CHAPITRE 52 : Lettre

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Kandinsky Zabolotny

J’ouvris brusquement la porte de ma chambre avant de trouver Alexander allongé sur son lit. Il pianotait sur son téléphone, ne me prêtant aucune attention. Comment avait-il pu ne rien me dire ? Qui d’autre le savait à part moi ? Maya ? Charles ? Tout l’orphelinat ?

Même si j’étais énervé contre lui, je me résignais à me calmer, m’approchant de lui avant de lui sauter dessus. Il poussa un cri de surprise suivi de gémissements de douleur.

—    Depuis quand tu le sais ?

Il fronça les sourcils, essayant dans un premier temps de m’enlever de sur lui sans y parvenir. Il avait sans doute épuisé toute son énergie avec Maya.

Je voulais me la jouer cool et adulte, me pensant capable de discuter de ça sans pleurer.

—    De quoi tu parles ?

—    D’Agathe. Mira m’a vendue la mèche.

Il fut surpris dans un premier temps avant de me soulever soudainement et de me jeter par terre. Il me rejoint sur le sol et un rictus se forma sur mes lèvres lorsque je croisais la fenêtre. Avais-je mal réagi par rapport à elle ?

Je m’en voulais maintenant, je n’avais jamais voulu être violent face à Mira encore moins lui faire peur. En repensant à la manière dont elle s’est crispée lorsque j’ai serré mes poings, j’eus un pincement au cœur.

Pourquoi ?

—    Je sais que tu adorais Agathe et c’est pour ça que je n’ai pas voulu t’en parler tout de suite. Je pensais que tu ne tiendrais pas le coup, je voulais te protéger. C’est dur de faire un deuil.

Alexander s’y connaissait un peu matière de deuil, son père s’était suicidé juste avant qu’il n’atterrisse ici. Il était proche de lui et sa mère à renoncer à l’élever lorsque son père et décédé. C’est pour ça qu’il est ici à l’heure actuelle.

—    Mais elle n’est pas partie sans rien te laisser, ricana-t-il pour détendre l’atmosphère.

Il se leva avant de fouiller sous son oreiller et de me tendre une lettre. Je l’ouvris avant de lire ce qu’il y avait inscrit dessus.

Ah mon petit Kandinsky,

Dire que lorsque tu es arrivé ici, tu étais tout petit. Tu étais si minuscule dans ce landaus, grelotant par ce froid de décembre. Ta mère avait été forte de te laisser ici mais tu l’ais davantage en continuant à vivre et en ayant toujours le sourire.

Je t’ai portée dans mon cœur comme chacun d’entre vous, vous étiez tous comme mes enfants.

J’aurais aimée te voir grandir, te voir devenir un homme grand et fort, surmontant toutes les épreuves difficiles que la vie pourrait te faire vivre cependant ce ne sera pas le cas.

Ne m’en veut pas de ne rien t’avoir dit, les cancers vont et viennent. Certains s’en sortent, d’autre non. Toi, tu fais partie des vainqueurs tout comme Alexander.

S’il te plait Kandinsky fait moi plaisir, arrête de tout manger et fait du sport !

Oh mon grand, je sais que tu pleureras en lisant cette lettre mais il ne faut pas. Le paradis est un monde si chaleureux ! Et, si tu n’arrives pas à te calmer, je suis sûre qu’une certaine fille ici se fera un plaisir de te prendre dans ses bras.

Tu as toujours eu du succès auprès des filles, tout comme l’autre coureur de jupon !

Vous êtes devenus de grand bébé que je dois laisser à présent. Prend soin de toi et surveille bien Alexander !

Je t’aime mon petit glouton,

Agathe.

J’essuyais une larme coulant sur ma joue avec l’impression que mon cœur venait d’enfiler un corset tellement il se serrait. Alexander m’ouvrit les bras et j’y trouvais refuge.

—    Ça va aller, mec.

Je secouais la tête. Je venais de perdre Agathe, bientôt Alexander. J’allais me retrouver sans famille pour la deuxième fois de ma vie. Je voulais qu’il reste ici, comment allais-je faire sans lui ? Qui allait me prodiguer des conseils avec les filles ?

—    Je t’en supplie, ne pars pas, reniflais-je en m’accrochant à lui.

Agathe avait tort, j’étais toujours un enfant. Je n’allais sans doute jamais devenir un homme mais Alexander était mon seul repère ici, s’il disparaissait, comment allais-je faire ?

—    Eh, Kandinsky, m’interpella-t-il en prenant ma mâchoire en coupe. Regarde-moi bien, si tu penses que je vais te laisser ici, tu te mets le doigt là où je pense. Je reviendrais te voir, d’accord ? Et quand tu pourras enfin quitter cet endroit de merde, je serais là. J’aurais accumulé assez d’argent pour me payer une maison et te prendre avec moi.

J’hochais la tête, je voulais le remercier pour tout ce qu’il faisait pour moi mais aucuns mots ne sortis de ma bouche. Deux ans sans lui allaient paraitre si long.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant