Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1

18.7 r

Si elle l'osait. Il pouvait lui redonner espoir. Elle savait qu'il tiendrait parole. Ou peut être pas. Après tout, personne n'était maitre de sa vie. Elle choisissait de le laisser au moins une chance d'essayer. Il était déjà devenu un pilier dans sa vie, dès la première seconde.

Emmet ferma les yeux et approcha son front du sien. Il desserra sa prise doucement. La laissant décider d'accepter ou non ce contact.

— Je te sauverai, c'est promis, murmura-t-il d'une voix dure.

Lorey ferma les yeux à son tour. Elle se laissa bercer par l'illusion. La peau d'Emmet était brulante contre la sienne. La folie qui l'avait envahi de vouloir tout abandonner, de tout quitter s'était envolée.

Il ne lui restait qu'un gout acide sur le bout de la langue et la trace des sillons de ses larmes sur ses joues. Le poids de tant de vies sur ses épaules de simple mortel était un prix beaucoup trop grand. Et qu'était une vie contre des milliards ?

Il s'agissait de sa vie et pourtant elle n'avait pas son mot à dire. Oui, elle le laisserait croire qu'il pourrait la sauver. Les dieux et le destin n'avaient qu'à se faire foutre. Elle vivrait ses dernières heures comme elle le souhaitait.

Elle lâcha ses avant-bras et attrapa son visage dans un geste rude. Il leva un regard surpris sans avoir le temps de dire un mot, Lorey colla sa bouche contre la sienne dans un baiser curieusement tendre.

— Je te crois.

Elle le regarda droit dans les yeux. Ses pupilles dilatées lui disaient clairement que la chimère attendait sous la surface. Elle n'en avait rien à faire, il pouvait lui voler tout ce qu'il voulait, pourvu qu'elle puisse se sentir vivante, sur les derniers brasiers de sa vie.

Emmet n'attendit pas très longtemps avant de répondre à l'invitation. Il attrapa rudement sa nuque pour aspirer ses lèvres dans un baiser aussi profond que le gouffre d'où ils s'étaient fourrés. Il la serra contre lui de ses bras crispés, elle comprit qu'il maintenait la pression de sa chimère au loin afin de profiter de ce moment.

Une brûlure soudaine et fulgurante irradia dans son épine dorsale, remontant jusqu'à son crâne, la faisant vaciller en arrière. Son coeur s'arrêta quelques secondes tant la surprise fut cinglante. Elle hurla d'horreur, la douleur était si intense qu'elle aurait souhaité être décapitée sur-le-champ.

Son corps bascula et tomba au sol, ses yeux s'arrêtèrent sur Ekyr qui la regardait. Tous ses membres se crispèrent sous le cri de la douleur. Emmet s'affairait autour d'elle, de nombreuses voix vinrent se mêler les unes aux autres tandis qu'elle se tordait à leur pied en hurlant, les mains sur les oreilles.

Et là, elle le vu à la surface d'Ekyr.

Des choses mouvantes grossissaient à vue d'oeil. Gonflant dans l'espace à des milliers d'endroits, comme d'énormes pustules rougeâtres. La douleur s'atténua soudainement, laissant juste une trace au fer rouge dans tous ses membres. Son estomac remonta dans son oesophage.

Elle cessa de crier et les voix se turent autour d'elle tandis qu'elle reprit péniblement sa respiration.

Tork, Emmet et d'autres membres de la cité se penchèrent et l'observèrent curieusement. Lorey ne pouvait pas quitter ses yeux d'Ekyr, la lèvre tremblante, le front humide de sueur.

— L'enfer vient à nous, souffla-t-elle d'une voix faible en levant le bras, un doigt vacillant pointant la lune.

Ils levèrent tous le regard tandis que les pustules explosèrent les unes après les autres, projetant d'énormes boules de feu dans un fracas tonitruant. Des milliers de boules en fusion partaient dans toutes les directions sur la surface de la planète. Certaines volèrent au-dessus de leur tête dans un sifflement sinistre, faisant vibrer les cailloux à leurs pieds.