Milya, 17 ans.
Aujourd'hui c'était le jour de ma compète. J'étais debout depuis 6h30. Le stress et l'envie d'y être ne m'avaient pas laissé beaucoup de repos. Et puis j'avais très faim. Ma mère m'ayant privée de nourriture hier, j'avais donc passé la journée à pleurer, travailler, dormir et fumer.
Heureusement, j'avais mes réserves. Des jus, du chocolat, des raisins secs. Ce n'était pas grand-chose, mais assez pour éviter l'hypoglycémie.
Ce matin j'avais donc fait un footing, mangé un bon petit déjeuner : œufs brouillés, jus d'orange pressé et un yaourt avec flocons d'avoine et myrtilles à l'intérieur. J'avais vérifié une quinzaine de fois mon sac. J'avais pris une douche, coiffé mes cheveux avec deux tresses ramenées en une couette haute. Et maintenant, j'attendais que mon frère se réveille pour m'emmener au gymnase.
Hier il était venu me voir en rentrant du travail, on avait discuté pendant des heures. Je lui avais raconté la soirée, le moment chez Taylor et l'altercation que j'avais eue avec maman. J'avais bien évidemment omis le fait que j'avais fini complètement bourrée. Il était passé par toutes les émotions. L'agacement, d'abord, quand je lui ai parlé de Romin. Puis l'inquiétude. Et enfin, la colère. Il avait essayé de me rassurer, de me consoler, mais rien à faire, les mots avaient été dits, les coups avaient été donnés, c'était trop tard pour réparer quoi que ce soit, le mal avait été fait. Mais pour ne pas l'inquiéter davantage, j'avais souri comme je le faisais à chaque fois. Et il était parti, pensant que j'allais mieux, alors que mes démons étaient toujours présents, plus forts encore, se nourrissant des mots cruels de ma mère.
Aujourd'hui j'avais décidé de les laisser de côté pour me concentrer uniquement sur la gym.
Tu as juste choisi le déni là, ma belle. T'as pas inventé l'eau chaude non plus.
Je fis taire ma petite voix et partis attendre mon frère dans la voiture.
Je sentais mon stress monter doucement. J'avais les mains tremblantes et l'estomac noué. Je ne savais pas si j'étais prête. Mais ce qui était sûr, c'est que je me sentais nulle. Le niveau était très élevé et aucune faute n'était acceptée à ce stade de la compétition. C'étaient les régionales, celles qui nous permettaient de faire les Frances. Et si on gagnait, on pouvait représenter notre pays aux internationales. Mon but ultime. J'y étais arrivée qu'une fois. Et je comptais tout donner aujourd'hui pour réaliser une nouvelle fois mon rêve. Mais je n'étais pas confiante. Mon cerveau me répétait en boucle que je n'avais pas le niveau, que j'allais tomber.
Que j'étais trop grosse.
Mes craintes se multipliaient en même temps que les minutes défilaient. Mon cerveau s'imaginait les pires scénarios possibles. Je sentais la crise d'angoisse pointer le bout de son nez.
Et puis, la portière s'ouvrit. Mon frère s'installa derrière le volant, l'air calme et détendu. Juste ce qu'il me fallait pour reprendre une bouffée d'oxygène.
—Alors ma Sun, comment tu te sens ? me demanda-t-il en insérant la clé dans le contact.
—Ça va, répondis-je, la gorge serrée par l'angoisse.
— Mmh... Je vais te poser la question une dernière fois, Sun. Et cette fois, j'attends la vérité.
Il me lança un regard sévère, m'intimant de lui dire la vérité. Il avait les épaules tendues, le visage crispé et les jointures blanches tant il serrait le volant fort.
—Stressée, énormément, lui dis-je finalement. Je ne me sens absolument pas prête, les autres filles ont dû travailler dix fois plus, elles seront forcément plus fortes.
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Fall, get up, repeat
RomanceÀ dix-sept ans, Milya vit pour la gymnastique. Ses journées sont rythmées par les entraînements, les compétitions, et les sacrifices qu'elle s'impose pour atteindre un rêve qu'elle est seule à vraiment porter. Chez elle, l'ambiance est plus glaciale...
