Les ombres du passé

5. La lettre

Drago se réveilla une fois de plus en sueur, les yeux grands ouverts.
« Putain c'est quoi cette merde encore » pensa le blond en se retournant pour cacher son visage dans son oreiller.
Depuis quelques temps, le même cauchemar récurant venait sans cesse troubler son sommeil. C'était toujours le même.

Il était dans une grande salle vide, sans personne à ses côtés. Il regardait, affolé, comment se sortir de la pièce, mais celle-ci était sans issue. D'un seul coup, un tableau apparut sur un mur, ainsi qu'une chaise au milieu de la pièce. Il y fut comme propulsé. Ses poignets était attachés aux accoudoirs, comme lors de son séjour au Ministère de la Magie pour son procès, quelques semaines auparavant.

Du tableau sortie alors une ombre, une sorte de créature noire à la fumée qui s'échappait derrière. Elle pris de la hauteur, s'élevant dans la pièce, avant de descendre en flèche, transperçant le corps du jeune homme, qui ne pouvait y échapper. Il se sentait mourir, un peu plus, à chaque fois.

 Il ne comprenait pas ce que ce rêve voulait dire, encore moins pourquoi il le faisait tant de fois. Cela devenait écurant et troublant.

Drago regarda l'heure sur sa montre. 3h40 du matin. On était au beau milieu du mois d'août, il lui restait un petit peu plus de deux semaines avant de retourner à Poudlard.

Rien qu'en y pensant, le regard du Serpentard s'assombrissait et son ventre se tordait.

En réalité, il appréhendait beaucoup ce retour, comment les élèves allaient agir avec lui, et même comment lui même allait agir avec les personnes autour de lui.

Avant, Drago Malefoy était vu comme une sorte de fantasme, quelque chose d'impossible à approcher ou ressembler. Beau, intelligent, confiant. Tout le monde l'enviait et n'osait se mettre en travers de son chemin. Peut-être au fond parce qu'il était vu comme une grosse brute, mais Drago ne voulait pas adopter ce point de vue. Il le savait au fond, mais il n'était pas prêt à se l'avouer.

Il s'assit sur son lit en observant la pièce dans laquelle il se trouvait, dégouté. Il ne voulait qu'une chose, partir de cet endroit qui l'avait vu grandir, qui l'avait rendu mauvais. Son regard croisa son ancien balais, fixé à présent au mur. Aussitôt ses yeux posés sur l'objet qu'il admirait autrefois, un souvenir transperça son esprit. 

Il y a quelques années de ça, le Serpentard avait une réelle passion pour le Quidditch. Quelque chose qui lui permettait de tenir dans l'obscurité de sa vie, d'illuminer ses yeux le temps d'un instant. A vrai dire, il avait même comme projet d'aller très loin dans ce milieu, de marquer son nom dans les esprits. De faire, à son tour, rêver les petits comme lui aussi rêvait en observant ses idoles. Pour autant, son père n'avait pas la même vision des choses. Il inscrivait le Quidditch dans la catégorie des passe-temps, des gamineries et des futilités. Drago n'était en évidence à ses yeux, pas de cette catégorie là. Il estimait que son fils valait un peu mieux que ça. Il lui avait toujours fait savoir, mais le blond avait fermé les yeux, continuant de s'accrocher à son rêve.

 Le blond avait compris très tôt qu'il n'obtiendrait aucune aide de son père dans sa réussite, que ce soit en terme d'encouragement, ou de contact pour arriver à son objectif. Drago s'était donc mis à s'entrainer sans relâche,  consacrant son temps libre à s'améliorer, pour un jour, peut-être, réaliser son rêve d'enfant.

Le Serpentard venait de terminer sa cinquième année dans la célèbre école de sorcellerie qu'est Poudlard. Le mois d'août venait de pointer le bout de son nez, il faisait beau et chaud, tout allait plus ou moins pour le mieux. Le blond venait d'attraper le vif d'or, qui avait volé quelques instant plutôt dans toute la propriété des Malefoy. Il marchait à présent dans le jardin, près à rentrer prendre une douche. Des pas se firent entendre. Le beau blond se retourna pour faire face à son interlocuteur, mais il aperçut son père, le visage menaçant.