Chapitre Neuf

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- Ouais, c'est bien. Maintenant bouge de devant la télé.
Elle lâche un grognement, me regarde outrée et part dans sa chambre en prenant soin de claquer la porte. Je soupire, refais monter Jaxx à mes côtés sur le canapé. Je ne peux empêcher un sourire inondé mes lèvres, j'ai gagné. Mon connard de pote s'est taillé et j'ai eu le dernier mot avec Cly. Je pensais plus que Jack allait être casse-couille et ferait tout pour rester dans le seul but de me faire chier. Mais il est parti, si vite. Je mettais préparer à l'affronter devant ma jolie coloc', j'avais préparé plusieurs arguments qui me sont sortis de la tête depuis mais sur le coup, ils avaient l'air solides. Je reste sur le canapé à regarder la télé jusqu'à quinze heure quand je me rends compte que je n'ai pas mangé ni Clary qui est restée dans sa chambre sans sortir une fois. Et à ce moment, je regrette vraiment que la salle de bain soit reliée par nos chambres. Je me lève et me décide à bouger mon cul. J'ai faim mais la flemme de préparer quoi que ce soit est bien plus grande que le bruit incessant de mon ventre. Je regarde à nouveau la porte de la chambre de Clary et mes pieds m'y amènent tous seuls. Ma main frappe contre le bois de la porte avant que je ne puisse y réfléchir. Je l'entends soupirer. Mais elle ne m'autorise pas à entrer. Je dois bien attendre cinq minutes devant la porte sans bouger. Puis quand je pense avoir été assez ridicule, j'entre. Je la vois allongée sur le lit, son regard au plafond. Elle soupire une nouvelle fois quand elle sait que je suis à l'intérieur mais ne déplace pas son regard. Je referme la porte avant que mon chien ne me suive, je sais que là maintenant, elle n'apprécira pas que Jaxx arrive dans sa chambre et commence à faire le fou. Je m'allonge ensuite à côté d'elle. Je tourne d'abord la tête vers elle, observe son visage. Ses soucirls sont froncés, son maquillage à coulé sous ses yeux, des cernes marquent encore plus que d'habitude la pâleur de son visage, ses joues sont rosies et ses lèvres d'un rose pâle sont pincées. Elle est contrariée et quelque chose la tracasse.
- Qu'est-ce que t'as ?
- Cameron, pas maintenant.
- Si, dis moi.
- T'es un con. Un putain de con.
- Je sais, à part ça ?
- Notre disp... discussion m'a rappelé des trucs dont je voulais pas me souvenir.
- Raconte.
- Si je veux pas m'en souvenir, est-ce que juste tu penses que j'ai envie d'en parler, elle me répond comme si j'étais un débile ?
- Beh, je sais pas, tout le monde dit que parler ça fait du bien.
- Je repense à la Floride.
- La Floride ?
- Ouais, ma vie avant la Californie quoi.
- Oh... Et, hum, à quoi tu penses ? À propos de ta vie en Floride.
- Est-ce que j'ai vraiment cette conversation avec toi ?
De quoi elle me parle là ? Putain, je comprends vraiment, mais vraiment, rien aux meufs.
- Quelle conversation ?
- Celle où je vais te dire tous mes problèmes et tout le baratin.
- Alors oui, on va avoir cette discussion. Et maintenant en plus.
Elle soupire mais un petit sourire vient. Et, clairement, ça me fait ressentir une chaleur dans la poitrine. Juste ce sourire, minime, certe, mais c'est déjà un début. Et je pense pas qu'après j'y aurai droit.
- C'est complètement con en y repensant, tu devrais pas t'embêter avec ça, Cam.
- Non, non, tu te défileras pas.
- Je repensais à ma mère, à mon frère, et mon père et... Et personne.
Bon, je suis con, mais pas à ce point, y a quelqu'un d'autre. Mais avant de pousser on va déjà commencer par le début de la liste.
- Il s'est passé quoi avec ta mère ?
- Je vais sérieusement te parler des problèmes de la famille Ollysen ?
- Oh que oui, tu vas le faire.
Elle rit.
- Ma mère a trompé mon père, elle profitait des voyages d'affaires de mon père pour voir son petit jardinier. Putain, même pas elle essayait de se cacher. Je les ai surpris dans ma cuisine sur le putain d'ilot central. Elle était juste là assise, les jambes écartées et... Putain, j'ai encore l'image dans la tête et je veux juste gerber. Elle a même pas eu la décense de s'excuser ou quoi. Non, elle m'a juste dit le typique "n'en parle pas à ton père, ce sont nos problèmes, je ne veux pas que toi et ton frère vous en méliez". Je lui ai laissée une semaine et j'ai dû le dire à mon père. Et tu sais pas le pire ? Il le savait. Putain, la trahison de ma mère m'a plus touchée moi que lui, alors que c'est lui qui est marié avec bordel. Quand il a vu que ça nous touchait, il est parti s'installer à New-York. Il nous à laisser avec notre salope de mère. Son putain de gigolo est venu habiter à la maison. Ils ont même pas divorcé. Tu te rends compte ? Ils sont encore mariés. Pendant que ma mère fait la pute avec son gigolo dans notre maison familiale, mon père se casse à New-York et mon frère qui trouve ça normal que ma mère se tape un autre mec que son père. Il pense que c'est la faute de mon père, qu'il partait trop souvent en voyage d'affaires, "ça lui pendait au nez", elle mime avec ses doigts. C'est bien la seule fois où je lui en ai mis une. Ça m'a fait du bien si tu savais, j'étais tellement en colère contre eux.
