coup de pouce

Chapitre 4

Tom se tient près de la fenêtre de sa chambre, son regard fixé sur le jardin en contrebas. Il observe les arbres se balancer doucement dans la brise et entend le doux murmure des feuilles. Pourtant, malgré la sérénité qui règne à l'extérieur, son esprit est tourmenté par les pensées tumultueuses qui le hantent. Il imagine la vie qu'il aura lorsque les cours reprendront au collège, où il sera obligé de dormir tous les soirs parmi d'autres élèves. L'idée d'être constamment entouré d'inconnus, de partager un espace de vie commun avec eux, lui semble étrange et intimidante. Des images se bousculent dans son esprit alors qu'il envisage les défis qui l'attendent. Il imagine les conversations bruyantes dans le dortoir, les rires et les chuchotements tard dans la nuit, et se demande s'il parviendra à trouver sa place parmi ses camarades. Tom sourit doucement en regardant les oiseaux voltiger devant la fenêtre de sa chambre. Leurs chants mélodieux remplissent l'air, apportant une touche de légèreté à ses pensées chargées. Il se perd un instant dans leur danse aérienne, s'évadant de ses préoccupations. Une pensée lui traverse l'esprit alors qu'il contemple les oiseaux : s'il vit au collège, il n'entendra plus son père parler de l'honneur de la famille Manuset. Cette idée lui apporte un soulagement inattendu, une sorte de libération des attentes et des pressions familiales qui ont pesé sur ses épaules pendant si longtemps. Il réalise soudain que vivre au collège lui offrira une opportunité unique de se détacher des attentes familiales et de trouver sa propre voie. Plus besoin de se soucier de l'image de la famille ou des comparaisons avec ses prédécesseurs. Au lieu de cela, il pourra se concentrer sur son propre chemin, sur ses propres aspirations et désirs. Tom est tellement absorbé par ses pensées qu'il ne remarque pas tout de suite qu'il est trop penché en avant, à la limite de basculer par la fenêtre ouverte. Soudain, une sensation de vertige le saisit, et il réalise avec horreur la situation dans laquelle il se trouve. Pris de panique, il recule rapidement de quelques pas, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. La peur et l'amusement se mêlent dans son esprit alors qu'il se rend compte à quel point il était proche de faire une chute potentielle. Il laisse échapper un soupir de soulagement mêlé d'un rire nerveux, conscient du danger évité de justesse. Sa mère avait toujours dit qu'il avait tendance à être un peu tête en l'air, mais cette fois-ci, il avait frôlé l'accident de trop près. Tom entend un léger toc à la porte de sa chambre, interrompant ses pensées. Il lève les yeux, surpris, pour voir son père se tenir là, une expression calme et déterminée sur le visage. Un instant d'hésitation le saisit, mais finalement, il se lève et ouvre la porte. Son père entre dans la pièce, refermant la porte derrière lui, et s'assoit sur le bord du lit de Tom. Il prend une profonde inspiration avant de parler, son ton empreint de calme et de patience. 

-Tom, je voulais juste te parler un moment, commence-t-il, son regard cherchant celui de son fils.

Le garçon se sent tendu, ne sachant pas trop à quoi s'attendre. Il hoche la tête en signe d'approbation, invitant son père à continuer. Son cœur bat la chamade dans sa poitrine alors qu'il se prépare mentalement à ce qui va suivre. Il écoute attentivement son père, un mélange de nervosité et d'appréhension tourbillonnant dans son esprit. Il sent le regard scrutateur de son père posé sur lui, attendant sa réponse avec impatience.

 -Tom, je veux que tu saches que je suis toujours inquiet pour ton avenir, surtout après avoir vu ce résultat en anglais. Je veux juste comprendre ce que tu envisages de faire plus tard. Quels sont tes projets ?

à ces mots, son fils sent la pression monter en lui. Il sait que cette question est importante, qu'elle concerne son avenir. Mais en ce moment, il se sent perdu, dépassé par les événements. Il hésite, cherchant désespérément une réponse qui lui échappe.

-Je... je ne sais pas vraiment, finit-il par répondre, sa voix vacillant légèrement. Je veux dire... je n'ai pas vraiment réfléchi à ça.

Son père le regarde avec un mélange de surprise et d'incompréhension. 

-Tu n'as pas réfléchi à ça ?Répète-t-il, ses sourcils se fronçant légèrement.

Tom baisse les yeux, se sentant mal à l'aise sous le regard scrutateur de son père. Pour l'instant, il se sent simplement perdu, incertain de ce qu'il veut vraiment faire de sa vie.

-Je suis désolé, papa", murmure-t-il finalement.  Mais pour l'instant, je ne sais tout simplement pas.

Son père soupire, semblant à la fois frustré et déçu. 

- Je veux juste que tu comprennes que tu as un potentiel énorme. Tu es capable de grandes choses, mais tu dois te fixer des objectifs, des buts à atteindre. Tu dois avoir une vision claire de ce que tu veux dans la vie.  

Tom se replonge dans ses souvenirs d'enfance, se remémorant les rêves qu'il avait autrefois. Il se souvient de la fascination qu'il éprouvait pour les pompiers, avec leur courage et leur dévouement à sauver des vies. Mais alors que son père évoque des carrières prestigieuses telles que médecin ou ingénieur, Tom sent une réticence grandir en lui. Son père exprime son désir de le voir suivre ses pas dans le domaine de la médecine ou choisir une voie tout aussi prestigieuse. Mais Tom sent qu'il doit exprimer ses propres désirs, même s'ils divergent des attentes familiales. Avec fermeté, il regarde son père dans les yeux et déclare :

-Papa, je comprends que tu te préoccupe de mon avenir. Mais pour l'instant, tout ce qui m'importe, c'est de profiter de l'instant présent et d'aider les autres à réaliser leurs rêves.

Le visage du père de Tom se durcit, ses sourcils se fronçant tandis qu'une lueur d'irritation traverse ses yeux. Il semble bouillir d'exaspération.

-Tom, écoute-moi bien, commence-t-il d'une voix sévère. Je ne peux pas croire que tu envisages sérieusement de gaspiller ton potentiel en poursuivant une idée aussi futile. Aider les autres à réaliser leurs rêves ? Quelle absurdité !

Tom est pris au dépourvu par la soudaine explosion de colère de son père. Il sent son estomac se nouer alors qu'il fait face à l'hostilité palpable de son père.

-Mais papa, je...

-Non, Tom, tu ne comprends pas , réplique son père d'une voix autoritaire. Tu as une chance unique d'avoir un impact sur ce monde, de faire quelque chose de grand. Et tu veux gaspiller tout ça en poursuivant des rêves irréalisables ? Je pense qu'il vaut mieux que je prenne l'air dit-il d'une voix tendue.

Sans un regard en arrière, il quitte la chambre de Tom, laissant un silence lourd dans son sillage.