I.1

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— Pourquoi je ne peux pas descendre ?

— Ilona, répondit d'un ton désolé sa mère, tu connais très bien la raison. Tu sais que ce n'est pas contre toi.

N'écoutant que d'une oreille, la jeune fille observait attentivement le groupe qui s'activait pour préparer la chaloupe pour se rendre sur terre. Le brise-vague était arrivé la veille au soir aux abords du port d'Astremer de l'empire de Zhikerhoz. Aujourd'hui, quelques personnes aller descendre à terre pour se rendre aux marchés et faire quelques échanges. Il était triste de le dire, mais les échanges avec l'empire se limitait à des échanges commerciaux froids et sans valeur. Et pourtant, Ilona rêverait de faire partie de l'expédition.

Un sentiment étrange qu'elle ne connaissait pas lui enserra le cœur quand elle aperçut Juraj, un jeune homme de la mer qui vivait dans la même section qu'elle connaissait bien. Il faisait clairement partie de l'expédition et comme s'était sa première, il avait pris un soin particulier pour se préparer. Il avait revêtu une tenue traditionnelle du peuple de la mer aux couleurs du brise-vague. Ilona ne comprenait pas les émotions qui l'assaillaient, mais ne put s'empêcher de demander d'une voix pleine de tristesse :

— Pourquoi Juraj a obtenu le droit de descendre alors qu'il est plus jeune que moi et que contrairement à moi, il ne s'est pas spécialisé sur le monde terrestre ?

Sa mère la prit dans ses bras avec tendresse. Elle connaissait bien sa fille et la voir aussi triste et blessée ne lui plaisait pas. Jamais elle n'avait vu sa fille envieuse et elle comprenait bien qu'il était dur pour son enfant d'accepter la réalité. Parce que la mère savait que sa fille savait parfaitement pourquoi elle ne pouvait pas descendre. Mais qui lui faudrait du temps pour l'accepter.

— Juraj n'a pas les mêmes obligations que toi. Il faut que tu sois patiente, tu auras sûrement un jour l'occasion de descendre. Mais tu sais très bien que tu ne pourras jamais le faire sur les terres de l'empire. Bien trop d'enfant ont disparu sur ces terres...

— Ce sont des contes pour enfant ! Je le serais si vraiment des enfants avaient disparu ! Et je ne suis plus une enfant ! Je suis adulte dans moins d'un mois ! Et je ne suis pas idiote, en tant que choriste, jamais, je ne pourrais quitter la barge... Et ce n'est même pas comme si j'avais voulu le devenir !

Ilona s'éloigna rapidement, laissant sa mère la suivre tristement du regard. La jeune fille était bouleversée. Elle s'en voulait d'avoir levé la voix, elle s'en voulait de ne pas être heureuse pour Juraj qui avait la chance de faire partie de l'expédition, elle s'en voulait de paraître si immature. Et malgré sa culpabilité, elle ne pouvait pas faire taire la colère qui lui enserrait le cœur. Pourquoi avait-on décidé qu'elle serait une choriste ?

Pour le peuple de la mer, choriste était une des fonctions la plus importante de la barge. Bien que tout membre de la barge était considéré égal, s'il avait une dérogation à cette règle, c'était pour les choristes. Ils étaient les mages du peuple de la mer. C'était grâce à eux que la barge fonctionnait. Ils la faisaient avancer, ils servaient de guérisseurs magiques au besoin, ils pouvaient également voir le temps qu'il allait faire et dans les cas les plus extrêmes, ils pouvaient même maitriser les éléments en colère et apaiser les tempêtes. Leur rôle était essentiel dans la survie de la barge et pour cela, ils étaient respectés et surprotégés.

Beaucoup d'enfant de la mer rêvait de devenir choriste. Mais pas Ilona. Ilona avait toujours rêvé de devenir marchande ou négociatrice pour descendre à la rencontre d'autre peuple, ou alors chasseuse ou récolteuse pour découvrir les différents biomes sauvage du continent. Elle s'était intéressée à tous les métiers qui lui permettraient de mettre pied sur terre, ainsi choriste n'était vraiment pas ce qu'elle espérait.

Le chant d'une sirène captiveWhere stories live. Discover now