Chapitre 10 : Adaptation.

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Chapitre 10.1 : Adaptation.

— Ha ! Julia ! On m'a dit que vous êtes devenue une héroïne !

Julia ne put réprimer un rire face aux paroles de la Comtesse Duval. Elle et son mari venaient d'arriver au château de Chantilly ce jour-là, une invitation tout à fait conventionnelle de la part des De Villiers, toujours ravis de revoir leur fille se promener dans les couloirs de leur vaste demeure.

— Non, Madame. Tout le monde exagère à ce sujet. 

La Comtesse sourit à Julia, se plaçant devant le miroir pour être habillée. Julia s'approcha et entreprit de lui retirer sa chemise de nuit. C'était amusant. Elle, qui avait vécu une existence morne depuis son arrivée à Chantilly, se sentait soudain plus heureuse que jamais en l'espace de quelques jours seulement. Les domestiques avaient complètement changé leur attitude envers elle. Ils riaient avec elle, l'intégraient dans les conversations, et il semblait qu'enfin, ils se rendaient compte qu'elle pouvait être amusante, gentille et intéressante. Seules quelques personnes semblaient rester impassible à ses charmes, à commencer par Elise Dupuis, qui, malgré qu'elle lui ait littéralement sauvé la vie, semblait ne pas avoir changé d'opinion sur elle. Mais ses amies, comme Marie Martinet ou Anne Lefebvre, étaient bien trop reconnaissantes pour continuer à l'ignorer davantage.

— Apparemment, les quartiers des femmes ont été en partie détruits... Votre chambre, entre autres. Où dormez vous ? interrogea Madame Duval avec curiosité.

Julia sourit. Elle adorait cette femme, perspicace et élégante, qu'elle trouvait admirable. C'était une femme rebelle, et elle ne pensait pas cela seulement parce qu'elle l'avait vu dans les couloirs à une heure tardive, certainement entrain de quitter la chambre d'un amant. Non, elle était spéciale.

Depuis qu'elle avait exigé que la gouvernante soit sa femme de chambre attitrée, elle l'appelait par son prénom, comme si elle était une vieille amie, et elle appréciait cela. Elle appréciait chaque visite de la Comtesse à Chantilly. Plus le temps passait, plus elle se rendait compte que la famille De Villiers était exceptionnelle. Charles et Eléonore De Villiers étaient de véritables personnes charmantes, selon elle. Edouard De Villiers était également généreux et compréhensif. Seule Marianne De Villiers semblait toujours vivre dans l'optique qu'elle était supérieure à tous. C'était du moins l'impression que Julia avait à chaque interaction avec la maîtresse de maison.

— Oui, ma chambre a été détruite. Je dors dans la chambre de Mademoiselle Pauline Lambert.

— Oh... ça doit être le froid nordique dans cette chambre !

— Madame ! rit Julia, ne pouvant qu'être d'accord avec elle.

— Mais enfin, c'est vrai. Cette femme vous déteste. Vous le savez, n'est-ce pas ?

— J'avais cru comprendre...

Julia se pencha vers la coiffeuse, récupérant le collier familial, lourd et contraignant, que la Comtesse avait placé en évidence. Elle retourna derrière la femme pour attacher le collier autour de son cou avec délicatesse.

— Elle était pourtant gentille lorsque je l'avais rencontrée...

— Mademoiselle Lambert est toujours gentille. Jusqu'à ce qu'on lui vole dans les plumes.

Julia rencontra le regard de Madame Duval dans le miroir. Que voulait elle dire ?

— Que voulez-vous dire ?

— Vous lui avez pris sa place. Pauline Lambert aspirait clairement à devenir gouvernante. C'était probablement pour cela qu'elle est restée si longtemps chez nous en tant que simple femme de chambre. Madame Dubois était vieille, elle attendait patiemment son départ, puis vous avez débarqué. Jeune, jolie, intelligente et la tête sur les épaules.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéWhere stories live. Discover now