Chapitre 6 : Dénigrement.

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Edouard De Villiers, qui était retourné vers son bureau pour fouiller dans quelques papiers du domaine, se retourna vers son majordome, visiblement surpris.

— Bien sûr, Henri.

Le jeune homme se tortilla les mains avec nervosité, avançant de quelques pas pour se placer face à son seigneur.

— C'est à moi de vous en parler, car je sais que Mademoiselle Leclaircie n'osera pas...

— Que se passe-t-il, Henri ? Vous pouvez tout me dire, vous le savez, intervint sérieusement le Duc De Villiers, les bras croisés alors qu'il se rapprochait également d'Henri, le regardant en égal.

C'est à cet instant précis qu'Henri se sentit en confiance, se rappelant qu'en effet, Monsieur était bien plus qu'un simple employeur pour lui.

— Depuis l'arrivée de Mademoiselle Clarisse Dubois... Mademoiselle Leclaircie n'a cessé de couvrir ses erreurs. C'est une jeune fille... très aimable, mais tout à fait inadaptée en tant que femme de chambre. Elle ne mène à bien aucune tâche correctement et notre gouvernante doit constamment intervenir pour tout rattraper. Elle ne peut la laisser seule un instant de peur qu'elle ne fasse une nouvelle bêtise. Mademoiselle Leclaircie est débordée et peine à tout gérer, ce qui est tout simplement impossible ! Je sais que par respect pour vous et pour Madame Dubois, elle ne vous en parlera pas, de peur que vous ne remettiez en question son travail. Surtout en surveillant... en surveillant Clarisse.

Un silence s'installa, pendant lequel Henri craignit d'avoir trop parlé, d'avoir franchi une limite.

— Je... Je n'avais pas réalisé. Pauvre Mademoiselle Leclaircie... murmura Edouard De Villiers en détachant ses bras et baissant la tête avec embarras. Il posa une main sur le canapé pour s'y appuyer, tandis que l'autre reposait sur son front fatigué. Eh bien, il est clair que nous ne pouvons pas continuer ainsi avec Mademoiselle Dubois. J'irai voir Madame Dubois et je lui expliquerai la situation. J'essaierai de recommander sa petite nièce à un endroit plus adapté à ses compétences.

— Je vous remercie, Monsieur, de prendre en considération ce que je viens de vous dire, conclut Henri, soulagé de pouvoir enfin partager ce fardeau avec son employeur.

— C'est tout à fait normal, Henri. Je comprends maintenant clairement le comportement de Mademoiselle Leclaircie ces derniers temps. Elle est une femme d'un grand respect, et sa conduite a donc été irréprochable. Je vous crois sur parole, répondit le Duc d'un ton sage, satisfait de la réponse de son majordome.

Henri hocha lentement la tête, reconnaissant la sagesse des paroles de Monsieur le Duc.

— Mademoiselle Dubois était ivre, n'est-ce pas ? demanda-t-il ensuite.

— Oui, en effet. Je pense qu'elle a des problèmes... liés à cela. Je ne sais pas où elle a pu trouver l'alcool, mais...

Des coups légers à la porte interrompirent leur conversation, les amenant à se tourner tous deux vers l'entrée qui s'ouvrit pour laisser entrer Julia Leclaircie, le visage empreint d'angoisse. En la voyant, Henri ressentit un besoin irrépressible de la protéger, d'apaiser ses craintes. Le même instinct qui l'avait poussé à s'approcher de la cuisine à pas de loup, la maintenant derrière lui, lorsqu'ils y avaient entendu du bruit, pensant qu'il y avait un intrus dans l'office.

— Vous m'avez fait demander, Monsieur le Duc ? demanda-t-elle timidement en franchissant le seuil.

— Oui, entrez, Mademoiselle Leclaircie, je vous en prie, répondit le Duc.

Elle s'avança dans la pièce avec précaution, évitant le regard d'Henri. Elle se tint à ses côtés dans une posture droite, tout comme la sienne, sa magnifique robe bleue apportant une touche de couleur à la pièce aux décors luxueux mais légèrement ternes. Elle semblait capable d'illuminer tous les endroits où elle passait.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéWhere stories live. Discover now