— Comment vas-tu, ma belle ? Dis donc, tu as changé de look ?

— Elle a un rencard, intervient Sophia.

Je lui fais les gros yeux, ce qui a pour effet de la faire rire.

— Un rendez-vous ? Super ! Tu as raison d'en profiter, je suis sûre qu'il ne pourra pas te résister.

De toute façon il n'a pas le choix.

— Bon, je vous laisse, à bientôt, Corinne. À plus, Sophia.

— Tu m'appelles, hein, lance-t-elle tandis que je passe la porte.

Je pars sans lui répondre. L'appeler ? Pour lui raconter mon rendez-vous ? Jamais ! D'ailleurs, qu'est-ce que j'aurais à lui dire ? Je suis certaine que ça va mal se passer. Il va me trouver nulle, je n'ai jamais rien fait avec un garçon, à part en sixième, quand j'avais onze ans, avec Thibault Merle, qui m'avait coincée sous le préau du collège pour me gober la bouche. Si je devais décrire ce baiser, je dirais que c'était comme si un escargot s'était glissé sur ma langue.

Enfin bref, je suis nullissime !

À part Sophia, personne ne sait que je n'ai jamais eu de petit copain. Forcément, ce n'est pas quelque chose dont on se vante. De nos jours, si tu es encore vierge à treize ans, tu es considérée comme cinglée. Moi, je serais carrément dans la catégorie des aliens.

Quelques garçons se sont déjà intéressés à moi, mais je n'arrivais pas à me laisser aller. Je n'ai jamais eu confiance en moi, je me suis toujours trouvée laide et sans intérêt. Dès que je pense à aller un peu plus loin avec un mec, j'imagine le désastre que cela pourrait être lorsqu'il me verrait nue... Tous mes défauts lui sauteraient aux yeux et il fuirait en courant.

Je ne sais pas comment je vais réussir à rester calme, tout à l'heure, lorsque le moment sera venu. Jamais cet homme ne me fera une remarque désobligeante, vu qu'il est payé pour me satisfaire et me faire sentir hors du commun, mais... si je le dégoûte ? Je le verrai sur son visage. Et il sera encore largement temps de fuir.

Seulement, si même un escort boy ne veut pas de moi, qui me voudra ?

J'arpente le trottoir au pas de course en direction du rendez-vous, un petit café situé dans le 5e. J'ai l'impression d'être en retard, comme d'habitude. Plus le moment approche, plus la boule grossit dans mon ventre. Je suis dans un état second et je refuse de réfléchir.Si je commence à penser à ce que je m'apprête à vivre, je vais faire demi-tour et courir chez Sophia pour dévorer un paquet de crocodiles Haribo.

Lorsque la terrasse du café apparaît, je panique littéralement. Je m'y assieds et commande au serveur un jus d'ananas que je liquide d'une traite. Ma période de jeûne approche et je commence à éradiquer de mon alimentation les sodas et autres boissons trop sucrées.

Je prends une profonde inspiration et m'intime au calme : il faut vraiment que je fasse redescendre la pression, sinon ce sera un désastre.Je jette des coups d'œil frénétiques autour de moi, essayant de repérer ce que Sophia m'a décrit comme un « sexe ambulant ». Très bonne description, je suis certaine que cela va m'aider. Merci Sophia !

Il est presque 19 h 30, en fait je suis à l'heure, mais apparemment pas lui. La terrasse du café est presque vide. Un groupe de trois amies discutent à ma gauche, un mec et une fille se regardent dans le blanc des yeux à ma droite, et un homme qui boit un café est installé quelques tables plus loin.Mon regard s'attarde quelques secondes sur lui. Il est terriblement craquant, mais c'est le genre d'homme tout bonnement inaccessible. Surtout pour une fille comme moi.

La patience n'est pas mon fort. Attendre dans ces conditions, qui plus est attendre ce genre de rendez-vous, est très stressant. Je décide donc de sortir le calepin de mon sac et de faire ce que je sais faire de mieux lorsque l'angoisse me tord le ventre et que j'ai besoin de m'évader : dessiner.

My Escort Love [Sous contrat d'édition]Where stories live. Discover now