17. Opportunité

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Hector suivit Arthur dans la chambre pour inspecter le fruit de son larcin. Bien qu'il conserve le sourire, s'exprime avec légèreté, le Breton conservait la sensation que l'humeur du Troyen s'était assombrie. Il ne savait pas si c'était dû au cheminement de sa pensée ou s'il avait découvert quelque chose au cours de sa fouille. Il l'interrogea mais, face à ses dénégations légères, renonça à forcer l'aveu. Le prince valida son butin.

Witch leur annonça peu après que le lavage des vêtements avait pris fin. Tandis qu'Arthur revêtait sa tunique remise à neuf, douce, sèche et dégageant un étrange parfum de lavande frelatée, Hector inspectait l'artefact comme s'il avait été capable d'en percer les secrets. Pendant ce temps, Arthur retrouva les deux manteaux noirs que Nina leur avait fournis dans leur fuite. Ils constitueraient des capes parfaites pour cheminer dans la nuit.

Une mélodie de trois notes se répéta soudain, attirant leur attention.

— Livraison Wesh-Fresh, dans... deux minutes... cinquante-quatre secondes... Merci de vous rendre à la porte pour réception.

Arthur croisa le regard d'Hector, qui émergeait de la salle d'ablutions. Le Troyen haussa les épaules puis se dirigea vers l'entrée, le roi breton dans son sillage. Pendant une seconde, Arthur se demanda s'il aurait dû prendre son couteau. Ils demeurèrent l'un et l'autre immobiles, face à la porte, attendant quelque chose, ils ne savaient pas quoi.

— Livraison Wesh-Fresh dans... trente-six secondes... trente-trois...

L'encadrement de la porte s'illumina de vert, puis un son aigu retentit. Par réflexe, Arthur se boucha les oreilles.

— Déblocage.

La porte émit un cliquetis. Hector jeta un coup d'oeil à Arthur puis se pencha pour ouvrir la poignée. Derrière, dans le couloir illuminé, se trouvait un jeune homme dans un étrange uniforme rouge et blanc. Il portait une caisse d'un seul bras, et jeta un oeil sur sa main, avant de lever les yeux vers Hector.

— Quelque chose me dit que vous n'êtes pas Nina Sandholm.

— Elle s'est absentée, déclara Hector avec maîtrise.

— Voilà pour vous.

L'inconnu tendit sa caisse au prince troyen, qui la prit.

— Il me faut une signature.

Hector jeta un oeil vers Arthur. Ce dernier lui retourna une grimace.

— Ici.

Le colporteur leur tendait une plaque grise et luisante, qui n'était pas sans rappeler le miroir magique où Arthur avait contemplé son trépas. Hector hésita puis y posa le pouce.

— Parfait, annonça le jeune homme. Bonne journée, tout ça.

— Bonne journée, murmura Hector, interdit.

L'étranger s'éloignait déjà dans le couloir et ouvrit une porte un peu plus loin. Son pas s'anima du staccato des escaliers qu'il descendait. Hector restait figé dans l'embrasure du corridor.

— Pour maintenir une température optimale et une qualité d'air supérieure dans votre appartement, il est conseillé de ne pas garder la porte ouverte plus de quatre minutes, commenta Witch.

Le Troyen frissonna.

— Arthur. Va chercher nos affaires.

Le jeune roi ne se le fit pas répéter deux fois.

Witch ne les suivit pas hors de l'appartement. Une fois la porte refermée, sa voix consternée se tut. Arthur fut surpris, mais aussi soulagé, qu'elle ne puisse les suivre. Ils remontèrent le couloir à pas pressés, dépassant les portes les unes après les autres, puis se glissèrent dans la cage d'escaliers. Ils cheminèrent dans la pénombre et ne croisèrent personne. Deux volées de marches plus bas, ils trouvèrent une porte marquée d'un deux, puis poursuivirent vers ce qu'ils espéraient, bientôt, être le sol. De deux en un, de un en zéro. L'escalier continuait plus bas mais une vitre dévoilait la lumière et Hector se laissa guider comme un papillon. Ils débouchèrent dans un vaste hall, ne s'y arrêtèrent pas, poussèrent une paroi de verre, et la brise les accueillit, sauvage et glaciale.

Les Héros de Rien (en cours)Where stories live. Discover now