Chapitre 6 : Dénigrement.

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Le jeune homme la coupa, un sourire moqueur sur le visage.

— Respectée pour votre travail ? On ne vous respecte que parce que vous avez un titre de gouvernante, Mademoiselle Leclaircie. En réalité, vous n'êtes rien de plus qu'une employée de basse classe ici.

L'insulte toucha une corde sensible chez Julia. Elle releva la tête, le regard empreint de fureur.

— Je ne suis pas ici pour que des personnes comme vous jugent ma valeur. Mon travail parle de lui-même, et si vous ne pouvez pas le reconnaître, c'est votre problème. Je ne rends des comptes qu'à la famille, certainement pas à vous.

— Votre travail ? Vous pensez vraiment que le Duc se soucie de ce que vous faites ? Vous êtes remplaçable, Mademoiselle Leclaircie. Ne l'oubliez jamais.

La tension atteignit son apogée. Julia ne pouvait plus contenir sa fureur. S'avançant vers la majordome, elle le regarda droit dans les yeux.

— Remplaçable, dites-vous ? Essayez donc de trouver quelqu'un d'aussi compétent et déterminé que moi. Vous découvrirez rapidement que je ne suis pas facilement remplaçable.

Deveau, visiblement surpris par le cran de Julia, recula d'un pas.

— Vous n'êtes rien, Julia Leclaircie.

La jeune femme, ne pouvant plus se retenir, laissa finalement éclater sa colère.

— Écoutez-moi bien, Henri Deveau ! Je peux supporter beaucoup de choses, mais je ne tolérerai pas d'être dénigrée par un prétentieux arrogant comme vous. Je vous rappellerais une chose, Monsieur, la seule vraie différence entre vous et moi, est que vous êtes né ici. Je ne crois pas que vous fassiez parti de la famille De Villiers, ou que vous ayez un titre, n'est-ce pas ? Si vous pensez que je vais rester là à écouter vos inepties, détrompez-vous.

Elle tourna les talons, laissant visiblement le grand Henri Deveau bouche bée derrière elle. La tension flottait dans l'air, mais Julia avait décidé que dorénavant, elle ne se laisserait plus marcher sur les pieds. La confrontation ne faisait que commencer.

— Il y a des règles ici, Mademoiselle Leclaircie. Je serai sur votre dos tant que vous ne les respecterez pas.

Julia s'approcha de nouveau, le regard perçant, le silence de la nuit les enveloppant.

— Les seules règles auxquelles je me soumets sont celles que je me fixe.

— Où étiez-vous ? demanda soudainement le majordome, sa voix vacillant légèrement.

Le souffle de Julia se coupa. Elle regarda Henri Deveau, sa colère s'éteignant subitement. Elle discerna un étrange éclat dans son regard, sa poitrine se soulevant rapidement. Et si... Non... Ce n'était pas possible. Elle imaginait des choses.

— Alors, c'est ça le problème ? Toute cette dispute ? Vous vous demandiez où j'étais ? Pourquoi ne pas simplement formulez une question ?

— Je me fiche de savoir où vous étiez, mais je...

— Cela suffit, Monsieur Deveau. Soyez honnête. Pourquoi agissez-vous ainsi avec moi ?

Le cœur de Julia battait la chamade. Tout était flou et confus. La dispute n'avait ni queue ni tête, elle le savait depuis le début. C'était comme s'ils s'étaient lancés un défi : qui contrarierait le plus l'autre. Il n'y avait pas de sujet véritable, pas de querelle. C'était de la pure provocation. Et maintenant, il voulait savoir où elle était allée ? Pourquoi ? Au fond d'elle, savait-elle pourquoi ? Était-il jaloux ? Pensait-il qu'elle avait rencontré un homme pendant la nuit ? Était-ce pour cela qu'il l'avait indirectement qualifiée de femme volage ?

Elle observa la mâchoire du majordome se serrer avant de répondre :

— Je veux m'assurer... que vous ne faites rien qui pourrait nuire à la réputation de la noble maison Chantilly.

— Bien sûr, répondit Julia en hochant la tête, sa voix complètement éteinte. Bonne nuit, Monsieur Deveau.

Isolé dans l'obscurité nocturne, la seule lueur provenant du porche illuminant la cour, il ressentit le désir irrépressible de courir sans jamais s'arrêter. Une envie de s'infliger des coups de poing le traversa. La récente altercation avec la gouvernante était hors de propos, dépourvue de toute décence. Bien qu'ils aient eu de nombreuses disputes par le passé, aucune n'avait atteint un tel niveau de personnalité et d'inconvenance. Il l'avait insultée, et les remords s'emparèrent de tout son être. Il se méprisait profondément. Toujours inapte avec les femmes, il se détestait encore davantage pour cette altercation déplacée.

Toute sa colère et sa frustration semblaient se déchaîner en sa présence. En la voyant s'éclipser de la cour, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer où elle se rendait. Le regard attentif de Charles De Villiers posé sur elle et la manière dont il interagissait avec la jeune femme laissaient transparaître des sentiments évidents. Pour lui, il ne faisait aucun doute que Monsieur Charles était tombé amoureux de Mademoiselle Leclaircie. Se pouvait-il qu'elle l'ait rejoint quelque part dans la cour ? Ou pire, allait-elle à l'extérieur du château rejoindre un homme, un amant peut-être ?

Ce n'était pas la première fois qu'elle sortait en soirée. Jusqu'à présent, il n'avait rien dit, mais aujourd'hui, il avait explosé. Une nouvelle fois, il avait surpris le fils De Villiers rôdant autour de Julia, et cela l'avait rendu furieux. Inutile de nier qu'il éprouvait une admiration pour la jeune femme. Son intelligence et sa beauté le confondaient, le transformaient en quelqu'un de différent de lui-même. Il ressentait une étrange perplexité ces derniers temps. Serait-ce la tristesse qui planait sur la demeure ? L'éloignement soudain d'Elise Dupuis ? Ou bien les regards que Marianne De Villiers lui lançait... ?

Henri frissonna à cette dernière pensée.

« Bien sûr », répondit Julia en hochant la tête, sa voix complètement éteinte

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« Bien sûr », répondit Julia en hochant la tête, sa voix complètement éteinte. « Bonne nuit, Monsieur Deveau. »

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