— Bon, reprit Alex. Je ne trempe pas dans votre combine par esprit romantique. Je me fiche complètement de Nina et Arthur. Mais je pense moi aussi que l'occasion est trop belle, si et seulement si vous êtes déterminés à la saisir.

Elle se tut, les dévisagea l'un puis l'autre.

— Est-ce que vous êtes déterminés à la saisir ?

— Quel est l'objectif ? demanda Hector.

— Le plan que tu as exposé dans les douches m'a paru se tenir, mais détruire tout doit passer avant la libération, très hypothétique, de Nina et d'Arthur.

— Tu penses qu'Arthur est vivant.

— Je pense qu'il y a des chances, oui. Miles est sentimental et cruel. Et il déteste qu'on lui tienne tête. Il a un compte à régler avec la souche d'Arthur et avec cet Arthur lui-même. Donc, oui, je pense qu'il existe une probabilité, peu élevée mais réelle, qu'il soit toujours vivant. Ce qui ne veut pas dire que sa libération doit devenir une priorité.

Elle s'appuya à son bureau, croisa les bras.

— Le gala de ce soir commence à dix-huit heures. On boit, on bavarde, quelques discours, on mange des petits fours, musique choisie, interviews... Miles va faire une déclaration, tout le monde s'interroge sur sa teneur, certains murmurent que ça pourrait être plus spectaculaire que des modifications cosmétiques dans le Tournoi ou l'ajout de héros copyrightés dont il aurait négocié les droits. Bref, on s'en fiche. À vingt heures, le Duel commence. Deux sont prévus sur la soirée. Nos informateurs nous ont relayé qu'Achille, Hector, Lancelot et Rodrigue seraient alignés. Les chances qu'Achille contre Hector soit la première affiche sont élevées. C'est une opposition populaire, classique, avec des enjeux clairs, des groupes de soutien très motivés. Là aussi, peu importe. Votre objectif doit être la chute complète de leur organisation, pas juste la sauvegarde d'une EBA ou l'autre. Comment dit-on... Il faut sacrifier des soldats pour gagner la guerre. Rappelez-vous qu'il en reste mille dans leurs entrepôts. Ce sont ces mille-là que vous voulez sauver.

— Détruire, corrigea Hector, peu dupe de ce discours.

— C'est la même chose.

Elle le fixa droit dans les yeux, le mettant au défi de la contredire.

— C'est important que nous soyons sur la même longueur d'ondes, Hector, à cet égard. Le but n'est pas, ne sera jamais, ne peut pas être, de protéger ces corps vides. Le but est de les détruire avant qu'ils ne soient investis d'une personnalité factice. Même si c'est la tienne et qu'elle te plait. Tu as vécu, tu n'es plus un réceptacle. Mais ils le sont, tous. Ils ne peuvent pas exister. Ils n'existent d'ailleurs pas. Si tu ne peux pas t'engager sur ce point, alors je te ramène dans ta chambre. Et ne me regarde pas avec cette mine qui veut dire : je te tordrai le cou avant que tu bouges, sorcière. Ta survie dépend de moi. De ce que je peux t'injecter pour empêcher Miles de te renvoyer dans les limbes.

Hector cligna des yeux, surpris par la menace, tandis qu'elle tapotait le tube rempli de liquide de sa seringue.

— Je ne suis pas tiré d'affaire.

— Tu ne le seras jamais. Tu dépendras toujours de mon sérum pour contrecarrer ce qui se trouve dans ton système et cherche à t'abattre.

Il croisa les bras, relâcha sa respiration. Leur lien de subordination était clair. Un héros, la déesse qui déroulait le fil de son destin.

— Comment détruire ces corps, alors ?

— Ce n'est pas votre problème. Votre problème est de créer suffisamment de désordre pour gâcher la soirée.

Les Héros de Rien (en cours)Where stories live. Discover now