Il venait de la mer,
La peau foncée et les yeux clairs
Cheveux châtains où l'eau perlait
Mèches folles au goût salé
Un sourire doux, blanc, léger
Comme l'écume des vagues d'étéIl était un vrai mystère,
À vivre si loin de la terre,
Un corps ondulant, gracile,
Silhouette agile qui se faufile
Au grès des courants, des coraux,
Sous le vent, dans les eauxIl avait des gestes tendres et chaleureux,
Des mains à damner l'âme des dieux
Mais toujours des silences mélodieux,
Il ne parlait qu'avec les yeux
Apaisant comme la brise marine
Larmes d'embruns ou de bruineOn l'apercevait parfois de la plage
Posé sur un rocher gagné à la nage,
L'air à la fois espiègle et sage
Quand perles, sable et coquillages,
Tombaient de ses cheveux à son visage
On admirait la beauté calme et sauvage
De ce garçon venu du largeIl était insaisissable et fuyant
Comme l'eau qui glisse entre les doigts
Vie d'imprévu, vie d'océan
Libre et sans loi,
Il vivait de vague et de vent,
Le chant de la mer était sa voix
Un murmure ample et lent,
Le ciel pour seul toitAlerte et vif, nuits et jours
Il veillait sur les marins des alentours,
Guidant dans les flots déchainés
Les barques fragiles et égarées
Avant de disparaitre sans un regard
Inspirant légendes et histoires
Véritable énigme de la vie,
Secret que la mer a enfoui
Le garçon océanOn a toujours cru qu'il était éternel
Enfant de la mer et du ciel
Qu'il vivrait encore cent vies,
Qu'il vivrait encore cent ans
Bien après qu'on soit parti,
Lui serait là encore longtempsJusqu'au jour où des pêcheurs vagabondant
Sur une mer d'huile, par un beau temps
Ont remonté dans leurs filets
Son corps inerte, inanimé
La peau pâle, les yeux fermés
Le garçon de la mer c'était noyé.
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Feuille Blanche
PoetryLa solitude et le silence ont fait naître ces poèmes, pour combler la feuille blanche.