— Tu as mon nom et mon prénom. C'est de toute évidence déjà bien suffisant, me répond-il évasivement.

— Les gens disent que tu as été prof de tir.

— C'est vrai. Pendant quatre ans. J'enseignais à des enfants et des adolescents. J'aimais bien ce métier. J'ai toujours apprécié le contact avec les jeunes.

— Alors pourquoi avoir arrêté ? Pour t'infiltrer dans la Formation de la Troisième Congrégation ?

Larsen lâche cette deuxième flèche, qui se plante cette-fois-ci plus à droite.

— Je sais saisir les opportunités autant que toi, finit-il par répondre.

Je croise mes bras sur ma poitrine, suspicieuse.

— Donc tu n'es pas journaliste comme tu l'avais prétendu ?

Larsen laisse échapper un petit rire.

— C'est justement parce que je suis journaliste que je suis ici.

— Et, à qui vends-tu tes informations ?

— Qui te dis que je les vends a quelqu'un ?

— Des milliers de gens seraient prêts à vendre leur propre mère pour que tu leur livres toutes les faiblesses de Dimitris Silva et de la Formation.

Larsen va décrocher ses flèches sur la cible et les ramène vers là où il se plaçait pour tirer. Il récupère l'une d'entre elles et la place encore une fois sur son arc, prêt à tirer de nouveau.

— Tu penses que je travaille avec des opposants du Gouvernement ?

Je hausse les épaules, concentrée par tout ce qu'il me dit.

— A toi de me le dire.

Larsen pousse un soupir et laisse tomber sa flèche et son arc au sol avant de se retourner vers moi.

— Je travaille pour moi-même, je te l'ai déjà dit, petite fée. Je n'ai jamais rien eu contre le Gouvernement ou les Congrégations. Je pense même qu'elles sont de bonnes choses. Je suis juste un adepte de la vérité.

— Ça tu me l'as déjà dit.

Larsen hausse un sourcil, ne laissant transparaître aucune émotion. Il ne semble pas s'embrouiller dans son discours. Ce dernier paraît même cohérent. Je veux juste le tester, au cas où il aurait voulu me cacher des informations importantes.

— Alors pourquoi me le redemander ?

— Parce qu'il faut bien que je sois certaine de ta sincérité, si je vais être amenée à m'allier avec toi.

Un lueur plus vive habille alors les beaux yeux noisettes de l'Archer. Il fait quelques pas en ma direction pour se retrouver juste devant moi, et incline légèrement sa tête sur le côté, m'analysant de son regard énigmatique.

— Mademoiselle Nedelko... Que venez-vous de dire ?

— Ne me force pas à répéter Larsen. J'ai trop de fierté pour ça. Tu m'as aidé l'autre soir, quand on zonait près du bureau de Silva. Sans toi, je n'aurais sûrement pas réussi tout ce que j'ai entrepris.

Larsen se baisse et ramasse son arc et ses flèches qu'il me tend. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas son geste. J'attends qu'il me réponde, mais visiblement, il ne prévoit pas de le faire.

— Prends-les.

— Pourquoi ? Tu veux que je t'embroche ?

Larsen ne répond pas. D'un geste élégant de la main, il m'invite à prendre place devant la cible. Pendant quelques secondes je ne détache pas mes yeux de du regard mystérieux qu'il m'adresse. Mais, après un long instant de silence, j'exécute sa demande. Je brandis l'arc, fait coulisser une flèche contre la cordelette, pose deux doigt de part et d'autre, ferme un œil et lâche. La flèche se plante dans le cercle orange. Elle n'est pas au centre, mais c'est déjà pas mal.

La 3ème Congrégation Where stories live. Discover now