côté de la plaque. Mais j'essaie juste de faire ce que je peux. C'est quand même notre mère, termina-t-il dans un souffle.
Puis il disparut, me laissant seule avec les doutes qu'il avait instaurés. Ce qu'il dit était vrai, mais ce n'est pas comme ça qu'une mère doit se comporter, et nous on ne doit pas avoir à subir sa méchanceté gratuite. Lui, il l'attend encore. Moi, j'ai arrêté. Et peut-être que c'est ça, grandir. Savoir quand il faut arrêter d'attendre des excuses qui ne viendront jamais.
Sur le parking du gymnase, une quinzaine de voitures étaient garées. Toutes là pour la compétition. On pouvait apercevoir des filles entourées de leurs deux parents, venus les soutenir. Moi, je n'espérais même pas recevoir un message de sa part, sachant qu'elle avait sûrement oublié ou qu'elle s'en fichait.
En avançant je remarquai la voiture de Sève garée, avec elle et son fils à l'intérieur. Je me précipitai vers eux et Nathan m'ayant aperçu, sortit de la voiture pour m'accueillir.
—Alors comment se sent ma championne, me questionna-t-il en me serrant dans ses bras. Prête pour la compète ?
—Toujours avec vous à mes côtés, répondis-je sincèrement.
—C'est parfait, commença ma coach en sortant de la voiture. Je t'explique le programme : on rentre pour se présenter, ensuite on va vers le vestiaire poser nos affaires, puis on rejoint Nathan en salle d'échauffement. Compris, jeune fille ?
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Fall, get up, repeat
RomanceÀ dix-sept ans, Milya vit pour la gymnastique. Ses journées sont rythmées par les entraînements, les compétitions, et les sacrifices qu'elle s'impose pour atteindre un rêve qu'elle est seule à vraiment porter. Chez elle, l'ambiance est plus glaciale...
L'equilibre fragile
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