Première partie

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JUDITH

Le courage, c'est de traverser tout nu un village de cannibales. Ou plutôt de traverser une marrée remplie de rire hautains et de sourires méprisants. C'est comme ça que je le comprenais.

Mes yeux bruns observant l'affiche qui se trouvait devant moi. Mes sourcils noirs s'inclinaient, l'air douteuse et sûre. Ils ne comprenaient rien du tout.

TU N'ES PAS SEUL

En quoi la solitude était-ce un problème ? Était-ce un danger ? Était-ce un mal ? Je ne comprenais plus ce monde...Pourtant, mon esprit était bien d'accord avec ces mots qui décoraient le papier rouge : Je ne suis pas seul. Il le fallait, il le fallait. Ma main moite se dirigea vers la poche de mon sweat, sortant mon téléphone avant de composer le numéro d'aide. Peut-être que le silence devrait s'éloigner de mes lèvres, non ?

— T'es sérieuse !

La voix d'un garçon se faufila dans mes oreilles avant de propager un sursaut dans mon corps, mes mains s'agrippaient à l'affiche. Mon corps basculé vers le mur, j'étais à deux doigts de me ramasser l'affiche en pleine figure. Qui était ce stupide qui m'a fait peur ?

— Je vois que tu as changé d'avis, ria-t-il.

Je me redressai avant de me tourner lentement vers l'individu. Oh...Le garçon au bonnet rouge...Un petit sourire gêné se forma sur mes lèvres avant de reprendre attention sur l'affiche alors qu'un silence insupportable nous couvrait. En observant cette affiche, mes yeux semblaient visualiser des têtes. Déformées. Horribles. Triste. Collées, serrées, se dévisageant. Comme si le papier bougeait et démontrait le message.

— C'est vraiment stupide !

Sa remarque me rappela son existence. Je rajustai mon sac et observai l'affiche.

— Comment ça ?

— Ce qu'il nous raconte, c'est juste pour que nos oreilles soient envoutées par cela et qu'on s'y plonge avant d'effectuer ce qu'ils nous demandent !

Mes yeux le détaillaient, aucune mèche ne dépassait son bonnet. Aucune. Son regard de tuerie dévisageait l'annonce, son bras droit, ornés de bleus, de cicatrices. Grands, horribles, petits, dégoutants, visqueux. La douleur traversait son corps alors que son visage y montrait un aspect dégouté, neutre. La souffrance.

— Tu veux dire que ceux qui ont mis cette affiche nous mentent ?

Les mains dans les poches de son jean, il émit un petit rire alors que ses yeux océans me fixent comme s'il était plus grand que moi.

— Tu n'es pas réveillée

— C'est plutôt toi, je rétorquai, vu que je me tiens en face de toi, éveillée !, je croisai les bras et m'approchai, un peu fière de moi.

Un sourire s'afficha sur ses lèvres pulpeuses avant qu'il ne secouât de la tête. Il pensait que j'étais stupide. Il sortit de sa poche une bombe de peinture et décora l'affiche d'une phrase couleur violet : JE NE PENSE PAS.

— Tu n'es pas réveillé, il répéta de nouveau, sûr de lui, avant de s'éloigner. 

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