Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1

18.4 r

À cette Énoncé, elle ressentit une immense fatigue la submerger. Comment pouvait-elle faire face à tout cela?

Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre. De minuscules cristaux s'étaient invités dans les coins, si elle se penchait, elle s'égratignerait sans doute. En contre bas, la vie de ces habitants semblait paisible, chacun vaguant à ses occupations quotidiennes. C'était déconcertant, sachant qu'une immense lune rouge menaçait chaque seconde qui s'écoulait.

Le Tic Tac de l'horloge était immuable.

— Combien de temps avons-nous ? murmura-t-elle d'une voix faible.

— J'espère suffisamment. Je ne pensais pas passer l'année de mes 11 ans. L'espoir est permis à présent.

Lorey lui fit face.

— Quel âge as-tu ?

— J'ai passé mes 10 ans depuis quelques lunes.

Lorey fronça les sourcils. Ça n'était pas précis. Surtout si ce peuple comptait le temps différemment d'elle. Elle chercha Emmet du regard afin d'avoir de l'aide, mais il n'était déjà plus là. La question resterait en suspens pour le moment, ce qui la frustrait.

Qu'est-ce qui était le mieux, savoir qu'elle perdrait la vie à une date précise ou bien dans un temps certes court, mais incertain. Tout cela la désarmait au plus profond. Ses épaules s'affaissèrent. C'était beaucoup de choses à encaisser et la défaite était facile.

Les secondes s'égrenèrent dans un silence de plomb, les muscles de son abdomen se crispèrent lentement, comme une lente agonie. Elle avait eu la présomption de croire qu'elle reverrait sa terre, sa famille, ses amis.

Le doux parfum de sa vie était encore sur sa peau, mais quelqu'un d'autre était en train de prendre sa propre place, dans son propre corps. Elle se savait quelque peu égoïste, du moins, égoïstement dans la moyenne.

À présent qu'elle prenait conscience que tous ses congénères risquaient de mourir, elle se savait incapable de revenir à ce qu'elle était. Tout cela à cause d'une décision, qu'un groupe d'hommes avait prise, il y a des milliers d'années. Elle était elle-même victime de leur propre égoïsme. Le destin qu'elle s'était fait n'était qu'une illusion, il n'y avait que la fatalité.

Elle baissa les yeux en contrebas et entrevit la silhouette d'Emmet dans l'allée principale. Les habitants qui le reconnaissaient restaient à distance ou bien se mettaient à courir en sens inverse, pris d'une folie pure.

Il ne devait pas se sentir à sa place ici. De dos et les épaules crispées, il marchait d'un pas résolu et il s'interrompit soudainement. Un frisson la parcourut le temps d'un battement et il leva la tête vers elle. L'échange ne dura que quelques secondes, mais Lorey ressentit le lien qui les unissait, maintenant qu'elle en connaissait l'origine.

Est-ce que cela leur appartenait vraiment ? Ou bien était-ce les sentiments de sa lointaine parente qui partageait son corps ?

Le caillou logé dans la nuque d'Emmet avait été porté par son propre père durant la conception du premier hybride, il fallait qu'elle se le mette profondément dans la tête et pourtant, elle l'observa s'éloigner jusqu'à devenir un petit point lointain, avec ce picotement qui ne cessait de vibrer sous son épiderme.

Elle avait conscience qu'il ne l'abandonnait pas, il partait sans doute chasser, ou faire le tour du propriétaire, afin d'éviter d'être en contact constant avec ce peuple qui le haïssait.

— La salle d'eau est prête si tu veux te purifier pour ton voyage à venir.

Lorey lui refit face, étonnée par les mots employés. Elle hocha la tête sans répondre et la suivit dans le couloir jusqu'à une grande alcôve plongée dans le noir. Talis y entra la première, toucha un cristal qui illumina faiblement les lieux. Un bassin profond trônait au milieu de la pièce.