- Tu l'es encore.
- De ?
- Énervée contre eux. Et t'as toutes les raisons de l'être.
- Ouais, ils ont niqué ma famille.
- C'est pour ça que t'es venue ici ? En Californie ?
- Entre autre. C'est une des raisons.
- Qui ?
- Jake Sims.
Je reçois une pique au coeur à l'idée qu'un connard l'a brisée au moment où sa famille se déchirait.
- Qui c'est pour toi ?
- Mon premier et grand amour.
Je reçois une poignée de piques là. Mais cette fois c'est pas de la pitié mais bien de la jalousie qu'elle est pu aimer quelqu'un. Putain pourquoi je pense ça ?
- Il s'est passé quoi avec lui ?
- Pour que tu puisses vraiment comprendre, il faut surtout savoir si t'as déjà vraiment aimé quelqu'un. Aimer du genre plus que toi-même et être prêt à tout pour cette personne.
- Non ça m'est pas arrivé.
Et voilà maintenant je la jalouse elle d'avoir pu ressentir un truc du genre. Putain, je suis pathétique.
- Jake, elle lâche le prénom dans un soupire... Je l'aimais, plus que tout. J'aurai pu donner ma vie pour lui. Il était tellement beau, intelligent, si gentil avec moi, il m'aimait tellement fort aussi. Tout le monde nous jalousait. Je lui ai tout donné. Tout. J'ai fait ma première fois avec lui, elle rougit à sa confession et je peux pas m'empêcher de trouver ça mignon, et je pensais vraiment faire l'amour avec lui jusqu'à la fin de ma vie, aussi pathétique que ça puisse paraître. Je me voyais me marier avec lui, avec des enfants et juste vivre avec lui. J'espérais que ce soit mon premier et mon dernier amour. Je voulais que ce soit mon premier et mon dernier amour. Quand ma famille à commencer à partir en vrille, on a commencé à s'éloigner l'un de l'autre. Je voulais être seule, il avait une mauvaise passe. On avait tous les deux besoin d'air. Et le jour où mon père est parti à New-York, j'étais encore plus détruite que je pouvais déjà être. J'ai voulu le voir, j'avais besoin de lui, plus que de n'importe qui. Je l'ai appelé mais il ne répondait pas alors je suis allée chez lui. Sa mère m'a ouvert. Et juste avec son regard j'ai compris. Elle me l'a confirmé. Et je suis juste tombée devant elle, en pleure.
- Attend il est, je cherche mes mots pour avoir le plus de tact, elle est déjà assez mal, je vois les larmes qui coulent sur son doux visages depuis qu'elle a dit son nom, eum, mort ?
- Quoi ? Non, putain, non ! Il est juste parti. Comme ça, sans un mot, sans un adieu, rien. C'est la pire des ruptures. Je veux dire quand la personne vient te voir et te dit clairement qu'elle ne veut plus rien avoir à faire avec toi. Ça fait mal, mais tu l'acceptes et tu passes à autres choses, t'as pas le choix. Mais quand, comme lui m'a fait, la personne part juste comme ça, t'as toujours le putain d'espoir de le voir revenir, tu peux pas passer à autre chose. T'es raccroché à l'idée qu'il avait besoin d'air et qu'il va revenir. Qu'il sonnera à ta porte, qu'il s'excusera, et qu'il te dira à quel point il t'aime et à quel point tu comptes. J'ai attendu six mois. Plus rien me retenait en Floride, la Californie m'a toujours tentée alors j'ai appelé mon père et je lui ai dit. Il m'a trouvé cet appart et voilà.
- Je sais que c'est pas trop le point à retenir mais juste une question.
- Dis moi tout Cam.
- Avant Jack, il y a eu que Jake, personne d'autres ?
- Non, je me sens enfin prête à profiter, à passer à autre chose. J'ai enfin compris que ça sert à rien d'espérer qu'il revienne, il le fera pas. J'en avais besoin. Après je m'attends pas à ce que tu comprennes, t'as pas encore vécu ça. Le premier amour.
- Ça donne pas tellement envie.
Je grimace et elle rit en essuyant les dernières larmes qui ont coulées. Je la sert contre moi et je sens un sourire apparaître sur ses lèvres. Il réveille une chaleur et un sourire chez moi. Je lui embrasse le front. Et je sens qu'elle est apaisée. Je la regarde et elle est endormie, le sourire aux lèvres. Je ne peux m'empêcher de m'imaginer à la place de ce connard et que jamais je l'aurai laissée partir. J'aurai tout fait pour la garder près de moi. Un tel soleil n'a pas le droit d'être ignoré comme elle l'a été. Promis, Cly, je ne te laisserai jamais.

The Worst HousemateWhere stories live. Discover now