Cendres

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Les cendres qui tombent du ciel, échappées des flammes du soleil lui-même, semblent pleurer sur un monde en déclin. Chacune de ces cendres raconte une histoire de chute.

Sous ce disque céleste, teinté d'un rouge sanguin, 99% de l'humanité s'est éteinte. L'astre solaire témoigne de la furie avec laquelle notre planète brûle. Mais même face à l'effondrement, la quête de la paix reste un rêve insolent.

Les vestiges d'anciennes civilisations émergent parfois du sable, témoignant d'une époque révolue où l'humanité croyait en un avenir radieux. Ces ruines, maintenant des totems de notre hubris, servent de rappel constant de notre chute.

Les survivants, réfugiés dans des cités-bulles auto-suffisantes, regardent avec mélancolie et effroi ces territoires abandonnés, craignant ce qui pourrait s'y cacher, ou se demandant : comment cela a-t-il pu arriver ?

Entre les cendres, une Veilleuse, Aifos, allongée à plat ventre, sniper en main, seule :
"Nous avons façonné notre propre apocalypse..." pense-t-elle, témoin de ses ancêtres. Un constat amer pour celle qui n'a connu que les ruines de la civilisation d'après l'effondrement.

Puis, dans l'instant où le silence est brisé par un fracas, une vie s'éteint sous son œil froid. Le choc du tir résonne tandis que l'âme de Nein, un Veilleur également, s'échappe, libérée par la précision mortelle de son sniper. Elle recharge, plus par habitude que par nécessité, le désert étant son seul témoin.

Ici, les dangers sont d'une nature plus sauvage ; scorpions géants, aux airs de primates, lion-chimpanzés, agiles et affamés, guettent dans l'ombre.

Alors qu'Aifos range son arme, une onde psychique l'assaille - un écho émotionnel d'un cœur brisé, découvrant le corps qu'elle vient de faucher.

Elle saute sur sa mécha-bécane, le moteur gronde à la vie, et elle s'éloigne, fuyant les répercussions de son acte. Provenant d'autrui, des vagues de tristesse et de colère l'envahissent, soulevant des questions sans réponse.

Soudain, une silhouette émerge des vapeurs de chaleur :

"Qu'as-tu fait ?! Pourquoi ? Nein n'avait rien fait !"

La confrontation est inévitable.

"Il me poursuivait. Ce n'est pas ton affaire. Écarte-toi."

"Aifos, je t'en prie, reviens à la raison, rentre à la maison !"

"Jamais, Miranda. J'ai choisi l'extrême inverse"

" S'il te plaît, ne le fais pas pour les Veilleurs, ni pour l'UAP... Fais-le pour moi. "

"Je t'ai tant aimé Miranda... mais je ne pourrais jamais pardonner à l'UAP."

"Et tu nous condamnes tous ?"

"Seulement ceux qui me traquent."

"Mais notre essence même est en jeu ! Pense à ce que dirait Erèp !"

"Nos choix sont faits. Pars ou meurs."

"Je choisirai la mort."

"Adieu, alors, Miranda. Merci d'avoir été là."

"Tais-toi et tire... rappelle-toi juste que, moi aussi, je t'ai aimée."

Le crépuscule se fond dans une froide obscurité métallique, où chaque étoile semble une larme gelée sur le visage du ciel.

Sous le voile nocturne, Aifos s'échappe, essence et acier mêlés, dans un souffle froid qui effleure et ne guérit pas.

La mécha-bécane gronde, paysages flous sous l'étreinte de la nuit, pensées en tumulte, combat silencieux entre être et devoir être.

Aifos : Sous le voile du soleil rougeWhere stories live. Discover now