Argent et sang [Bucky Barnes]

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«Sunday morning, hands over my knees in a room full of faces, I'm sorry if I sound off, but I was probably wasted and didn't feel so good, head full of whiskey but l always deliver»
American Dream
Ethel Cain

Accompagnée par Andre, Neel ne fléchit pas lorsque la police vint la voir pour lui apprendre qu'on avait retrouvé le corps de son père. Elle s'efforça d'avoir une réaction en entendant cette nouvelle, mais elle s'en doutait, alors elle soupira. Les policiers ne restèrent pas longtemps, et quand ils quittèrent son bureau, la femme vida son verre de whisky.

"Le dossier est prêt ?", demanda cette dernière
"Oui, mademoiselle"
"J'irai me rendre demain", déclara Neel en se resservant un verre. "Réservez l'hôtel le plus cher pour Bucky et moi, ce soir. Dès ce soir, videz mes comptes et mettez tout sur celui de maman. Mettez Al à mon poste de directrice."
"Vous n'êtes pas obligée", insista Andre, sourcils froncés
"Faut bien que je paye pour ce que j'ai fais", rétorqua la femme avec un rictus malicieux attristé

Andre n'eut pas la force de répliquer, et il secoua la tête en la voyant quitter le bureau.

Neel se dirigeait vers chez elle, et alors qu'elle passait la porte, Mia sauta dans ses bras, en sanglotant.

"Me laisse pas tomber !"
"Ne t'en fais pas, je m'occupe de tout"

L'ainée offrit un baiser sur le front à la blonde qui quitta la pièce en courant, pleurant toujours à chaudes larmes. Neel s'avança dans la maison, croisant sa mère, qui lui souriait tristement, et sa fille lui offrit un rictus éclatant, qui semblait lui dire que tout irait bien.

"Viens là", l'invita sa mère, et Neel enlaça son corps, les yeux clos. "Je suis fière de toi", ajouta Catherine
"Sois fière de Mia, c'est elle qui survit à tout ça"
"Tu vas gâcher ta vie pour elle", constata t elle avec amertume

La femme d'affaire haussa les épaules.

"Maman, ce soir, je serai avec un homme", avoua celle ci,"je le côtoie depuis peu, mais...je sens que c'est le bon. Si vous rencontrez le moindre souci, il sera là."
"Comment s'appelle t il ?", s'intéressa Catherine en la tirant vers le canapé
"James. Mais appelle le Bucky"

Sans trop savoir quoi, Neel vit les yeux embués de sa mère, qui demanda plus de détails.

"C'était un collaborateur, habituellement, mais un jour, tout a changé. Depuis, il est là pour moi, il est si merveilleux, si tu savais maman."
"Il a l'air. Amuse toi bien ce soir chérie. Je suis là, n'oublie pas"

Elle hocha vivement la tête, puis quitta le canapé, pour rejoindre sa chambre. Pour ce soir, il lui fallait sa robe la plus belle, et après de longues minutes d'hésitation, elle opta pour une robe longue rouge vive, et des talons de la même couleur. Puis, Neel se glissa dans la salle de bain, dans laquelle elle se laissa couler un bain. Dans l'eau qu'elle avait parfumé de fleur de cerisier, la femme d'affaire soupira. Etait elle prête à dire adieu à tout ce qu'elle avait construit ?

Ce jour était bien censé arriver, elle l'avait toujours su. Même mort, son père lui gâchait la vie.

Elle se remémora de ces derniers instants avec lui : il avait été fidèle à lui même, buvant comme un trou, s'agaçant de tout. La rentrée tardive de Neel ne l'avait pas calmé, au contraire, et sa colère s'était transformée en violence, de poing en poing, de pots de fleurs jetés sur son corps.

"Arrête", avait elle ordonnée, mais cela n'avait rien changé et alors qu'il s'apprêtait à balancer un énième objet, un couteau l'avait poignardé, traversant son torse comme une feuille de papier. Neel avait hurlé, main sur la bouche, et avait constaté que c'était Mia qui l'avait sauvé. Mais elle paraissait si peu sous le choc, si consciente de son geste, que c'était finalement les cris de sa sœur qui avait fait mouvoir ses pupilles d'un air agacé.

"Pourquoi t'as fais ça, bon sang !" vociféra Neel, en sentant les larmes couler le long de ses joues
"Vous faisiez trop de bruit", prononça sa sœur en reprenant sa lutte acharnée sur le corps de son père, le traversant de son couteau partout
"Arrête !", répéta l'ainée en retenant sa sœur.

Neel se laissa couler dans le bain, en se rappelant de l'appel qu'elle avait passé à Andre, qui était aussitôt arrivé.

"Il faut cacher le corps, Mia doit jamais aller en prison !"

L'homme de main avait bien comprit sa consigne, et avait appelé madame Catherine, qui s'était occupée de ses filles. Dans la suite de la semaine, elles avaient signalé la disparition du père, puis l'ainée avait élaboré son plan :

"Si jamais Père est retrouvé, je me désignerai comme la coupable. Avec Andre, on inventera des preuves, une histoire, mais il est hors de question que Mia aille en prison"

A cette phrase, la concernée avait enlacé sa sœur, qui avait souri. Elle ne pourrait jamais abandonner sa famille.

Et maintenant, il était l'heure d'honorer cette promesse, songea t elle en quittant son bain, pour rejoindre sa chambre. Elle s'y habilla, s'y coiffa, s'y maquilla et s'y parfuma. C'était le moment d'aller à l'hôtel.