Chapitre 5 : Incompréhension.

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Chapitre 5.1 : Incompréhension.

         Charles plissa les yeux sous l'éclat du soleil, le froid mordant dans l'air tandis que le temps radieux s'étendait devant lui, offrant un moment parfait pour la chasse. Un fusil de chasse à canon lisse reposait avec élégance sur son bras, attaché par une lanière. Charles marchait rapidement à travers la forêt, juste aux abords du Domaine de Chantilly. Son valet de pied attitré, Albert Fontenay, un homme d'une quarantaine d'années, le suivait en hâte. Leur manque de points communs et les rares échanges entre eux, faisait regretter à Charles que son père et lui n'aient pas échangé de valet de pied. Aurait-il mieux été assorti avec Monsieur Bellamy?

S'exclamant, Charles pointa vers un oiseau dans le ciel. Levant son fusil, il tira, manquant sa cible, puis tendit la main. Fontenay lui remit immédiatement le deuxième fusil qu'il portait, prêt à être utilisé. Charles visa de nouveau, tira, mais manqua encore sa cible. Pendant ce temps, il entendit son valet recharger le premier fusil, la cartouche vide résonnant sur le sol avec un son sourd de parchemin.

— Mince ! s'exclama Charles en baissant son fusil, tournant son regard vers Fontenay avec un sourire. Au moins, son valet faisait un excellent garde-chasse.

Depuis que Madame Dubois avait quitté définitivement Chantilly il y a deux mois pour vivre ses vieux jours dans un endroit tranquille, fourni par Edouard De Villiers lui-même avec reconnaissance, son père était devenu beaucoup plus sévère. Était ce réellement à cause du départ d'Henriette Dubois? Charles n'en était pas certain. Il associait simplement son départ à la sévérité croissante de son père, cherchant à définir une chronologie dans son esprit.

Cette sévérité se manifestait de différentes manières, comme le refus d'organiser des parties de chasse. Cependant, cela n'arrêtait pas Charles, pour qui la chasse demeurait une passion inaltérable. Même si cela signifiait chasser seul et prendre son valet comme garde-chasse, il était prêt à le faire, comme en cet instant.

Heureusement pour lui, ses parents restaient des bourgeois, malgré leurs propos alarmistes sur la situation du pays, et les soirées et dîners mondains étaient toujours de mise plusieurs fois par semaines. Cela lui permettait de passé le temps.

— Nous rentrons, Fontenay. Je ne suis pas bon aujourd'hui.

— Bien, Monsieur.

Lorsque Charles franchit majestueusement la grande porte du château, il donna l'autorisation à Monsieur Fontenay de se retirer. Ce dernier s'inclina respectueusement et se hâta de passer par la porte de service. Prêt à traverser le seuil séparant le hall imposant de la salle de réception, il perçut le léger grincement de la porte de l'office qui s'entrouvrait doucement, quelque peu éloignée derrière lui. Intrigué, il pivota sur ses talons, et son cœur manqua un battement. Un léger sourire éclaira son visage, ses doigts se serrant délicatement alors qu'une pointe de piqûre le titillait.

Charles se retourna complètement et se dirigea lentement vers l'entrée du hall qu'il venait tout juste de quitter. Il observa Mademoiselle Leclaircie, les yeux fixés sur le parquet en bois, une expression de mystère flottant sur son visage. À son tour, il baissa les yeux et se frappa mentalement le front en remarquant les traces de boue qu'il avait laissées sur le sol impeccable.

— Oh, excusez moi, Mademoiselle Leclaircie... Je n'ai pas fait attention. Laissez moi arranger cela !

Surprise, la jeune gouvernante releva les yeux vers Charles et lui offrit un sourire.

— Non, Monsieur. C'est notre travail.

Le jeune homme sourit, embarrassé.

— Oui, mais ce n'est pas une raison pour vous rajouter du travail, avança-t-il en se plaçant juste devant elle.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant