Sunrise

𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 5 : 𝑂𝑣𝑒𝑟𝑡𝑖𝑚𝑒

— Alors, il est comment ?

Alexeï fait négligemment tourner sur lui-même le siège de bureau à ma droite. Les mains croisées dans sa nuque, il regarde le plafond.

— Qui ?

J'entrouvre à peine les lèvres pour lui répondre, focalisée sur l'expression d'Aarnas lors d'un dialogue du chapitre 2, à savoir : la surprise. J'essaie de rendre cette émotion réaliste, mais à force de voir et revoir ce visage et cette scène depuis des heures, j'ai perdu de vue ce qui l'est ou non.

Il est 20 heures et je suis loin d'avoir terminé les tâches que je m'étais attribuées aujourd'hui. Je me dresse chaque jour un planning strict sur ce que je dois faire pour ne pas prendre trop de retard. Mais l'arrivée de ce très cher Eren Jaeger à tout bouleversé. Je vais devoir faire un paquet d'heures supplémentaires pour pouvoir rattraper le temps que je perds avec lui.

— Eren Jaeger.

Oh, il est tempétueux, affable, sournois, perfide et indigne de confiance.

— Je l'ai pas assez côtoyé pour le savoir.

— Et avec le peu que t'as vu, t'en penses quoi ?

Je recule mon fauteuil et étire mes bras devant moi en soupirant.

— Il était intéressé et observateur. Il posait des questions pertinentes et prenait des notes sur son téléphone.

Je ne vais pas mentir juste parce que ma petite personne souhaite être débarrassée de cet insecte envahissant son espace personnel. J'ai un sale caractère et je suis peut-être difficile à vivre, mais je ne suis pas une garce égocentrique.

— C'est un bon début, approuve Alexeï.

Il passe la main dans ses cheveux bouclés puis la laisse glisser sur son visage.

— J'espère qu'il fera l'affaire, soupire-t-il. Il est un peu notre dernière chance.

Je sais bien, Alex. Je sais bien. C'est bien pour ça que je garde mon clapet fermé le concernant.

— J'espère aussi, je réponds plutôt. Il t'a fait écouté ce qu'il compose ?

— Oui, bien sûr. Je ne l'aurais pas présenté à mon frère s'il était naze.

Il sort son téléphone de la poche de son jean.

— Tiens, écoutes.

Une mélodie douce et lente se déverse depuis le haut-parleur du téléphone. Quelques notes de piano ouvrent, véhiculant une ambiance mystérieuse et peut-être un peu fantastique. C'est paisible. En seulement quelques secondes, je suis happée par cet air et je me laisse transporter. Peu à peu, d'autres instruments viennent rejoindre le premier. Dans une harmonie parfaite je reconnais violon, batterie, instruments à vents et d'autres encore dont je ne connais pas le nom. L'ensemble est cohérent, mélodieux. La synchronisation est parfaite.

J'ai l'impression d'entendre un orchestre symphonique. Des cœurs viennent même se joindre à l'ensemble sur la fin du morceau.

Je suis vraiment estomaquée. C'est du travail de professionnel. C'est de l'art. C'est magique.

— Il... fait ça tout seul ?

Alexeï hoche la tête fièrement.

— Co-comment ?

— Il a des logiciels. Et beaucoup de talent.

C'est peu dire. Jamais je n'aurais cru Eren capable de ça. Il est bluffant, je suis réellement impressionnée. Et même admirative.